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11/11/2025

Ce jour là, Il y a 107 ans

Monument aux morts de Vandières 



Nos ancêtres honoraient celles et ceux qui, pendant 4 ans ont donné leur jeunesse, leur courage et leur vie pour défendre notre pays. 
En ce 11 novembre, jour de mémoire et de souvenir,  j’ai voulu rappeler leurs noms en détaillant  sur une carte les lieux de décès des combattants figurant sur le monument aux morts. 


La Grande Guerre a marqué nos terres et nos familles de blessures profondes, mais aussi d’un héritage de bravoure et de solidarité. Derrière chaque nom gravé sur un monument, il y a une histoire, une vie interrompue, un sacrifice qui nous oblige à ne jamais oublier.

Leur mémoire vit à travers nous, et leur message résonne encore : la paix est précieuse, et elle se construit chaque jour.

En nous souvenant, nous affirmons notre volonté de transmettre aux générations futures le respect de la liberté, de la fraternité et de la dignité humaine.

J’ai compilé toutes les informations concernant les combattants morts pour la France dans un tableau que je mets à la disposition de tous. 

Les deux premiers sont tombés lors de la bataille de Morhange, le 19 août 1914. ( voir les disparus de Morhange publié le 1er novembre 2024 sur ce blog)

Le troisième est Alfred Auguste Ardaillon, sergent du 2ème régiment de tirailleurs algériens, parti d’Oran le 5 août et tué a l’ennemi le 24 août 1914 à Florennes ( Belgique). Je suis en relation avec un descendant de la famille Ardaillon en vue de l’écriture d’un article pour Nos Villages Lorrains. 

Le quatrième est Marie Lucien Fernand Belin, chef de bataillon, est tué le 25 août 1914 à la tête de ses hommes dans le bois de Crévic (Voir NVL Nº167).


42 autres combattants tomberont sur les champs de bataille ou dans les hôpitaux, victimes de ces orages de métaux ou de gaz.

N’oublions pas ceux qui sont venus de toute la France pour défendre notre village lors des premiers jours du conflit et les centaines de soldats de l’American Expeditionary Force qui ont dévalé la côte de Norroy sous le feu de l’ennemi le 15 septembre 1918.














08/11/2025

Foudre au château





Le Messin du 11 août 1899. 

Lundi, vers sept heures du soir, après quelques gouttes d’eau, un orage éclata.
Au premier coup de tonnerre, la foudre tomba dans la cour de M. Fisher, cultivateur, sans faire de dégâts. Le fils de la maison et un domestique, qui se trouvaient dans l’écurie des chevaux, furent projetés à terre. Puis le fluide pénétra chez le voisin, au château de M. Morel, par la cuisine, où se trouvaient deux bonnes.
Celles-ci ont ressenti de fortes commotion sans conséquence, mais la vaisselle a été complètement brisée. Enfin l’immeuble a été lézardé en plusieurs endroits.
Un commencement d’incendie, dû à la foudre, s’est même déclaré sous un hangar où avait été déposé du fourrage. Grâce au secours immédiatement portés, il a été rapidement éteint.
Les dégâts sont insignifiants. Ceux constatés dans l’immeuble sont plus sérieux.



Jean Nicolas Fischer est né le 29 janvier 1848 à Contern, province néerlandaise (aujourd’hui Grand Duché du Luxembourg). 

Il se marie le 24 mai 1871 à Vandières avec Marie Guichard, née à Vandières en 1846. 


La famille habite la ferme à l’entrée du château, rue Magot, depuis leur mariage. 

Le couple a quatre enfants :

-Albert (1872 à Vandières -1945 à Jaulny)

Cultivateur. Maire de Jaulny. 


-Adolphe (1874 à Vandières -1939 au Mans) 

Militaire de carrière. Chevalier de la légion d’honneur. 


-Jeanne Marie Catherine (1881 à Vandières -1948 à Escaudoeuvres)

Mariée en 1903 avec François Auguste Lalfer, employé à la compagnie de chemin de fer de l’est. 


-Lucien (1883 à Vandières -1916 à Estrées-Deniécourt) 

Sous lieutenant au 319ème régiment d’infanterie, mort pour la France lors de la bataille de la Somme. 


Jean Nicolas meurt à Vandières le 9 février 1908 à l’âge de 60 ans. 

Il était veuf depuis 1906. 











