27/07/2024

Comice agricole à Pagny sur Moselle en 1901 (partie 3)

Le Messin du 20 aout 1901. 
Un Comice agricole à Pagny-sur-Moselle.

Dimanche avait lieu, à Pagny-sur-Moselle, la fête du Comice agricole. 
La Société centrale d'agriculture, en choisissant Pagny pour célébrer sa fête, avait non seulement fait preuve de bon goût, mais elle rendait ainsi un hommage aux agriculteurs et aux viticulteurs de la région. 
Pagny n'est pas, en effet, seulement un pays agricole, mais il est surtout viticole. La renommée aux cent bouches a porté jusqu'à l'autre bout du monde la valeur, la finesse et moelleux de ses produits. C'est aussi ce qui faisait dire aux visiteurs nombreux, qui 
se sont rendus à cette fête, qu'ils allaient au pays du bon vin. 
Pagny avait, du reste, bien fait les choses pour recevoir ses invités. Des arcs de triomphe avaient été dressés par la Compagnie des chemins de fer de l'Est, à la sortie de la gare, au groupe scolaire et sur la grande place, où s'élevait une estrade couverte de feuillage. 
La gare elle-même avait été pavoisée de drapeaux et, le soir, ses quais étaient illuminés d'une façon splendide. 
Le maire actuel, M. Théophile Brichon, et le comité de la fête s'étaient surpassés pour donner à cette fête le cachet tout particulier qu'elle revêtait. 
Les exposants étaient venus nombreux, une grande partie du village était encombrée d'instruments aratoires des plus perfectionnés sortant des maisons Meixmoron de Dombasle ; Breton Joly d'Einvaux ; Duval de Nancy; Durant Heine de Lunéville, etc. Mais un coin très pittoresque retenait les visiteurs : c'étaient les préaux du groupe scolaire, mis à contribution par les maisons Simon-Louis frères, de Plan- tières ; l'Orphelinat de Haroué ; l'Ecole d'agriculture de Tomblaine, pour y opérer le classement de leurs produits. 
L'exposition des frères Simon était de toutes celle qui retenait le plus l'attention. Les exposants avaient su grouper avec art les diverses productions du sol, des jardin, des vergers, qui se mêlaient harmoniquement aux semences, aux mille plantes, dont la maison a la spécialité. 
Les frères Christophe, jardiniers horticulteurs à Pagny-sur-Moselle, méritent une mention toute spéciale, car, à côté de leurs productions maraîchères, de leurs pépinières, ils avaient composé un gracieux massif fait de plantes a appartements et de fleurs coupées. 
L’orphelinat d'Haroué et les agriculteurs réunis avaient, de leur côté, groupé de fort beaux produits, spécimens de toute beauté. 
L'apiculture s'était donné un libre champ, et les instruments les plus variés attiraient et retenaient l'attention aussi bien que les miels avec leurs produits dérivés. 
Les maïs remoulés de la malterie Poirot, de Pont-à-Mousson, n'ont pas manqué d'intéresser fort la culture, aussi bien que l'exposition très originale de la laiterie du lait Néréliré de la maison Michel Louis, de Tomblaine. Mais, à côté de ces produits, une salle spéciale intéressait tout particulièrement les dégustations, c'était l'exposition des vins. 
Oh ces vins, couleur de pelure d'oignons, doux au palais qu'on croirait boire du petit lait, dit mon voisin, qui s'y connaît en nectars. Plus d'un s'est trouvé pris à ce velours du palais. Une vingtaine de producteurs avaient fait appel à leurs celliers les plus anciens. Le 1884, le 1873, le 1865 et même les bouteilles poudreuses et combien vieilles de 1846 s'alignaient près des vins plus jeunes, les eaux-de-vie de marcs, les quetsches, la mirabelle, la prunelle, etc. 
M. Emile Brichon avait exposé du vin gris nouveau de 1901, fourni par la treille de M. Vernier, hôtelier à 
Thiaucourt. Cette salle fut le salon réservé, la bibliothèque, à laquelle on ne touche qu'avec un certain respect. Nous lui rendons cette justice, c'est que tous ces vins furent trouvés exquis et puis- 
qu'il faut dire vrai, les petits vins gris de Prény, mûris à la côte voisine, remportèrent un égal succès. C'est que, si Metz a ses vins de Scy et Lessy, la Lorraine a ses Pagny et Prény. 
Du côté des agriculteurs, on avait fait preuve de bonne volonté, et nombre de têtes de bétail, chevaux, moutons, porcs furent exposés. 
Le labourage avait stipulé l'émulation, car on ne comptait pas moins de vingt attelages de charrues, qui, en face de la ferme de Moulon, se disputaient les prix. 
On vit également que nos fermiers lorrains ne délaissent pas leurs basses-cours ; car les lots de volailles les plus variées, les pigeons, lapins remplissaient à eux seuls toute une cour des écoles. 

