11/02/2024

Vandières 1919 partie 4

 Études de Me François, Notaire, à Pont-à-Mousson, et de Me Magnin, avoué à Nancy, rue de la pépinière, 19.

Vente par licitation

Le vendredi 14 mars 1924, à 15h, en la mairie de Vandières, Me François, notaire à Pont-à-Mousson, procéderas à la vente, aux enchères publiques de :

Premier lot: L’emplacement d’une maison détruite, par faits de guerre, sise à Vandières, à l’angle de la route de Pagny sur Moselle et de la rue Saint-Pierre, au chemin de Prény, entre BELIN, sur la route et VELFRINGER sur le chemin, avec jardin attenant.

Mise à prix 2000 francs 

Deuxième lot: le droit à toute indemnité pour dommages de guerre afférents à l’immeuble, formant le premier lot, se décomposant comme suit :

Perte subie 22 720 francs 

Frais supplémentaires 73 372 francs 

Vétusté 3900 francs 

Total 99 992 francs

Mise à prix : 35 000 francs 

L’adjudicataire du deuxième lot devra effectuer le remploi de ladite indemnité, soit sur place, soit dans un rayon de 50 km de même nature.

Les frais faits payables par ses acquéreurs en déduction, et au marc le franc de leur prix.

S’adresser pour tout renseignement : à Me François, Notaire, Pont-à-Mousson.

À Me Magnin et Lacroix avoués à Nancy.

Magnin, avoué


Voici a quoi ressemblait la maison détruite. Dessin fait d'après la seule carte postale d'avant guerre la représentant.

Elle appartenait à la famille de Nicolas François Boucher, cultivateur et de Victorine Valérie Person son épouse. Le couple a eu trois enfants :

 Eugène François (1880-1913) militaire, lieutenant mort de maladie en 1913 à Alger.

Marie Eugénie (1882-    ) semble ne s'être jamais mariée et a vécu toute sa vie à Vandières.

François Emile (1891-    ) militaire en Algérie, héros de la première guerre mondiale.

La maison n'a jamais été reconstruite.







Vandières 1919 partie 3

L'éclair de l'est du 13 décembre 1921

La reconstruction dans le canton de Pont-à-Mousson

Voici le montant total des travaux exécutés depuis le début de la reconstruction jusqu’au 1er décembre 1921 dans les coopératives de reconstruction du canton de Pont-à-Mousson avec indication des sommes versées.

Première colonne désignation des coopératives.

Deuxième colonne montant des travaux exécutés depuis le début de la reconstruction.

Troisième colonne sommes versées en 1921.

Bouxières-Lesmenils.                   2.700.000     1.384.695 

Champey-Vittonville.                    1.800.000        571.448 

Dieulouard.                                      1.103.180        615.092

Jezainville.                                      1.625.000        556.495

Maidières-Montauville.                1.297.000        994.004

Morville sur Seille.                        1.300.000        570.983

Norroy les Pt à Mousson.            1.426.000         396.883

Pagny sur Moselle.                        1.150.000        515.682

Pagny "la pagnotine".                    1.000.000       720.822

Pont à Mousson :

      Fonderie.                                      657.498        398.488

      Saint Jean.                                1.800.000        561.657

      Saint Laurent.                           2.000.000        687.884

      Saint Martin et Mousson.         2.617.193     1.503.956

Port sur Seille.                                  806.000        380.462

Preny.                                                  529.767        466.342

Sainte Geneviève.                         1.285.000        713.060

Vandières.                                       2.660.000        594.321

Villers sous Preny                         1.435.000        467.622


Totaux……………………      27.136.681    12.099.303

04/02/2024

Vandières 1919 partie 2

 Société coopérative de reconstruction de Vandières,

Application de l’article 8 de la loi du 15 août 19 20.

PUBLICATION LÉGALE 

(Dispensée des formalités et exemples des droits de timbres et d’enregistrement. Article 10 de la loi du 15 août 1920). 

I-extrait de l’acte constitutif de la société coopérative de reconstruction de Vandières.

Au terme d’un acte sous seings privés en date du 2 février 1921, des propriétaires de maisons sinistrées de la guerre, sises à Vandières (Meurthe-et-Moselle) former une société coopérative de reconstruction régi par la loi du 15 août 1920, le décret du 9 octobre 19 20 et les statuts-types du ministère des régions libérées. Du procès-verbal des délibérations prises par l’assemblée générale et par le conseil d’administration dans leurs réunions du même jour, il appert:

 Que cette société a pour nom : société coopérative de reconstruction de Vandières. 

 Pour siège social : la mairie de Vandières. 

Pour durée : six années. 

Pour administrateur : M. A.  Lhuillier, président, M.  Brouant Jules, vice président, M. Callet Gaston, secrétaire, M. Darmois Eugène, trésorier, pour commissaires contrôleurs, M. Jacquet Henri et M.  Pinot Alfred.