25/10/2025

La grande inondation de 1947

 

Nancy gare Saint Georges inondée 

L'éclair de l'est du 5 janvier 1948.

Certains voyageurs se sont ému, à tort, semble-t-il des perturbations apportées dans le trafic 

ferroviaire par les inondations. Quand on sait les magnifiques efforts du personnel de la S.N.C.F., 

après la libération, la rénovation presque complète, des réseaux, le rétablissement rapide des ouvrages 

d’art, on est enclin à ne pas porter trop rapidement de critiques. 

C’est pourquoi nous avons demandé à M, l'inspecteur principal du 3ème arrondissement de vouloir bien 

mettre la question au point à l’intention de nos lecteurs. 


Incidence générale 


Les voies ferrées traversant Nancy ou y trouvant leur origine ont toutes été plus ou moins touchées par la crue. Mais les premiers effets de l’inondation se firent sentir sur le parcours Nancy-Mirecourt, aux environs de Ceintrey, Clérey, puis Pierreville et Xeuilley, par suite de la proximité du Madon. 

Néanmoins, la circulation fut maintenue entre Nancy et Neuves-Maisons d’une part et Vézelise et Mirecourt d'autre part. 

La ligne Paris-Strasbourg, baptisée autrefois ligne P-A. subit, elle aussi, des interruptions. A Frouard, l’eau atteignait 1m50 au-dessus des rails. Le 30 décembre, les voies principales étaient submergées entre Toul et Frouard, à proximité de Fontenoy. 

Sur le parcours Nancy-Metz, les voies étaient coupées sur une longueur de 300 mètres, entre Marbache et Belleville. La gare de Pont- à-Mousson était atteinte également et la voie était interrompue à plusieurs endroits aux environs de Vandières. 

Soulignons enfin des coupures sur les parcours Nancy-Nomeny et Champigneulles - Château-Salins.


A la gare de Nancy-Saint-Georges 


La gare de marchandises de Nancy-Saint-Georges fut évidemment recouverte assez longtemps. Ici, le problème prenait une tournure plus critique, en raison des nombreux wagons de marchandises garés sur les voies, ou en attente de déchargement. Dès le début de la crue, la S.N.C.F. prit ses dispositions pour évacuer son matériel et les marchandises sur Nancy-Ville. L’opération réussit, non sans quelques difficultés. 

Dans l’après-midi du 20 décembre, l’évacuation était réalisée et le trafic des marchandises s’opérait presque normalement a Nancy-Saint-Jean. Mais les voies ont subi des dommages assez conséquents. Elles sont sauvent encombrées par des grumes ou des matériaux divers et à l'heure où nous écrivons ces lignes, la liaison n’est pas encore assurée vers Jarville et Champigneulles. 



Les cheminots à l’ouvrage 


Dès que l’eau se fut retirée, dégageant tes voies, le personnel de la S.N.C.F. se mit à l’ouvrage. Il s'agissait de déblayer le ballast, de le consolider aux endroits dangereux. Il fallait également réparer et vérifier complètement l’installation électrique des appareils de signalisation qui ont subi des dommages fort importants. 

Et la S.N.C.F. peut se vanter d’avoir à la date d’aujourd’hui, rétabli le trafic, dans des conditions à peu près normales. 

Enumérons succinctement les parcours remis en service : 


Ligne Nancy - Paris : Trafic rétabli complètement après avoir emprunte une déviation sur Sarrebourg, Metz et Lérouville.  

Ligne Nancy - Metz : trafic complètement assuré. A subi la même déviation que le précédent. 

Ligne Nancy - Mirecourt . le trafic a été rétabli normalement dès le 30 décembre. 

Les lignes secondaires vers Nomeny et Château-Salins seront remises en service aujourd’hui. 


En terminant, M. l’inspecteur principal a bien voulu nous faire part de la satisfaction qu’il a éprouvée à constater combien le personnel de la S.N.C.F. avait pris sa tâche à coeur. 

Partout, dans toutes les circonstances, gradés et employés ont donné le meilleur d’eux mêmes, parfois au prix de lourds sacrifices. Cette abnégation, cet esprit du devoir nous l’attendions des cheminots ! 

Qu’il soient remerciés. 






29/09/2025

Les martyrs de Vandières 6 - Inauguration du monument


Le télégramme des Vosges du 13 octobre 1930. 

