Affichage des articles dont le libellé est Histoires de famille. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Histoires de famille. Afficher tous les articles

06/12/2025

Incendie criminel

Hippolyte et Constance Honorat à Vandières


L’est républicain du 13 novembre 1907.
Le feu a été mis intentionnellement à Vandières près Pont-à-Mousson, à la maison Honorat, par un ancien domestique, Félix Maxant, 50 ans, que Monsieur Honorat avait renvoyé.
Maxant avait été condamné pour vol au préjudice de M. Honorat. Il a donc voulu se venger. 
Malgré les secours apportés par les pompiers de Villers-sous-Prény et de Pagny, malgré les efforts des pompiers de Vandières, très bien dirigés par leur chef M. Pinot, on a pu sauver que le bétail. 

L’éclair de l’est du 14 novembre 1907.

Violent incendie.

Voici des détails que nous avons pu recueillir sur l’incendie de Vandières qui a éclaté dans la nuit de lundi matin et a détruit toute une ferme.

La ferme détruite était occupée par M.  Hippolyte Honorat, et appartenait à Monsieur Alphonse Boudat, de Pagny sur Moselle, tous assurés.

Le feu a été aperçu lundi soir, vers 11 heures, par Madame Hubert Rouyer qui donna aussitôt l’alarme.

Malheureusement l’immeuble était entièrement en flammes, et on constatait qu’une main criminelle avait mis le feu en trois endroits différents. Le bétail fut sauvé avec bien du mal, ainsi qu’une petite partie du matériel, tout le reste fut détruit. Les engrangements étant remplis de fourrages, l’incendie avait pris des proportions effrayantes.

Tout le monde prêtait son aide aux pompiers qui furent renforcés de ceux de Villers et Pagny. Les voisins furent préservés.

La rumeur publique accusa aussitôt un ancien domestique de M. Honorat, renvoyé après une condamnation à deux mois de prison avec sursis pour vol.

Vers 3h du matin, les cris «au secours» retentirent du côté du moulin Hubert Rouyer. C’était l’inculpé qui, rencontré au moment où il se disposait à quitter le village, était saisi à la gorge par un habitant.

Les gendarmes de Pagny, se trouvant sur les lieux du sinistre, vinent l’arrêter et lui passèrent les menottes. IlS durent le protéger contre la fureur des habitants du village qui voulaient lui faire un mauvais parti.

Cet individu, âgé d’une cinquantaine d’années, s’était introduit depuis un certain temps déjà, chez son ancien patron, où il passait les nuits sur les greniers et à son insu, ne travaillant nulle part. C’est pour se venger de ce dernier, qu’il mit le feu à la ferme. Il est soupçonné de différents vols commis dans le village, et en dernier lieu chez Monsieur Lanciaux.

Certains le prétendent un peu simple d’esprit.

Les pertes sont évaluées à 50 000 Fr. environ. 

On signale la belle conduite de monsieur Pinot, lieutenant de pompier.


Le mémorial des Vosges du 15 novembre 1907.
Un incendiaire. 
Le feu a détruit la ferme de M.  Honorat, cultivateur à Vandières. On a eu à peine le temps de sortir des écuries les chevaux et le bétail. Alors qu’on organisait le sauvetage, un des domestique de la ferme, nommé Thomas, remarquait les allures louches d’un de ses anciens camarades nommé Maxant, qui avaient été renvoyé de la ferme Honorat et condamné pour vol. Il avait déclaré à plusieurs personnes qu’il se vengerait. Il a avoué avoir mis le feu aux quatre coins de la ferme pour assouvir sa haine.
La gendarmerie a dû protéger le misérable contre la fureur de la foule.


Hippolyte Honorat est né le 13 mai 1863 à Vandières. 

Il est le dernier des quatre fils d’Antoine Honorat. (Voir histoire de famille dans le numéro de Nos Villages Lorrains consacré la famille Honorat). 

Il s’est marié avec Marguerite Constance Guillaume veuve de Nicolas Drapier en 1892. 

En 1907, la famille Honorat habite rue Magot (actuelle rue Saint Jean). 


Les vols chez monsieur Lanciaux se limitaient à du beurre du fromage du pain, etc.. pour un préjudice de 10 francs.  



