08/11/2024

Coups à la ferme de Moulon

 Dans l'est républicain du 14 juin 1912, on lisait dans la chronique départementale en page 4 :

Vandières - Coups

M. Emile Chardebas, cultivateur à la ferme de Moulon, pour réparer un grillage, était monté sur une échelle, lorsque survinrent les frères Lucien, René et Louis Vinckel.

Ils le firent tomber et le frappèrent à coups de poing et de pied.

Les frères Vinckel ont été également frappés par Chardebas, qui se défendait.

Deux familles vivent à la ferme de Moulon en 1912 :

Marie Forfer 48 ans, veuve de Dominique Vinckel  et ses quatre enfants :
Louis Nicolas 27 ans
Maria 22 ans
René 20 ans
Alice 16 ans 
Lucien 24 ans n'est pas recensé avec eux.

Emile Marcel Chardebas 34 ans, Augustine Pierson, sa femme  33 ans et leurs quatre enfants :
Jeanne 8 ans
Louise Marcelle 6 ans
Suzanne 4 ans
Renée 2 ans








03/11/2024

Musee de l'annexion à Gravelotte

 En complement des articles sur les cérémonies de Mars La Tour, je vous invite à visiter le musée de l'annexion, seul musée consacré à la guerre de 1870 et à ses conséquences dans la vie de nos ancêtres.

Ce musée est très complet en pièces de toute nature, armes uniformes mais aussi tableaux.





Vous pouvez suivre la route des monuments Allemands jusqu'à celui de Mars La Tour.




01/11/2024

Les disparus de Morhange



L’éclair de l’est du 17 août 1919.

Les disparus de Morhange 


II est rappelé aux parents qui désireraient avoir des renseignements sur leurs enfants morts ou disparus à la bataille de Morhange, de s’adresser à la mairie de Morhange. 

La mairie a centralisé toutes les listes des soldats identifiés des villages où étaient engagés les régiments français lors de la bataille des 19 et 20 août 1914. 
De cette manière, beaucoup de démarches et demandes pourront être épargnées aux parents et par le fait, les parents et amis des disparus de Morhange pourront être fixés sur le sort de leurs enfants, tant que ces derniers ont pu être identifiés. Il est vrai qu’une grande partie de ces héros n’ont pas été reconnus, vu qu’ils furent inhumés par les Allemands, et combien de personnes ignorent aujourd’hui encore le lieu d’inhumation de leurs chers morts, tandis que le moindre indice peut parfois aboutir à l’identification. 

Beaucoup de parents n’ont pu être prévenus, car les soldats identifiés souvent à grand peine (les Allemands empêchaient toute manière d’identification) par les maires, secondés de vaillantes personnes, ne figurent sur ces listes qu’avec nom et prénoms, régiment, compagnie et matricules sont souvent et en plus grande, partie inconnus. 
La mairie de Morhange donnera à tous les parents qui en feraient la demande tous les renseignements qu’elle a pu recueillir sur ce point bien délicat. 


Parmi ces disparus se trouve un enfant de Vandières, Alfred François HIRTZ, dont j’ai détaillé la vie dans Nos Villages Lorrains Nº166. 


Il est né le 7 octobre 1883 à Vandières rue Magot (actuelle rue Saint Jean) au domicile du couple Nicolas HIRTZ et Marie Catherine FORGES.

Son père est originaire de Hettange Grande en Moselle et sa mère de Vandières. 
Mariés à Vandières le 9 mai 1882, ils ont rapidement deux enfants Alfred né en 1883 puis Camille né en 1887 à Nancy. 

Nicolas HIRTZ est agent de police à Nancy et devient veuf en 1895 à l’âge de 39 ans. 
Il changera plusieurs fois de domicile à Nancy , jusqu’à son décès le 26 mai 1929 , rue des jardiniers. Il est alors gardien de la paix retraité âgé de 73 ans.  


Alfred François HIRTZ se marie à Nancy le 5 décembre 1908 avec Suzanne Augustine PICARD. Le couple s’installe Rue Michelet. Il travaille comme imprimeur chez Berger-Levrault, entreprise située rue des glacis dans le centre de Nancy. 