M.  Louis Marin  préside une émouvante cérémonie à Bayonville.
L’inauguration du monument élevé à la mémoire de M. l’abbé Mamias et des cinq habitants de Vandières et de Villers-sous-Prény que les Allemands fusillèrent en 1914. 

Aujourd’hui 12 octobre a eu lieu, à Bayonville, sous la présidence de M. Louis Marin, ancien ministre, député de Nancy, l’inauguration d’un monument élevé à la mémoire des six victimes civiles de Vandières et Villers-sous-Prény, sauvagement fusillées et massacrées par les Allemands le 29 septembre 1914, sur la route de Bayonville à Arnaville. 
Un temps gris et une pluie line et persistante semblaient s’être mis à l’unisson des cœurs étreints d’une douloureuse émotion à l’évocation du drame atroce qui se déroula, il y a seize ans, dans cette riante et paisible vallée du Rapt de Mad, sous un boqueteau de peupliers, formaient une auréole de gloire à la simple stèle. 
La cérémonie religieuse.  
A 10 heures, dans l’église  bondée de fidèles, M. l’abbé Georgin, parent de M. l’abbé Mamias, curé de Vandières, qui fut une des victimes de cette criminelle tragédie, célébra une messe de Requiem. 
II était assisté de M. le chanoine Sêgault, aumônier de la Visitation, ancien professeur au petit séminaire de 
Pont-a-Mousson, et collègue de l’abbé Mamias, et du Révérend père Jacques, missionnaire en Indo-Chine. 
Aux premiers rangs de l’assistance, nous avons noté la présence de MM. Louis Marin ; Lemoine, maire de 
Bayonville, entouré de son conseil municipal ; Quenette, maire de Vandières, et les conseillers de cette commune ; Grandcolas, conseiller d’arrondissement du canton de Thiaucourt : Lanno, conseiller d’arrondissement, du canton de Pont-à-Mousson ; Moitrier, ancien maire de Bayonville pendant la guerre ; Léquy, maire de Bouillonville, et Heymonnet, adjoint au maire de Villers-sous-Prény.  
Cérémonie profondément émouvante dans sa simplicité ; la messe se déroula au milieu de l’émotion générale, accentuée par la beauté des chants liturgiques, qu’exécuta à plusieurs, voix la chorale des jeunes filles, de Bayonville, sous la direction de M. l'abbé Noblemaire, curé de la paroisse, grand mutilé de guerre. 
Le sermon 
Le  sermon fut prononcé par M. le chanoine Ségault. Avec, une émotion que partageaient tous ceux qui, dans la petite église, étaient venus prier pour les martyrs de la tragique journée de septembre 1914, M. l'abbé Ségault retraça le calvaire des six malheureuses victimes. 
Le 29 septembre 1915, sur la route d’Arnaville à Bayonville, s’avançait une charrette paysanne, escortée de soldats allemands. Sur cette charrette  se trouvaient six hommes : l’abbé Mamias, curé de Vandières, deux hommes d’âge mûr, M. Durand et M. Fayon ; trois jeunes  gens, dont l’un avait à peine quinze ans. 
Arrivés la veille au soir, ils avaient passé la nuit dans une salle de patronage à Pagny-sur-Moselle. 
Que se passa-t-il pendant cette nuit ? Nul ne le sait. Ce qui est certain, c’est que les prisonniers ne furent pas traduits devant un conseil de guerre. 
Nuit sinistre, interminable, où les captifs ne pouvaient dormir, mais voyaient passer dans les ombres, glissant sur les murs... des visions d’épouvante ! Pourtant à ces malheureux la providence avait ménagé une consolation et un réconfort dans la présence d’un prêtre. Nous savons que l’abbé Mamias demanda un banc pour ses compagnons et que lui-même se promena de long en large, en égrenant son chapelet. Nous pouvons supposer que, pendant les longues heures d'insomnie,  le prêtre  sut tirer de son cœur des paroles assez tendres et assez fortes pour encourager ses compagnons, les préparer aux pires extrémités, et faire descendre en eux le pardon divin qui ouvre le ciel. 
Ils pouvaient donc être prêts à toute épreuve. De fait, en traversant Arnaville, à cette question qui lui était posée : « Où allez vous donc ? ». l’abbé Mamies répondit, en  levant les mains au ciel  « Dieu seul le sait ! » 
Calme et recueilli, le prêtre priait avec son bréviaire, comme il l’eût fait dans sa stalle à l'église. 
A quelque distance d’Arnaville, la voiture s’arrêta. Les prisonniers durent faire à pied quelques centaines 
de mètres. Personne sur ta route ni dans les environs, car les allemands avaient écarté tout témoin. Tout à coup, ils se trouvèrent en présence d’un détachement en armes. A cette vue, ils comprirent que c’était la mort sous les balles. 
Les enfants, qui n’avaient pas vingt ans, se débattirent contre le sort cruel et tentèrent de fuir. Empoignés et garrottés, ils n’eurent plus que leurs cris perçants pour exprimer leur douleur. Et si les échos de vos collines ne redisent plus cette plainte, soyez sûrs que dans la mémoire des bourreaux, ce cri retentit toujours, tandis qu’apparaissent les faces  convulsées de ces enfants et leurs jeunes corps étendus dans une mare de sang. 
Que se passa-t-il encore ! Nous ne le savons pas. Sans doute le prêtre donna une dernière absolution, embrassa ses compagnons, et offrit le sacrifice de sa vie pour sa paroisse et pour la France. Alla-t-il plus loin ? Protesta-t-il de  l’innocence de ses compagnons et, en faisant appel à la justice divine, donna-t-il à ces officiers allemands un solennel avertissement ?
C’est possible, peut-être même est-ce probable, car l’abbé Mamias tomba le premier et fut achevé à coups de crosse et à coups de pied. Quand on déterra les cadavres, ont trouva son crâne fracassé et ses membres brisés, tandis que les corps de ses compagnons étaient intacts. 