La petite république du 13 novembre 1907. 
La vengeance d’un condamné.
Monsieur Honorat, cultivateur à Vandières, s’apercevait, il y a quelques temps, qu’il était victime de vols multiples. Une surveillance établie amena l’arrestation d’un de ses anciens domestiques, Félix Maxant, âgé de 50 ans. Traduit devant le tribunal correctionnel, Maxant fut condamné à quelques jours de prison.
À peine sorti de la maison d’arrêt, ils se rendit  à Vandières et mettait le feu à l’habitation de son ancien patron. On eu à peine le temps de sauver les chevaux et le bétail. Maxant a été arrêté la même nuit par un domestique de culture, Monsieur Thomas. Amené devant le maire de Vandières, il reconnu être l’auteur de ce forfait et déclara qu’il avait voulu se venger.
Au moment où les gendarmes, le conduisait au parquet de Nancy, une vingtaine de personnes se jetèrent sur lui et les représentants de autorité eurent toutes les peines du monde pour empêcher qu’il ne fût lynché


Félix benjamin Maxant est né le 13 septembre 1860 à Maidières. Il est le fils de François Maxant, maréchal ferrant et Thérèse Eléonore Chardar. 
En 1906, il est domestique agricole chez Alphonse Poirot et Eugénie Wagmann son épouse,  chemin des moulins à Vilcey sur Trey. 
Le 13 octobre 1907, il s’introduit chez Honorat, son ancien patron et vole trois bouteilles de vin. 
Le 18 octobre, il est arrêté pour vol et vagabondage et condamné à deux mois de prison
Pour se venger, il décide de mettre le feu à la ferme Honorat. 
En novembre de la même année, il avoue être l’auteur des vols commis chez Mr Lanciaux habitant rue nationale à Vandières. 
Il est arrêté par un domestique de honorat nommé Thomas puis conduit en prison par la gendarmerie de Pagny 
Félix benjamin Maxant est mort le 28 juin 1919 à l’hôpital d’aliénés de Maréville (Laxou) à l’âge de 58 ans. 

Maréville entrée de l'hôpital



Notre village détruit 4






  • Cette maison se situait à l’angle de la rue de Pagny-sur-Moselle (rue Charles de Gaulle) et de la rue Saint Pierre et Raugraff.
  • Elle était occupée par Nicolas François Boucher (1850-1895) cultivateur, Victorine Valérie Person (1856-1907)  son épouse et leurs trois enfants. À la mort de Nicolas François, sa veuve s’est remariée avec Justin Methlin (1861-1924), employé de la compagnie de chemin de fer de l’est. À la veille de la guerre, Justin y habite seul. Après la guerre il habite rue de l’église jusqu’à sa mort. 
  • Elle n’a jamais été reconstruite.
  • Aujourd’hui on la trouverait à droite du Nº89 de la rue Charles de Gaulle.

29/11/2025

Notre village détruit 3


       




  • Cette maison se situait rue de Pagny-sur-Moselle (rue Charles de Gaulle) le long du Trey.  
  • Elle était occupée par Henri Jean Staub, cafetier, son épouse Émelie Thiébaut et leur fils René Marcel. 
  • Elle a été reconstruite après la guerre dans un style très moderne. 
  • Aujourd’hui on la trouve au Nº46 de la rue Charles de Gaulle. Tout le monde reconnaîtra l’auberge des voyageurs. 

22/11/2025

Une carte du front

Le 28 avril 1915, R. Chollet envoyait cette carte représentant Vandières à mademoiselle Alba Nony, aux Brunetières par Jarnac en Charente. 

Coté photographie il fait part de la nostalgie de sa région par cette phrase "tous ces pays ne valent pas notre belle contrée"



Coté texte il écrit à sa chère Alba, "c’est des tranchées que je vous envoie ces quelques mots. Je vous promet que je trouve les jours long de rester coucher dans la tranchée toute la journée. Bonjour à toute la famille. Votre ami qui vous aime et qui ne vous oublie pas. 

Roger Augustin Chollet est né le 24 février 1890 au village de Fragonnières, commune de Gondeville (Charente). 

En 1901, toute la famille Chollet habite à Tilloux, écart de Bourg-Charente (Charente). Ils sont propriétaires cultivateurs. 
Ses grands-parents, François Chollet et Rose Chenaud. 
Ses parents, Augustin Chollet et Marie Andraud. 
Son jeune frère, André Marius.  
Il effectue son service militaire à partir d’octobre 1911 au 30ème régiment de chasseurs à pied. 
Malgré une réforme temporaire pour pleurésie, il est rappelé par ordre de mobilisation générale et rejoint le 107ème régiment d’infanterie le 3 août 1914. 