Que ladite société demande l’approbation prévue au titre II de la loi du 15 août 1920 et l’affiliation à l’union des coopératives de reconstruction de Meurthe-et-Moselle.

II–formalités légales

Un double de l’acte constitutif a été déposée au greffe de la justice de paix de Pont-à-Mousson, le 11 février 1921, et à la préfecture de Meurthe-et-Moselle, le 11 février 1921.


Le président           Le secrétaire 

LHUILLIER              G. CALLET

27/01/2024

Vandieres 1919 partie 1

L’éclair de l’est du 14 septembre 1919.

Un anniversaire.

On nous écrit de Vandières ;

Il y a un an exactement, nos amis les Américains nous démontraient par la preuve la plus probante et la plus retentissante que tous les canards allemands de la gazette des Ardennes, mentaient dans leurs affirmations fines et spirituelles à la boche sur la situation inoffensive des armées américaines.

 Ah! il y a un an exactement, ce jour là, les Allemands ne pouvait plus nous dire à nous envahis et prisonniers français que les Américains n’avaient pas tous un fusil et que leur artillerie n’existait pas. Tout cela donnait, marchait, tonnait sur tout le front de Pont-à-Mousson à Thiaucourt et Vandières recevais sa large part. J’étais sous la distribution. Dans l’après-midi du 12 septembre, la situation était tellement perdue pour les Allemands qu’ils se hâtent, suivant leurs habitudes barbares de faire sortir du village tous les habitants, les chassant du côté de Metz.

Le 13, il n’y avait plus personne, que les morts asphyxiés dans les caves, et quelques escouades de soldats allemands, ramenés de l’arrière et se préparant à résister à une offensive très prochaine.

C’est en se faufilant de grange en grange avec une de ces escouades que l’abbé Rombard de Pagny, pu arriver jusqu’à une cave ambulance où il devait trouver une mère de famille mourante et où il y avait, morts asphyxiés dans la nuit précédente, le père et ses cinq enfants.

La mitraille tombait partout, c’était un arrosage en règle, les éclatements se distinguaient à peine les uns des autres, le bruit venait de partout, le sifflement des obus, le crépitement des éclats sur les objets environnants, les toitures s’effondrant, les maisons, s’écroulant avec fracas, c’était infernal. Mais à quoi bon dire tout cela, c’était le commencement de la victoire finale et de la délivrance. Aussi personne ne gémissait, ne se plaignait. Tous ces pauvres habitants de la campagne, abandonnant tous, perdant tout, exposés à tous les dangers les plus graves, acceptaient tout avec l’espérance que bientôt l’ennemi repasserait les frontières, poursuivi par les soldats de France et d’Amérique.

Le village de Vandières prouve comme tant d’autres, par ses ruines, que la victoire a coûté cher, mais les habitants supportent avec courage le séjour dans ses ruines. Ils avaient espéré une reconstitution plus rapide, des réparations plus complètes, mais tout ce qui touche aux reconstructions à sommeillé pendant l’été. Heureusement que depuis quelques semaines, le service des travaux de première urgence (STPU) a fait un effort considérable à Vandières. Les maisons sont en grand nombre recouvertes. Il n’en reste plus que quelques unes qui auront leur toit pour l’hiver. Les amoncellements de ruines sont mises en ordre, les rues sont désencombrées, l’église a son toit de carton bitumé et ses fenêtres closes par des toiles. Toutes les maisons en souffrance auront bientôt ces réparations de première urgence, grâce à l’activité de M. Lavigne, chef de district, et de M. Mangin, entrepreneur secondés avec intelligence par M. Lamy, surveillant des travaux de Vandières.

Ce premier anniversaire, encore bien embrumé de bien des déceptions, nous fais espérer cependant pour l’année prochaine une situation normale.



Les victimes évoquées dans l'article  habitaient rue Magot (aujourd'hui rue Saint Jean). 

Il s'agit de Ferdinand Eugène Bazin et de ses 5 enfants, René Hippolyte 17 ans, Aimé 12 ans, Marie Thérèse 8 ans, Henri 5 ans et Anne Cécile 2 ans.

La mère de famille mourante est Emelie Palmyre Derelle épouse Faverolle. Elle est décédée a cause des gaz de combats le 12 septembre à Moulins Les Metz lors de son évacuation. Trois de ses enfants sont morts avec elle, Eugène Jean 4 ans, Jeanne Marguerite 8 ans et Albert Eugène 10 ans.

Cette famille a fait l'objet d'un article dans Nos Villages Lorrains N°173.