Les soldats creusèrent une fosse pour enfouir ces cadavres. Surpris par le passage d’une troupe d'artillerie, ils se cachèrent, honteux de leur travail. Restés seuls, ils achevèrent leur sinistre besogne.  

Pendant quatre ans, la terre qui recouvrait ces morts garda son secret. Mais des images pieuses échappées du bréviaire de M. Mamias et tachées de sang, le témoignage d’un jeune homme qui, caché dans un arbre, avait suivi de loin, ce drame sanglant, les aveux d’officiers allemands, attristés et indignés de ce massacre inutile, vinrent porter jusqu’en France et jusqu’aux extrémités du monde la nouvelle de ce forfait allemand. 

Forfait abominable, ajouté à tant d’autres, commis en Lorraine, en France, en Belgique ! Rien que dans notre département, treize prêtres fusillés, quarante civils tués à Gerbéviller, quatre-vingts civils brûlés ou égorgés à Nomeny. Ici, le crime était encore plu évident. Ce n’est pas dans la fureur de la bataille, que ces innocents ont été massacrés, c’est après une décision froidement méditée, prise sans enquête, sans jugement. Crime stupide et insensé qui mêlait dans la même tuerie des jeunes gens et des hommes âgés. 
Crime deux fois sacrilège qui osait fusiller un prêtre et piétiner son front et ses mains consacrées par l’onction sainte ! 
Faut il accuser de ce crime le major Von Kayser, qui, un mois auparavant, faisait déjà fusiller, à Jarny un prêtre d’une haute intelligence et d’une magnifique culture littéraire et scientifique, l’abbé Vouaux, agrégé de l’université et professeur de rhétorique au collège de la Malgrange ? Faut il l’imputer au grand état-major allemand, qui avait donné l’ordre de terroriser les populations et de rendre la guerre plus violente, afin qu’elle fut plus courte ? Peu importe. Ce crime pèse sur toute l’Allemagne et, si les coupables ont pu échapper à la justice humaine et se dérober aux sanctions prévues par le traité de Versailles, il n’échapperont pas à la justice divine.  Dieu qui a vengé Abel saura venger nos martyrs. 
M. le chanoine Ségault montre ensuite quelle grande leçon nous ont donnée ces héros avant de mourir. Leçon de courage, d’union et de foi chrétienne. « Nous nous souviendrons de cette histoire, dit-il encore, et nous profiterons de ces nobles exemples. Nous continuerons le patriotisme de ces Français et les vertus de ces Lorrains.
Après ce sermon qui a touché aux larmes tous les assistants, M. le chanoines Ségault donne l’absoute. 