107ème régiment d’infanterie


Lorsqu’il écrit cette carte, son régiment se trouve dans le secteur de Martincourt / Fey-en-Haye depuis le début du mois. 
Il participe à l’attaque des tranchées allemandes à Regniéville des 6 et 7 avril. Malgré une préparation d’artillerie, les français n’arrivent pas à traverser les lignes de barbelés ennemies. 
Bilan 28 morts et plus de 170 blessés. 
Le 24 avril, il assiste à  Griscourt, à l’exécution des soldats Antoine Voisin du 63ème et Julien Arthur Cornuwaël du 107ème pour refus d’obéissance. 
"Ordre du régiment numéro 107. Condamnation. Dans sa séance du 28 mars 1915, le conseil de guerre de la 23ème DI a rendu le jugement suivant : soldat Cornuwaël Julien Arthur, du 107ème d’infanterie, coupable de refus d’obéissance lorsqu’il était commandé pour marcher contre l’ennemi, condamné à la peine de mort avec des gradation militaires. Le dit jugement prononçant la peine de mort contre le soldat Cornuwaël a été exécuté le 24 avril 1915 à 16h"

Roger Augustin Chollet est tué à l’ennemi le 25 septembre 1915 à  Écurie (Pas-de-Calais) lors de la bataille du secteur du labyrinthe situé entre Neuville-Saint-Vaast et Écurie. 
Depuis plusieurs jours, des travaux de nuit étaient exécutés dans les tranchées en vue de l’attaque du 25 septembre. L’assaut est effectué en quatre vagues successives à partir de 12h25. 
Pertes du 107ème pour le 25 septembre : 160 tués, 290 blessés et 25 disparus. 
Son corps repose dansle caveau familial au cimetière de Bourg-Charente.



Alba Antoinette Nony, avec qui il avait espoir de se marier avant cette maudite guerre, habite avec ses parents, Antoine Nony et Léontine Brun, à Foussignac quartier Les Brunetières (Charente). 
Elle est née à Bréville le 24 avril 1897.
Elle se mariera en juillet 1919 avec Gaëtan Christian Beau, ancien combattant. 
Elle meurt le 1er avril 1975 à Foussignac (Charente). 


Notre village détruit 2









  • Cette maison se situait à l’intersection de la rue de Pont-à-Mousson (rue Charles de Gaulle) et de la rue de la gare (rue du port).  
  • Elle était occupée par Célestin Colin, industriel à la retraite, son épouse Marie Anne Ismérie Macarez et leur fils Adolphe. 
  • Elle a été reconstruite après la guerre de façon identique. 
  • Aujourd’hui on la trouve au Nº47 de la rue Charles de Gaulle. 




Si vous avez de plus amples informations concernant cette maison n’hésitez pas à me contacter. 








15/11/2025

Notre village détruit 1







  • Cette maison se situait à l’intersection du faubourg du moulin (rue du moulin), du chemin de piémont (rue de piémont) et de la rue Magot (rue Saint Jean).  
  • Elle était occupée par une famille non déterminée à ce jour. Au recensement de 1911, la première maison de la rue est occupée par Charles Philippe, sa femme et leur fils. 
  • Elle n’a pas été reconstruite après la guerre. 
  • Aujourd’hui on la trouverait au Nº1de la rue du moulin. 

Si vous avez de plus amples informations concernant cette maison n’hésitez pas à me contacter. 









11/11/2025

Ce jour là, Il y a 107 ans

Monument aux morts de Vandières 



Nos ancêtres honoraient celles et ceux qui, pendant 4 ans ont donné leur jeunesse, leur courage et leur vie pour défendre notre pays. 
En ce 11 novembre, jour de mémoire et de souvenir,  j’ai voulu rappeler leurs noms en détaillant  sur une carte les lieux de décès des combattants figurant sur le monument aux morts. 


La Grande Guerre a marqué nos terres et nos familles de blessures profondes, mais aussi d’un héritage de bravoure et de solidarité. Derrière chaque nom gravé sur un monument, il y a une histoire, une vie interrompue, un sacrifice qui nous oblige à ne jamais oublier.

Leur mémoire vit à travers nous, et leur message résonne encore : la paix est précieuse, et elle se construit chaque jour.

En nous souvenant, nous affirmons notre volonté de transmettre aux générations futures le respect de la liberté, de la fraternité et de la dignité humaine.

J’ai compilé toutes les informations concernant les combattants morts pour la France dans un tableau que je mets à la disposition de tous. 

Les deux premiers sont tombés lors de la bataille de Morhange, le 19 août 1914. ( voir les disparus de Morhange publié le 1er novembre 2024 sur ce blog)

Le troisième est Alfred Auguste Ardaillon, sergent du 2ème régiment de tirailleurs algériens, parti d’Oran le 5 août et tué a l’ennemi le 24 août 1914 à Florennes ( Belgique). Je suis en relation avec un descendant de la famille Ardaillon en vue de l’écriture d’un article pour Nos Villages Lorrains. 

Le quatrième est Marie Lucien Fernand Belin, chef de bataillon, est tué le 25 août 1914 à la tête de ses hommes dans le bois de Crévic (Voir NVL Nº167).


42 autres combattants tomberont sur les champs de bataille ou dans les hôpitaux, victimes de ces orages de métaux ou de gaz.

N’oublions pas ceux qui sont venus de toute la France pour défendre notre village lors des premiers jours du conflit et les centaines de soldats de l’American Expeditionary Force qui ont dévalé la côte de Norroy sous le feu de l’ennemi le 15 septembre 1918.