21/01/2024

Mort d'un soldat americain

" L'an mille neuf cent dix neuf, le vingt neuf  juillet, à quatre heures du soir, nous avons constaté le décès d’un individu du sexe masculin dont l’identité a été reconnu pour celle de Private Joseph Pezzullo, 152 dépôt brigade, infanterie, camp (illisible)  New Jersey ou M. Co 328th infanterie camp Jordan Atlanta Georgia, soldat américain, dont la mort paraît remonter au mois de septembre 1918, lors de l’attaque du village.  Dressé le 30 juillet 1919 à neuf heures du matin, en présence de Glatigny Lucien, 49 ans, instituteur et de Charles Single 72 ans, garde champêtre tous deux domicilié à Vandières, qui lecture faite ont signé avec nous, François Pinot, maire de Vandières." 

Le soldat Joseph Pezzulo faisait bien partie de la compagnie M du 328ème régiment d'infanterie qui a pris part aux combats pour la libération de Norroy le 12 puis de Vandières le 15 septembre 1918.

Ce régiment fait parti de la 82ème division de l'American Expeditionary Forces qui avec la 90ème division ont pris part au combat pour la libération du saillant de Saint Mihiel à partir du 12 septembre 1918.

Joseph Pezzulo a été enterré au cimetière de Vandières avant d'être déplacé au cimetière de américain de Thiaucourt en novembre 1919.

Le corps est à nouveau exhumé le 23 janvier 1922 et renvoyé aux Etats Unis par le bateau "Cambrai" vers Hoboken (New Jersey) ou il sera remis aux services de pompes funèbres de Providence (Rhode Island) ou réside sa mère Victoria Pezzullo.




Nos villages lorrains N°174


 Sommaire du nouveau numéro.

La revue est en vente au numéro à la boulangerie Rousseau à Pagny sur Moselle

Vous retrouverez mes articles à partir du prochain numéro.

24/11/2023

Procès en 1852

 Chronique judiciaire.

___________


Tribunal correctionnel de Nancy.


Audience du 23 avril 1852. Messieurs Berlet, vice président, Granier, substitut.


CHASSE – TEMPS PROHIBÉ – BÊTES FAUVES – GRUES –PROPRIÉTAIRE .


Les grues, lorsqu’elles s’abattent par bande sur des champs ensemencés, et les dévastent, doivent être assimilées aux bêtes fauves, qu’au terme de l’article 9.3 de la loi du 3 mai 1844, les propriétaires ont le droit de repousser et de détruire en tout temps, même avec des armes à feu, quand elles causent du dommage à leurs héritages.

En conséquence, le propriétaire qui, en temps prohibé, tire un coup de fusil sur une bande de grue, qui dévaste son champ ensemencé, ne commet pas un délit de chasse, alors surtout qu’il laisse sur place une grue qu’il a tué. Il apporterait peu d’ailleurs que cet animal eût été trouvé ultérieurement en sa possession.


Ministère public contre Compas.— JUGEMENT .


Le tribunal : attendu que, dans la journée du 20 mars dernier, à Vandières, Étienne Compas, menuisier, père de sept enfants, ayant appris qu’une bande considérable de grues s’est abattue sur un champ qu’il avait ensemencé de blé pour nourrir sa famille, et le dévastait depuis plusieurs jours, s’y rendit armé d’un fusil dans l’intention de les faire partir et de les empêcher de revenir.

 Qu’en effet, il tira sur cette troupe de grue un coup de fusil qui en tua une, puis il se retira sans emporter cette grue qu’il laissa sur place.

Attendu qu’un fait de chasse comporte l’intention et a pour but de la part du chasseur, d’appréhender et de s’approprier l’animal sauvage qui en est l’objet, ce qui ne se rencontre pas dans la cause actuelle.

Attendu aussi que les grues voyageant en bande sont des animaux nuisibles et destructeurs pour les propriétés sur lesquelles elle s’arrêtent, témoin la plaine de la Sologne, dévastée par elle en octobre 1753.

Attendu, dès lors que le fait poursuivi à la charge d’Étienne Compas, constitue bien moins un  acte de chasse de sa part, que l’exercice du droit de légitime défense de sa propriété, dans le sens du § 3 de l’article 9 de la loi du 3 mai 1844, qui permet « aux propriétaires ou fermiers de repousser, ou de détruire, même avec des armes à feu, les bêtes fauves qui porteraient dommages à sa propriété.

Attendu enfin que si, postérieurement au fait dont il s’agit, un employé du chemin de fer de Vandières, ayant trouvé la grue, tuée par Compas, et la lui ayant rapportée, celui-ci l’a reçue et en a disposé à son profit, c’est là une circonstance indifférente en elle-même. Quelle est, au surplus, en dehors, du fait principal et, par conséquent, ne peut pas rétroagir sur lui pour déterminer une condamnation ruineuse, que repousse une sage interprétation de la loi, au double point de vue de la raison et de l’humanité.

Par ces motifs, renvoie Étienne Compas des fins des poursuites dirigés contre lui.

Publié dans le Journal des chasseurs octobre 1851 septembre 1852