A 11 heures et demie, M. Papelier, député, président de la Société centrale, assisté de collègue à la Chambre, M. Brice, de Montauville, présidait par un discours de circonstance à la distribution des prix. La musique des Usines Munier, de Frouard, prêtait son concours à la fête. A l'issue de la distribution des récompenses, un banquet réunissait 280 personnes dans la grande salle d'école Blencourt, confortablement servi par M. Richard, de l'Hôtel de la Poste, de Pont-à-Mousson, et où l'on vanta les qualités du petit bleu du crû. Des toasts furent naturellement portés ; on se congratula réciproquement et, à 4 heures, la fête devenait générale. 
Tandis que sur la place, le Sport Mussipontain se livrait à des exercices de gymnastique, la foule envahissait les cafés et les nombreuses baraques de saltimbanques que cette fête avait amenées à Pagny. 
Ce fut pour le pays une. bien belle journée, favorisée, du reste, par un soleil splendide, et qui eut pour résultat de retenir fort tard les invités. C'est à regret que l'on quitta un pays où l'hospitalité est sicordiale et non sans s'être donné rendez-vous pour le prochain concours. 

La jeunesse termina cette fête par un bal où s'évertua toute la jeunesse des environs. 
 

Le Courrier de Metz du 21 août 1901. 
Le Comice de Nancy à Pagny-sur-Moselle. 

Pagny recevait dimanche le comice de Nancy, et nous devons reconnaître que Pagny avait largement fait les choses. 
Depuis le train, à partir de la ferme du MouIon, où avait lieu l'exposition des chevaux et des 
bestiaux, on voyait jusqu'à Pagny, la route sillonnée d'oriflammes et de drapeaux tricolores. 
Dans Pagny, ja gare était magnifiquement pavoisée. Près de la gare, un premier arc de triomphe se dressait. Plus loin encore, les drapeaux, des guirlandes de mousse, à profusion. Devant le groupe scolaire, des pyramides de tonneaux cachés dans le feuillage, avec une grande inscription: "Soyez les bienvenus!" Des drapeaux étaient à toutes les maisons, et le long de la rue de coquets abris de feuillage avaient été aménagés. 
Sur la place de la Mairie malgré sa largeur, des banderoles de papier couraient d'un bout à l'autre, alternant avec des guirlandes de mousse jusqu'à l'estrade où devait avoir lieu la proclamation des récompenses. Les acacias, avec leur beau feuillage vert, taillés en boule, au fond de ce beau décor, produisaient un aspect agréable à l'oeil et très réussi. 
Tout le monde était unanime pour admirer l'exposition de MM. Simon-Louis frères, de Metz. 
Outre 20 variétés de pois avec leurs tiges, il y avait 160 variétés de graminées, légumineuses, 
plantes médicinales, 42 variétés de balsamines, 30 variétés d'astères, 800 bocaux de graines pota- gères et 500 bocaux de fleurs. Artistement disposés étaient aussi les produits maraîchers, choux, melons, tomates, carottes, etc. 
De nombreux exposants de Pagny et des environs, ainsi que de Nancy, avaient rendu ce concours très intéressant, le beau temps qui s'était mis de la fête, avait attiré une immense foule, et cette belle fête a produit la meilleure impression sur tes visiteurs. Après la distributions des prix a eu lieu un banquet auquel assistait 250 convives; plusieurs discours ont été prononcés. 
La plus franche cordialité et gaieté régnaient autant parmi les exposants que parmi les es visiteurs, tout le monde avait l’air content et heureux. 

Léon Simon 1834-1913










Etablissement Simon Louis frères à Plantières 






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