La croix de l’aube du 14 septembre 1905.
Autour d’une grève. Scène de banditisme à Vandières.
Autour d’une grève. Scène de banditisme à Vandières.
La paisible commune de Vandières vient d’être le théâtre de scène de banditisme qui se passe de commentaires et dénotes l’état d’esprit des temps troublés dans lesquels nous vivons.
Vendredi dernier, une bande d’exaltés, que l’on ne croit pas être des métallurgistes, imbus des principes révolutionnaires que le gouvernement laisse répandre à profusion dans le peuple, venant de Pont-à-Mousson et Vociférant des chansons sanguinaires, ont cassé carreaux, bouteilles, verres, chez monsieur Barbonnait, aubergiste à Vandières, et brisé sur sa tête un litre qui lui a fait une longue et profond entaille au cuir chevelu. Poursuivant leurs tristes exploits, ils ont contusionné le cantonnier ainsi qu’un plâtrier, jeté à bas de sa voiture un conducteur, malmené d’inoffensifs piétons et, rencontrant l’adjoint à 1 km de cette commune, lui ont asséné dans la poitrine un violent coup de poing qui l’a envoyé rouler dans la berge, puis lui ont lancé à la tête, quand il se relevait, un coup de gourdin qu’il a pu heureusement parer. Il n’a dû son salut qu’à l’arrivée des braves habitants de Vandières qui s’étaient mis à la poursuite de ces lâches agresseurs. Le soir même le maire demanda du secours aux autorités de Pagny sur Moselle, et le lendemain il remettait, de concert avec l’adjoint, entre les mains de Monsieur le préfet, les soins de la police de la commune, espérant qu’aide et protection lui seraient accordées.
Les habitants exaltés à juste titre sont décidés à se défendre avec tous les instruments qui leur tomberont sous la main s’ils sont attaqués à nouveau, et à ne pas attendre qu’il soient assommés pour faire usage de leurs armes improvisées. Ce n’est plus une grève, mais une révolution, aussi nombreux sont les voyageurs qui ne s’aventurent plus sur les routes sans être munis d’un revolver, afin de vendre chèrement leur vie désormais en péril.
L’est républicain du 22 octobre 1905.
Tribunal correctionnel de Nancy.
Audience du samedi 21 octobre.
Grévistes de Pont-à-Mousson.
Lucien Vaucher et Pierre Schmitt, tous deux 19 ans, ouvriers d’usine à Pont-à-Mousson, sont poursuivis pour coups et bris de clôture à Vandières pendant la période des grèves des usines de Pont-à-Mousson. Voici ce que reproche l’accusation au prévenu : un soir de la grève, vers six heures, cinq ouvriers grévistes parmi lesquels se trouvaient Vaucher et Schmitt, se dirigeaient vers Vandières où ils entrèrent au débit Barbonnait.
Après s’être fait servir à boire, les prévenus commencèrent à discuter, puis ils se fâchèrent et brisèrent les glaces de la devanture et quantité de verre dans le débit. Monsieur Barbonnait, étant intervenu, fut fortement malmené.
Les grévistes ayant quitté le débit, se dirigèrent vers Pont-à-Mousson, mais, en cours de route, ayant rencontré Monsieur Bertrand Gillet, conseiller d’arrondissement, qui passait à bicyclette. Il le rouèrent de coups, puis après ce fut le tour de monsieur Charette, qui rentrait chez lui.
À l’audience les prévenus se rejettent mutuellement les torts. Vaucher même affirme que Schmitt a frappé plus que lui, néanmoins les témoins déclarent que c’est Vaucher qui frappa le plus fort et le plus longtemps.
Vaucher, un mois, Schmitt six jours, tout deux avec sursis.
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