04/10/2025

Probité

 

Caserne des douanes à Chambley


Le progrès de l’est du 9 décembre 1885. 

Le jeune Jules Schalbart, de Vandières, qui suit les cours de Monsieur JeanPierre, instituteur à Pont-à-Mousson, à trouver samedi dernier, sur la place Duroc de Pont-à-Mousson, un porte-monnaie contenant 15,60 Fr.. Ce jeune garçon est allé spontanément et immédiatement le porter au commissaire de police de la ville. Il est âgé de 11 ans.


Jules Pierre Schalbart est né le 17 février 1875 à Chambley où son père, Pierre est préposé aux douanes. 
Pierre Schalbart est né en 1844 à Roussy-le-Village en Moselle. Il choisit la nationalité française en 1872 et s’installe à Pont-à-Mousson. 
Il s’y marie l’année suivante avec Marie Anne Lironville. Elle est née à Pont-à-Mousson le 4 août 1846. 
En 1885, Marie Anne Lironville habite avec son fils rue de Pagny à Vandières.
Jean Baptiste Lironville son père, veuf depuis 1870, habite avec eux. 

Pierre Schalbart est absent du domicile conjugal pour une raison très inhabituelle. 
Par jugement en date du 11 décembre 1895, le tribunal de première instance de Nancy a ordonné une enquête à l’effet de constater l’absence d’une nommé Pierre Chalbart, époux de Anne-Marie Lironville, autrefois ouvrier d’usine à Pont-à-Mousson, lequel a quitté cette ville en 1882, se rendant en Amérique, où il s’installait d’abord à providence (état de Rhode Island) , qu’il quitta en 1884 pour se rendre à Panama. 
Schalbart n’a plus donné de ses nouvelles depuis juin 1884, et depuis cette époque on n’a pu découvrir le lieu de sa résidence.

Jules Pierre Schalbart deviens ingénieur et habitera Paris. 
Il meurt au Perreux-sur-Marne en 1953. 

29/09/2025

Les martyrs de Vandières 6 - Inauguration du monument


Le télégramme des Vosges du 13 octobre 1930. 

M.  Louis Marin  préside une émouvante cérémonie à Bayonville.
L’inauguration du monument élevé à la mémoire de M. l’abbé Mamias et des cinq habitants de Vandières et de Villers-sous-Prény que les Allemands fusillèrent en 1914. 