La cérémonie d’inauguration.  
A midi, un déjeuner fut servi, sous la présidence de M. Louis Marin, au café du Château. 
Un cortège se forma ensuite devant la mairie, pour se rendre jusqu’au monument, situé a quinze cents mètre environ de Bayonville, sur la route d’Arnaville. 
En plus des personnalités déjà citées notons encore la présence de M. le conseiller de préfecture Gourguechon, représentant M. Magie, préfet de Meurthe-et-Moselle, le commandant Durand, représentant le Souvenir Français. M. Humbert, maire d’Arnaville, M. l’abbé Munier, curé de Vandières, une importante délégation des Jeunesse Patriotes de Norroy et des commune environnantes entourant M. de Pomméry, secrétaire général des J.P., ainsi que des délégations d’anciens combattants de Pagny-sur-Moselle, Vandières, Villers-sous-Prény,Bayonville et Arnaville. 
A travers les rues de la commune qui avaient reçu une délicate décoration de drapeaux et de verdure, le cortège se mit en marche ayant à sa tête la compagnie des sapeurs-pompier, sous la direction du sous-lieutenant M. Boucher. 
Lorsque les personnalités officielles arrivèrent devant le monument, un foule imposante venue de tous les villages voisins s’était déjà rassemblée autour de la stèle qui se dresse émouvante dans sa simplicité portent cette inscription : 
A la mémoire des habitants de Vandières et de Villers-sous-Prény, massacrés ici par les allemands le 29 septembre 1916. 

Passant, souviens-toi et médite. 


Là, sous la pluie qui tombe lourde, sous un ciel bas et gris d’automne les divers orateurs vont rappeler en termes émus la mémoire des six victimes de la barbarie allemande : 

MM. l’abbé Mamias, 48 ans, curé de Vandières ; François Durand, 59 ans; Henri Fayon, 64 ans ; Poussardin Eugène, 20 ans ; Péquillat Marcel, 19 ans, tous les cinq de Vandières, et Dozard Georges, 15 ans, de Villers sous-Prény. 


Une Lettre De MGR Jérôme 


M. l’abbé Noblemaire bénit le monument et donne lecture d’une lettre de Mgr Jérôme, vicaire capitulaire de 

Nancy, qui écrit notamment : 

C’est une sainte pensée, que tous ont eue d’élever à ces glorieux morts le monument que vous allez bénir. Je les félicite. Ce monument rappellera des jours douloureux, mais aussi il évoquera en la personne du cher curé d e Vandières, qui fut si cruellement et si odieusement frappé, là, entre Bayonville et Arnaville, à la tête de ses paroissiens, la figure du bon Pasteur qui a donné sa vie pour ses brebis et avec ses brebis. 

J’ai voulu relire les pages si émouvantes que lui consacre notre livre d’or. J'ai voulu, un instant, revivre avec vous ces heures angoissantes des mois d’août et septembre 1914, et gravir à nouveau  à la suite du cher 

curé, le calvaire qui devait le mener à la dernière immolation, au suprême sacrifice. Ce fut le sacrifice, ce fut 

l’immolation du bon pasteur. Bon pasteur, certes, il l’avait été toute sa vie, il le fut surtout, il le fut jusqu’à l’effusion du sang, en ces jours douloureux, partageant les souffrances de ses paroissiens, multipliant les démarches qui pouvaient adoucir leur sort ou écarter les dangers qui les menaçaient, les défendant contre les vexations d’un ennemi pour qui la guerre justifiait toutes les rigueurs et les pires cruautés. Et comment n’être pas ému jusqu’aux larmes à la lecture des dispositions dernières que quelques jours avant sa mort, sous le regard de Dieu, il consignait dans son journal. Le 11 août 1914, à 1’approche des premières menaces, il avait écrit : « Seigneur, s’il faut être victime et si vous me jugez digne de tant d'honneur, je fais 

volontiers le sacrifice de ma vie pour ma chère patrie. C’était le calvaire qui commençait. Il se continua au cours des semaines qui suivirent. Le danger s’aggravait chaque jour. Le bon curé ne se faisait plus guère d’illusion, et, généreusement, il renouvelait son sacrifice : « Sainte Vierge Marie, écrivait-il encore, recevez 

votre prêtre qui vous supplie humblement de lui venir, en aide; bénissez mes paroissiens pour lesquels j’offre 

mes souffrances, ma dernière agonie et ma mort. Le mois de septembre se passe dans l’attente. Le 29, l’immolation était consommée, et vraiment, dans toute la réalité de l’expression, le bon pasteur avait donné sa vie pour son troupeau, et dans des circonstances telles que la seule lecture du récit qui nous retrace ce douloureux martyre fait encore passer dans nos âmes je ne sais quel frémissement d’indignation et d'horreur. 

