21/09/2024

L'anniversaire de la bataille de Mars-La-Tour (partie 2)

L’éclair de l’Est du 16 août 1910. 

MARS-LA-TOUR 
Son Curé -- Son Eglise -- Son Musée -- Son Monument 
(16 août 1870- 16 août 1910)

Quarante ans déjà ! Quarante ans que les Prussiens, comme on disait alors, nous ont envahi ! Quarante ans que, dans les plaines de Gravelotte et de Mars-la-Tour, se livrait cette bataille de géants où, par la vertu de nos soldats, la France était sauvée ; où, par l’incapacité de Bazaine, la patrie fut livrée. Et, depuis invengés, nos morts dorment sous ces champs tragiques, où un prêtre, une église, un monument entretiennent pieusement leur glorieuse mémoire. Aujourd'hui même, c’est eux encore eux que la France honorera en accrochant sur la poitrine de M. l’abbé Faller, le vaillant curé de Mars-la-Tour, l’étoile des braves. Au moment, où le général Couturier un survivant de la grande guerre, épinglera, sur la soutane couleur de deuil, de l’abbé Faller, le ruban couleur de sang, c’est à la France, c’est à ses enfants qui, il y a quarante ans, donnaient allègrement leurs vies pour elle qu’iront les pensées des deux héros de la cérémonie, c’est pour eux que battront leurs deux nobles cœurs. 


Depuis trente-cinq ans, en effet, qu’il est curé de Mars-la-Tour, M. l’abbé Faller a employé tous les instants où le soin des malheureux et ses devoirs de curé ne retenaient pas sa charité et sa piété, à rendre aux soldats français morts en 1870 les pieux hommages qu’un pays doit à ceux qui se sont sacrifiés pour lui. 



L’église à la tour guerrière,, il l’a rétablie et restaurée et en même temps que l’église chrétienne, il en a fait un temple national tout consacré au souvenir des victimes. «Nos glorieux défunts attendent de vous une prière, un souvenir » ; ainsi s’exprime une inscription gravée en lettres d’or sur les murs de l'église, tapissée sur toutes ses faces d’innombrables plaques de marbre où la piété des familles a voulu entretenir la mémoire des douloureux vaincus.



A côté de l’église, qui ne pouvait recevoir les innombrables reliques recueillies sur le champ de bataille immense, M. le curé Faller a édifié le musée où tous les vestiges du terrible duel en racontent les péripéties. Tel képi a été relevé au ravin de la Cuve ; ce sabre provient du plateau de Bruville ; à côté est suspendue une épaulette ramassée à Amanvillers ; voici un tambour trouvé dans un champ de Gravelotte. Et ainsi de suite défilent devant les yeux toutes les stations du pénible calvaire, tous les corps de troupes qui les ont gravies et qui y sont tombés. 


Et plus loin, un peu en dehors du village, se dresse le monument commémoratif où Bogino, avec un talent qu’exaltait le patriotisme, a représenté la France, au visage empreint d’une mâle tristesse, soutenant d’un bras le soldat qui succombe sous la balle ennemie et couronnant sa tête des lauriers héroïques.

En ce 16 août 1910, nous irons commémorer ce quarantième anniversaire; quand nous aurons prié pour nos morts et pour notre patrie quand nous aurons entendu d’éloquents orateurs glorifier les vertus des premiers et affirmer celles de leurs descendants, nous nous approcherons de la frontière qui sera gardée par les gendarmes allemands. Là, nous entendrons de plus près les sifflements de rage des reptiles de la presse allemande et nous y puiserons un nouvel aliment à nos imprescriptibles espoirs. 



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