Aujourd’hui 12 octobre a eu lieu, à Bayonville, sous la présidence de M. Louis Marin, ancien ministre, député de Nancy, l’inauguration d’un monument élevé à la mémoire des six victimes civiles de Vandières et Villers-sous-Prény, sauvagement fusillées et massacrées par les Allemands le 29 septembre 1914, sur la route de Bayonville à Arnaville. 
Un temps gris et une pluie line et persistante semblaient s’être mis à l’unisson des cœurs étreints d’une douloureuse émotion à l’évocation du drame atroce qui se déroula, il y a seize ans, dans cette riante et paisible vallée du Rapt de Mad, sous un boqueteau de peupliers, formaient une auréole de gloire à la simple stèle. 
La cérémonie religieuse.  
A 10 heures, dans l’église  bondée de fidèles, M. l’abbé Georgin, parent de M. l’abbé Mamias, curé de Vandières, qui fut une des victimes de cette criminelle tragédie, célébra une messe de Requiem. 
II était assisté de M. le chanoine Sêgault, aumônier de la Visitation, ancien professeur au petit séminaire de 
Pont-a-Mousson, et collègue de l’abbé Mamias, et du Révérend père Jacques, missionnaire en Indo-Chine. 
Aux premiers rangs de l’assistance, nous avons noté la présence de MM. Louis Marin ; Lemoine, maire de 
Bayonville, entouré de son conseil municipal ; Quenette, maire de Vandières, et les conseillers de cette commune ; Grandcolas, conseiller d’arrondissement du canton de Thiaucourt : Lanno, conseiller d’arrondissement, du canton de Pont-à-Mousson ; Moitrier, ancien maire de Bayonville pendant la guerre ; Léquy, maire de Bouillonville, et Heymonnet, adjoint au maire de Villers-sous-Prény.  
Cérémonie profondément émouvante dans sa simplicité ; la messe se déroula au milieu de l’émotion générale, accentuée par la beauté des chants liturgiques, qu’exécuta à plusieurs, voix la chorale des jeunes filles, de Bayonville, sous la direction de M. l'abbé Noblemaire, curé de la paroisse, grand mutilé de guerre. 
Le sermon 
Le  sermon fut prononcé par M. le chanoine Ségault. Avec, une émotion que partageaient tous ceux qui, dans la petite église, étaient venus prier pour les martyrs de la tragique journée de septembre 1914, M. l'abbé Ségault retraça le calvaire des six malheureuses victimes. 
Le 29 septembre 1915, sur la route d’Arnaville à Bayonville, s’avançait une charrette paysanne, escortée de soldats allemands. Sur cette charrette  se trouvaient six hommes : l’abbé Mamias, curé de Vandières, deux hommes d’âge mûr, M. Durand et M. Fayon ; trois jeunes  gens, dont l’un avait à peine quinze ans. 
Arrivés la veille au soir, ils avaient passé la nuit dans une salle de patronage à Pagny-sur-Moselle. 
Que se passa-t-il pendant cette nuit ? Nul ne le sait. Ce qui est certain, c’est que les prisonniers ne furent pas traduits devant un conseil de guerre. 
Nuit sinistre, interminable, où les captifs ne pouvaient dormir, mais voyaient passer dans les ombres, glissant sur les murs... des visions d’épouvante ! Pourtant à ces malheureux la providence avait ménagé une consolation et un réconfort dans la présence d’un prêtre. Nous savons que l’abbé Mamias demanda un banc pour ses compagnons et que lui-même se promena de long en large, en égrenant son chapelet. Nous pouvons supposer que, pendant les longues heures d'insomnie,  le prêtre  sut tirer de son cœur des paroles assez tendres et assez fortes pour encourager ses compagnons, les préparer aux pires extrémités, et faire descendre en eux le pardon divin qui ouvre le ciel. 
Ils pouvaient donc être prêts à toute épreuve. De fait, en traversant Arnaville, à cette question qui lui était posée : « Où allez vous donc ? ». l’abbé Mamies répondit, en  levant les mains au ciel  « Dieu seul le sait ! » 
Calme et recueilli, le prêtre priait avec son bréviaire, comme il l’eût fait dans sa stalle à l'église. 
A quelque distance d’Arnaville, la voiture s’arrêta. Les prisonniers durent faire à pied quelques centaines 
de mètres. Personne sur ta route ni dans les environs, car les allemands avaient écarté tout témoin. Tout à coup, ils se trouvèrent en présence d’un détachement en armes. A cette vue, ils comprirent que c’était la mort sous les balles. 
Les enfants, qui n’avaient pas vingt ans, se débattirent contre le sort cruel et tentèrent de fuir. Empoignés et garrottés, ils n’eurent plus que leurs cris perçants pour exprimer leur douleur. Et si les échos de vos collines ne redisent plus cette plainte, soyez sûrs que dans la mémoire des bourreaux, ce cri retentit toujours, tandis qu’apparaissent les faces  convulsées de ces enfants et leurs jeunes corps étendus dans une mare de sang. 
Que se passa-t-il encore ! Nous ne le savons pas. Sans doute le prêtre donna une dernière absolution, embrassa ses compagnons, et offrit le sacrifice de sa vie pour sa paroisse et pour la France. Alla-t-il plus loin ? Protesta-t-il de  l’innocence de ses compagnons et, en faisant appel à la justice divine, donna-t-il à ces officiers allemands un solennel avertissement ?
C’est possible, peut-être même est-ce probable, car l’abbé Mamias tomba le premier et fut achevé à coups de crosse et à coups de pied. Quand on déterra les cadavres, ont trouva son crâne fracassé et ses membres brisés, tandis que les corps de ses compagnons étaient intacts. 

Les soldats creusèrent une fosse pour enfouir ces cadavres. Surpris par le passage d’une troupe d'artillerie, ils se cachèrent, honteux de leur travail. Restés seuls, ils achevèrent leur sinistre besogne.  

Pendant quatre ans, la terre qui recouvrait ces morts garda son secret. Mais des images pieuses échappées du bréviaire de M. Mamias et tachées de sang, le témoignage d’un jeune homme qui, caché dans un arbre, avait suivi de loin, ce drame sanglant, les aveux d’officiers allemands, attristés et indignés de ce massacre inutile, vinrent porter jusqu’en France et jusqu’aux extrémités du monde la nouvelle de ce forfait allemand. 

