L’est républicain du 29 août 1890
L’orage de mercredi.
Ainsi que nous l’avons dit, un violent orage a éclaté mercredi à quatre heures de l’après midi sur Nancy et sa banlieue. La pépinière et le cours Léopold ont été instantanément jonché de branches et de feuilles. En même temps la foudre tombait rue Charles III, 88, chez Monsieur Humbert et perçait une toiture. Une toiture en plomb, se détachait de chez Monsieur Wursthorn, rue des dominicains et s’abattait avec fracas dans la cour de la maison portant le nº 36 de la même rue. Aucun accident de personne n’est à déplorer.
Durant toute la soirée, le vent souffla assez vif. Toutes les routes sont jonchées de débris d’arbres. La route de Saulxures a particulièrement souffert.
Le même orage a éclaté sur Toul, mercredi à trois heures et demie do soir. Les éclairs et les coups de tonnerre se succédaient sans interruption, la pluie, tombait avec force, poussée par un vent violent, mais il n’est pas tombé de grêle. Le vent a renversé plusieurs arbres, cassé nombre de branches, et jeté bas les quelques fruits qui étaient sur les arbres. On ne s’attendait pas à cet orage, en raison de la basse température qui régnait à Toul depuis deux jours.
À la même heure, à Pont-à-Mousson, le ciel se couvrait subitement de nuages noirs, comme de l’encre, un vent violent s’éleva, la pluie commença à tomber, les gouttes étaient aussi larges que des écus de cinq francs, le tonnerre faisait un bruit étourdissant, et les coups se succédaient avec une telle rapidité que l’on aurait dit des feux de batterie. Les éclairs sillonnaient l’air. Tout à coup, le vent, souffla en tempête, abattant des cheminées, brisant des volets, arrachant ou déracinant les arbres. Sur les promenades, plusieurs branches maîtresses, de très gros arbres furent brisés comme des fétus de paille. En face de la gare, sur l’avenue devant l’usine à gaz, cinq gros arbres furent rompus à un mètre du sol.
Des toitures de maison furent en partie emportées. Sur la place Duroc, une jeune fille fut prise dans un tourbillon et lancée au milieu de la place. Les chapeaux perdus, les parapluies retournés ne se comptent plus. Les dégâts sont considérables, les jardins et les arbres fruitiers ont beaucoup souffert.
Du côté de Vandières et jusqu’à Pagny, les houblonnières sont couchées, les perches rompues ou arrachées. Dans cette dernière localité, la grêle est tombée mélangée à la pluie. Les arbres ont aussi beaucoup souffert. Les dégâts causés par cet ouragan, qui n’a pas duré plus de cinq minutes, sont énormes. La consternation est générale. Jusqu’alors, on ne signale aucun accident de personne.