Oh ! oui. monsieur le curé, une fois encore je remercié avec vous les paroissiens de Vandières et de Bayon- 

ville, d'avoir voulu, par ce monument que leur piété émue élève à la mémoire de ces glorieuses et saintes victimes, rappeler aux générations futures le souvenir de ces jours tragiques, que nous, qui les avons vécus, qui les avons soufferts, ne saurions oublier. 

Certes, ce n’est pas un sentiment de haine qui anime nos cœurs, en ce moment. Nous pardonnons, comme 

Jésus pardonnait sur la Croix ; nous pardonnons, comme pardonnait notre cher abbé Mamias à ceux qui se faisaient ses bourreaux et les bourreaux de ses paroissiens. Nous pardonnons, mais nous ne pouvons pas ne pas nous souvenir. Et nous devons à la mémoire de nos chers morts, à la mémoire des ouailles, à la mémoire tout particulièrement du pasteur. L’hommage de notre affection, de notre reconnaissance, de notre prière. Belle, très belle et très bien remplie avait été la trop courte vie de M. l’abbé Mamias. 

Plus admirable fut sa mort, mort affreuse, mais si chrétiennement acceptée si sacerdotalement offerte pour sa paroisse et pour la France. 


Discours De M. Lemoine, maire de Bayonville 
Il y a seize ans, le 29 septembre 1914, se déroulait ici une des plus horribles tragédies de la grande guerre. 
Six personnes, cinq habitant Vandières, un enfant de Villers-Prény, étaient massacrés sans jugement, par les allemands. Cet endroit un peu sauvage, un peu caché étant bien choisi par les boches pour assassiner ces malheureux. car ce fût un véritable assassinat, qui fut commis sur des êtres innocents et sans défense. Ils ont essayé de les faire disparaître après les avoir horriblement mutilés, et ces martyrs ont eu une agonie effrayante. 
Malgré leurs précautions, quelques témoins ont assisté à ce drame. Quelques jeunes gens de Bayonville qui 
cueillaient des fruits ont entendu, derrière ces saules, les cris des jeunes gens (trois n’avaient pas 20 ans) demandant grâce, implorant la pitié de leur bourreaux, mais ce fut en vain. On chercherait en vain un motif même futile qui put expliquer cet horrible forfait. 
L’abbé Mamias, prêtre de haute valeur, ne pouvait que gêner par sa présence, par sa franchise, l’exaction, les vols que les officiers allemands s'apprêtaient à commettre dans le village de Vandières. 
Fayon, Durand, propriétaires bien tranquilles, vivaient la vie laborieuse et calme de nos villages et ne pouvaient être aucune menace pour l’armée ennemie. Que dire des malheureux enfants Poussardin, Péquillat, pupilles de l’Assistance publique, ne connaissant pas les douceurs de la vie de famille et pourtant heureux de vivre, car à 20 ans, la vie paraît belle. Dozart, âgé de 15 ans, entrant à peine dans la vie et déjà appelé à tomber victime de la barbarie allemande. Cela paraît tellement hors de nature que l'on se serait cru reporté à 1500 ans en arrière, alors que les Huns envahissaient notre pays, brûlant les villages et massacrant sans pitié les habitants La même horde inique, venue de moins loin, mais aussi du Levant, a envahi notre France, voulant l’exterminer et la vaincre par la terreur. 
Le reitre allemand Von Kayser, qui a ordonne ce lâche assassinat et le massacre de Jarny, véritable descendant d’Attila, croyait sans doute faire trembler les habitants de nos pauvres villages envahis. Mais il ne connaissait guère le courage indomptable des Lorrains, peuple prédestiné, qui a subi de tout temps l'assaut des invasions barbares. Sous le joug allemand et la terreur, ils ont peut-être courbé le front mais ils gardaient au cœur l'espérance de la victoire. Ils ont accepté la tristesse de l’occupation, les souffrances, la déportation même, avec toujours le même foi vive dans la destinée du pays. Bayonville sans doute a frémi d’inquiétude et pleuré amèrement quand de malheureuses petites victimes civiles sont venues s’ajouter à celles dont nous honorons aujourd'hui la mémoire, mais son attitude et son courage ont été dignes devant l’ennemi. Cette grande vertu de confiance et de courage nous est toujours nécessaire, alors que le vent d’est nous apporte parfois le cliquetis alarmant des casques d’acier. Souvenons-nous toujours de nos chers disparus, gardons leur exemple et soyons persuadés que leur sacrifice n’a pas été inutile, car il nous a délivré du joug des barbares. » 