Forfait abominable, ajouté à tant d’autres, commis en Lorraine, en France, en Belgique ! Rien que dans notre département, treize prêtres fusillés, quarante civils tués à Gerbéviller, quatre-vingts civils brûlés ou égorgés à Nomeny. Ici, le crime était encore plu évident. Ce n’est pas dans la fureur de la bataille, que ces innocents ont été massacrés, c’est après une décision froidement méditée, prise sans enquête, sans jugement. Crime stupide et insensé qui mêlait dans la même tuerie des jeunes gens et des hommes âgés. 
Crime deux fois sacrilège qui osait fusiller un prêtre et piétiner son front et ses mains consacrées par l’onction sainte ! 
Faut il accuser de ce crime le major Von Kayser, qui, un mois auparavant, faisait déjà fusiller, à Jarny un prêtre d’une haute intelligence et d’une magnifique culture littéraire et scientifique, l’abbé Vouaux, agrégé de l’université et professeur de rhétorique au collège de la Malgrange ? Faut il l’imputer au grand état-major allemand, qui avait donné l’ordre de terroriser les populations et de rendre la guerre plus violente, afin qu’elle fut plus courte ? Peu importe. Ce crime pèse sur toute l’Allemagne et, si les coupables ont pu échapper à la justice humaine et se dérober aux sanctions prévues par le traité de Versailles, il n’échapperont pas à la justice divine.  Dieu qui a vengé Abel saura venger nos martyrs. 
M. le chanoine Ségault montre ensuite quelle grande leçon nous ont donnée ces héros avant de mourir. Leçon de courage, d’union et de foi chrétienne. « Nous nous souviendrons de cette histoire, dit-il encore, et nous profiterons de ces nobles exemples. Nous continuerons le patriotisme de ces Français et les vertus de ces Lorrains.
Après ce sermon qui a touché aux larmes tous les assistants, M. le chanoines Ségault donne l’absoute. 

La cérémonie d’inauguration.  
A midi, un déjeuner fut servi, sous la présidence de M. Louis Marin, au café du Château. 
Un cortège se forma ensuite devant la mairie, pour se rendre jusqu’au monument, situé a quinze cents mètre environ de Bayonville, sur la route d’Arnaville. 
En plus des personnalités déjà citées notons encore la présence de M. le conseiller de préfecture Gourguechon, représentant M. Magie, préfet de Meurthe-et-Moselle, le commandant Durand, représentant le Souvenir Français. M. Humbert, maire d’Arnaville, M. l’abbé Munier, curé de Vandières, une importante délégation des Jeunesse Patriotes de Norroy et des commune environnantes entourant M. de Pomméry, secrétaire général des J.P., ainsi que des délégations d’anciens combattants de Pagny-sur-Moselle, Vandières, Villers-sous-Prény,Bayonville et Arnaville. 
A travers les rues de la commune qui avaient reçu une délicate décoration de drapeaux et de verdure, le cortège se mit en marche ayant à sa tête la compagnie des sapeurs-pompier, sous la direction du sous-lieutenant M. Boucher. 
Lorsque les personnalités officielles arrivèrent devant le monument, un foule imposante venue de tous les villages voisins s’était déjà rassemblée autour de la stèle qui se dresse émouvante dans sa simplicité portent cette inscription : 
A la mémoire des habitants de Vandières et de Villers-sous-Prény, massacrés ici par les allemands le 29 septembre 1916. 

Passant, souviens-toi et médite. 


Là, sous la pluie qui tombe lourde, sous un ciel bas et gris d’automne les divers orateurs vont rappeler en termes émus la mémoire des six victimes de la barbarie allemande : 

MM. l’abbé Mamias, 48 ans, curé de Vandières ; François Durand, 59 ans; Henri Fayon, 64 ans ; Poussardin Eugène, 20 ans ; Péquillat Marcel, 19 ans, tous les cinq de Vandières, et Dozard Georges, 15 ans, de Villers sous-Prény. 


Une Lettre De MGR Jérôme 


M. l’abbé Noblemaire bénit le monument et donne lecture d’une lettre de Mgr Jérôme, vicaire capitulaire de 

Nancy, qui écrit notamment : 

C’est une sainte pensée, que tous ont eue d’élever à ces glorieux morts le monument que vous allez bénir. Je les félicite. Ce monument rappellera des jours douloureux, mais aussi il évoquera en la personne du cher curé d e Vandières, qui fut si cruellement et si odieusement frappé, là, entre Bayonville et Arnaville, à la tête de ses paroissiens, la figure du bon Pasteur qui a donné sa vie pour ses brebis et avec ses brebis. 

J’ai voulu relire les pages si émouvantes que lui consacre notre livre d’or. J'ai voulu, un instant, revivre avec vous ces heures angoissantes des mois d’août et septembre 1914, et gravir à nouveau  à la suite du cher 

curé, le calvaire qui devait le mener à la dernière immolation, au suprême sacrifice. Ce fut le sacrifice, ce fut 

l’immolation du bon pasteur. Bon pasteur, certes, il l’avait été toute sa vie, il le fut surtout, il le fut jusqu’à l’effusion du sang, en ces jours douloureux, partageant les souffrances de ses paroissiens, multipliant les démarches qui pouvaient adoucir leur sort ou écarter les dangers qui les menaçaient, les défendant contre les vexations d’un ennemi pour qui la guerre justifiait toutes les rigueurs et les pires cruautés. Et comment n’être pas ému jusqu’aux larmes à la lecture des dispositions dernières que quelques jours avant sa mort, sous le regard de Dieu, il consignait dans son journal. Le 11 août 1914, à 1’approche des premières menaces, il avait écrit : « Seigneur, s’il faut être victime et si vous me jugez digne de tant d'honneur, je fais 

volontiers le sacrifice de ma vie pour ma chère patrie. C’était le calvaire qui commençait. Il se continua au cours des semaines qui suivirent. Le danger s’aggravait chaque jour. Le bon curé ne se faisait plus guère d’illusion, et, généreusement, il renouvelait son sacrifice : « Sainte Vierge Marie, écrivait-il encore, recevez 

votre prêtre qui vous supplie humblement de lui venir, en aide; bénissez mes paroissiens pour lesquels j’offre 

mes souffrances, ma dernière agonie et ma mort. Le mois de septembre se passe dans l’attente. Le 29, l’immolation était consommée, et vraiment, dans toute la réalité de l’expression, le bon pasteur avait donné sa vie pour son troupeau, et dans des circonstances telles que la seule lecture du récit qui nous retrace ce douloureux martyre fait encore passer dans nos âmes je ne sais quel frémissement d’indignation et d'horreur. 

Oh ! oui. monsieur le curé, une fois encore je remercié avec vous les paroissiens de Vandières et de Bayon- 

ville, d'avoir voulu, par ce monument que leur piété émue élève à la mémoire de ces glorieuses et saintes victimes, rappeler aux générations futures le souvenir de ces jours tragiques, que nous, qui les avons vécus, qui les avons soufferts, ne saurions oublier. 

Certes, ce n’est pas un sentiment de haine qui anime nos cœurs, en ce moment. Nous pardonnons, comme 

Jésus pardonnait sur la Croix ; nous pardonnons, comme pardonnait notre cher abbé Mamias à ceux qui se faisaient ses bourreaux et les bourreaux de ses paroissiens. Nous pardonnons, mais nous ne pouvons pas ne pas nous souvenir. Et nous devons à la mémoire de nos chers morts, à la mémoire des ouailles, à la mémoire tout particulièrement du pasteur. L’hommage de notre affection, de notre reconnaissance, de notre prière. Belle, très belle et très bien remplie avait été la trop courte vie de M. l’abbé Mamias. 

Plus admirable fut sa mort, mort affreuse, mais si chrétiennement acceptée si sacerdotalement offerte pour sa paroisse et pour la France. 


Discours De M. Lemoine, maire de Bayonville 
Il y a seize ans, le 29 septembre 1914, se déroulait ici une des plus horribles tragédies de la grande guerre. 
Six personnes, cinq habitant Vandières, un enfant de Villers-Prény, étaient massacrés sans jugement, par les allemands. Cet endroit un peu sauvage, un peu caché étant bien choisi par les boches pour assassiner ces malheureux. car ce fût un véritable assassinat, qui fut commis sur des êtres innocents et sans défense. Ils ont essayé de les faire disparaître après les avoir horriblement mutilés, et ces martyrs ont eu une agonie effrayante. 
Malgré leurs précautions, quelques témoins ont assisté à ce drame. Quelques jeunes gens de Bayonville qui 
cueillaient des fruits ont entendu, derrière ces saules, les cris des jeunes gens (trois n’avaient pas 20 ans) demandant grâce, implorant la pitié de leur bourreaux, mais ce fut en vain. On chercherait en vain un motif même futile qui put expliquer cet horrible forfait. 
L’abbé Mamias, prêtre de haute valeur, ne pouvait que gêner par sa présence, par sa franchise, l’exaction, les vols que les officiers allemands s'apprêtaient à commettre dans le village de Vandières. 
Fayon, Durand, propriétaires bien tranquilles, vivaient la vie laborieuse et calme de nos villages et ne pouvaient être aucune menace pour l’armée ennemie. Que dire des malheureux enfants Poussardin, Péquillat, pupilles de l’Assistance publique, ne connaissant pas les douceurs de la vie de famille et pourtant heureux de vivre, car à 20 ans, la vie paraît belle. Dozart, âgé de 15 ans, entrant à peine dans la vie et déjà appelé à tomber victime de la barbarie allemande. Cela paraît tellement hors de nature que l'on se serait cru reporté à 1500 ans en arrière, alors que les Huns envahissaient notre pays, brûlant les villages et massacrant sans pitié les habitants La même horde inique, venue de moins loin, mais aussi du Levant, a envahi notre France, voulant l’exterminer et la vaincre par la terreur. 
Le reitre allemand Von Kayser, qui a ordonne ce lâche assassinat et le massacre de Jarny, véritable descendant d’Attila, croyait sans doute faire trembler les habitants de nos pauvres villages envahis. Mais il ne connaissait guère le courage indomptable des Lorrains, peuple prédestiné, qui a subi de tout temps l'assaut des invasions barbares. Sous le joug allemand et la terreur, ils ont peut-être courbé le front mais ils gardaient au cœur l'espérance de la victoire. Ils ont accepté la tristesse de l’occupation, les souffrances, la déportation même, avec toujours le même foi vive dans la destinée du pays. Bayonville sans doute a frémi d’inquiétude et pleuré amèrement quand de malheureuses petites victimes civiles sont venues s’ajouter à celles dont nous honorons aujourd'hui la mémoire, mais son attitude et son courage ont été dignes devant l’ennemi. Cette grande vertu de confiance et de courage nous est toujours nécessaire, alors que le vent d’est nous apporte parfois le cliquetis alarmant des casques d’acier. Souvenons-nous toujours de nos chers disparus, gardons leur exemple et soyons persuadés que leur sacrifice n’a pas été inutile, car il nous a délivré du joug des barbares. » 