M. Quenette, maire de Vandières, apporte à son tour son hommage et celui des habitants de sa commune à la mémoire de leurs malheureux concitoyens tombés victimes de la barbarie allemande. 

Il remercie M. Lemoine, maire de Bayonville, à qui est due l’initiative du monument qu’on inaugure aujourd’hui. Il remercie M. Marin qui a bien voulu par sa présence; rehausser l’éclat de cette cérémonie, et affirme que la population de Vandières entretiendra et vénérera le monument, qui lui servira de symbole pour inculquer à ses enfants le culte du souvenir. 


M. Moissette s’incline au nom des anciens combattants de Pagny-Vandières  devant la souvenir de ceux qui furent d’innocentes victimes. 


Puis M. Lanno et M. Grandcolas , conseillers d'arrondissement des cantons de Pont-à-Mousson et de Thiaucourt saluent respectueusement les victimes de l’attentat dont on commémore le douloureux souvenir. 


M. le commandant Durand, remplaçant M. le colonel Hareng au nom du Souvenir Français, s'incline devant le monument  et affirme que le souvenir des héros tombés là restera vivant dans le cœur de toutes les populations lorraine et française. 


Attentivement, on pourrait presque dire religieusement écouté par cette foule qui participé vraiment de toute son âme à la cérémonie, M. Louis Marin montre quel réconfort apportent ces manifestations du souvenir. Les parents et amis des victimes peuvent se dire que quand celles-ci sont tombées c’est à eux qu’allait leur pensée. 

L'endroit où ces victimes ont été frappées est désormais sacré. Là où le sang des martyrs a coulé, leur âme revient pour insuffler sa foi aux vivants. Si elle revient, l’âme des martyrs dont on commémore le sacrifice, pourra se dire que leur immolation n’a pas été inutile, qu’elle a servi le pays. 

Quand on connaîtra dans le monde entier, car on ne les connaît pas encore, tous ces innombrables massacres qui se sont passés dans les pays envahis, quand on les connaîtra bien, la guerre paraîtra encore plus repoussante. 

On a parlé de « crimes soldatesques » ; c’est inexact. Partout les armées allemandes opérèrent de la même façon. C'était l'Invasion s’accompagnant de la terreur systématiquement organisée pour affaiblir le moral de la population. Tous les principes furent piétinés, on ne respecta même pas les signatures données quelques années avant la guerre, à La Haye, l’Allemagne prenait les engagements les plus formels ; qu’en a-t-elle fait ? Qu’a-t-elle fait des traités considérés par elle comme des chiffons de papier ?
M. Louis Marin montre quelle gravité représente pour l’avenir, cette démonstration que les traités les plus solennels peuvent être impunément violés. 
Si nous voulons que des événements comme ceux-ci ne se reproduisent plus, il faut en entretenir le souvenir dans la mémoire des vivants. Il faut que des monuments comme celui-ci s’élèvent le long des routes pour que, toujours, on se rappelle ceux qui ont vu les choses dans leur horreur et qui en ont souffert. 
En Lorraine plus qu’ailleurs, nous devons nous en souvenir. La France peut quelquefois s’endormir, la Lorraine doit veiller, car elle est à juste titre, considérée comme le symbole de la fidélité à la patrie comme elle symbolise si justement la fidélité au souvenir des morts. 
M. le conseiller de préfecture Gourguechon, en l’absence de M. le prélat empêché, parle ensuite et dit son 
admiration pour les martyrs dont le souvenir doit toujours être présent à notre mémoire, et qui doivent nous servir d’exemple continuel de dévouement à la Patrie. 
Cette touchante et triste cérémonie prend fin après que M. Fayon, fils d’une des victimes a adressé ses remerciements émus à tous ceux qui ont permis par leurs efforts, l’érection de ce monument qui entretiendra le culte du souvenir chez tous ceux qui ont survécu à la guerre et dans les générations futures.