M. Quenette, maire de Vandières, apporte à son tour son hommage et celui des habitants de sa commune à la mémoire de leurs malheureux concitoyens tombés victimes de la barbarie allemande. 

Il remercie M. Lemoine, maire de Bayonville, à qui est due l’initiative du monument qu’on inaugure aujourd’hui. Il remercie M. Marin qui a bien voulu par sa présence; rehausser l’éclat de cette cérémonie, et affirme que la population de Vandières entretiendra et vénérera le monument, qui lui servira de symbole pour inculquer à ses enfants le culte du souvenir. 


M. Moissette s’incline au nom des anciens combattants de Pagny-Vandières  devant la souvenir de ceux qui furent d’innocentes victimes. 


Puis M. Lanno et M. Grandcolas , conseillers d'arrondissement des cantons de Pont-à-Mousson et de Thiaucourt saluent respectueusement les victimes de l’attentat dont on commémore le douloureux souvenir. 


M. le commandant Durand, remplaçant M. le colonel Hareng au nom du Souvenir Français, s'incline devant le monument  et affirme que le souvenir des héros tombés là restera vivant dans le cœur de toutes les populations lorraine et française. 


Attentivement, on pourrait presque dire religieusement écouté par cette foule qui participé vraiment de toute son âme à la cérémonie, M. Louis Marin montre quel réconfort apportent ces manifestations du souvenir. Les parents et amis des victimes peuvent se dire que quand celles-ci sont tombées c’est à eux qu’allait leur pensée. 

L'endroit où ces victimes ont été frappées est désormais sacré. Là où le sang des martyrs a coulé, leur âme revient pour insuffler sa foi aux vivants. Si elle revient, l’âme des martyrs dont on commémore le sacrifice, pourra se dire que leur immolation n’a pas été inutile, qu’elle a servi le pays. 

Quand on connaîtra dans le monde entier, car on ne les connaît pas encore, tous ces innombrables massacres qui se sont passés dans les pays envahis, quand on les connaîtra bien, la guerre paraîtra encore plus repoussante. 

On a parlé de « crimes soldatesques » ; c’est inexact. Partout les armées allemandes opérèrent de la même façon. C'était l'Invasion s’accompagnant de la terreur systématiquement organisée pour affaiblir le moral de la population. Tous les principes furent piétinés, on ne respecta même pas les signatures données quelques années avant la guerre, à La Haye, l’Allemagne prenait les engagements les plus formels ; qu’en a-t-elle fait ? Qu’a-t-elle fait des traités considérés par elle comme des chiffons de papier ?
M. Louis Marin montre quelle gravité représente pour l’avenir, cette démonstration que les traités les plus solennels peuvent être impunément violés. 
Si nous voulons que des événements comme ceux-ci ne se reproduisent plus, il faut en entretenir le souvenir dans la mémoire des vivants. Il faut que des monuments comme celui-ci s’élèvent le long des routes pour que, toujours, on se rappelle ceux qui ont vu les choses dans leur horreur et qui en ont souffert. 
En Lorraine plus qu’ailleurs, nous devons nous en souvenir. La France peut quelquefois s’endormir, la Lorraine doit veiller, car elle est à juste titre, considérée comme le symbole de la fidélité à la patrie comme elle symbolise si justement la fidélité au souvenir des morts. 
M. le conseiller de préfecture Gourguechon, en l’absence de M. le prélat empêché, parle ensuite et dit son 
admiration pour les martyrs dont le souvenir doit toujours être présent à notre mémoire, et qui doivent nous servir d’exemple continuel de dévouement à la Patrie. 
Cette touchante et triste cérémonie prend fin après que M. Fayon, fils d’une des victimes a adressé ses remerciements émus à tous ceux qui ont permis par leurs efforts, l’érection de ce monument qui entretiendra le culte du souvenir chez tous ceux qui ont survécu à la guerre et dans les générations futures.