Ils ont deux enfants, André né en 1909 et Pierre né en 1912. 

Le 2 août 1914 tous les hommes en âge d’être mobilisés endossent l’uniforme bleu et garance pour contrer les premières offensives allemandes. 

Alfred est sergent réserviste et rejoint le 79ème régiment d’infanterie avant d’être envoyé en première ligne dès le 14 août à Réchicourt La Petite en Meurthe-et-Moselle et Bezange La Petite en Moselle.
Le 79ème régiment d’infanterie fait partie de la 11ème division du 20ème corps d’armée.  

Les 19 et 20 août a lieu la bataille de morhange où le 79eme régiment est engagé à Koeking,  Lidrezing et Lidrequin.  
Les combats, très meurtriers, durent 2 jours avant que le général De Castelnau ordonne la retraite. Le 20ème corps se replie vers Varangeville et la ligne de la Meurthe. 

Le 79ème régiment d’infanterie reprendra les combats le 26 août après avoir repassé la Meurthe.  Il attaque l’ennemi de Rosières aux Salines jusqu’à Deuxville pour un sursaut victorieux dans la bataille du Grand Couronné et la préservation de Nancy. 
Alfred François HIRTZ est tué le 19 août devant Morhange  mais ne sera déclaré mort pour la France que le 14 février 1921 par le tribunal de Nancy, décision qui sera retranscrite à l’état civil de Nancy le 12 mars tenant lieu d’acte de décès.

Il n’y a pas d’autres précisions sur les conditions de sa mort. 
Un avis mortuaire paraît dans l’Est Républicain du 3 février 1915 laissant entendre que c’est à cette date que la famille a appris le décès d’Alfred par l’intermédiaire de La Croix Rouge. 

Son corps a été inhumé dans une tombe collective à  Conthil avec les 37 soldats du 37ème régiment d’infanterie morts lors des terribles combats des 19 et 20 août 1914 devant Morhange. 
Leur officier, le capitaine Georges De Fabry, tué le 20 août repose dans une tombe individuelle au même endroit. 

Par jugement en date du 2 octobre 1918 , le tribunal civil de Nancy a décidé que la nation adopte les mineurs Pierre et André HIRTZ. 
Son nom ne figure pas sur le monument de Vandières mais sur le monument de la nécropole de Conthil. 


Les pertes françaises lors de cette bataille sont évaluées à 5000 tués et 15000 blessés laissés aux mains des allemands faute de pouvoir évacuer un si grand nombre de victimes et à une retraite très rapide. 
















28/09/2024

Complement à Nos Villages Lorrains 177

 


En complément du prochain numéro de Nos village Lorrains, j'ajoute des photographies de la famille Grill que m'a envoyé Jean Pierre Grill (petit fils d'Emile Jean Grill).

La première à été prise devant le café Gril situé route nationale à Dieulouard, aujourd'hui le siège d'une pharmacie.


Sur la seconde on reconnait Emile Jean Grill et son épouse à la veille de la première guerre mondiale.


Un grand merci à Jean Pierre et Jean Sébastien Grill pour leur collaboration.

25/09/2024

Nos villages Lorrains Nº177


 Sommaire du numéro 177 qui va bientôt paraître 

Vous y trouverez le récit de la vie de Emile Jean Grill , héros de la première guerre mondiale, mort pour la France au début de la seconde ayant habité à Vandieres. 

24/09/2024

L'anniversaire de la bataille de Mars-La-Tour (partie 5)

 


L’éclair de l’est du 17 août 1919

La cérémonie patriotique de Mars-la-Tour

La cérémonie traditionnelle de Mars-la-Tour n’a pas eu cette année, le même aspect qu’avant la guerre, ni la même ampleur. Il faut néanmoins féliciter M. l’abbé Gigleux, le successeur de M.  le chanoine Faller au presbytère de Mars-la-Tour, d’avoir voulu revivre la tradition et d’avoir après cinq années d’interruption, réussi à amener au pied du monument une foule qui, si elle a été moins nombreuse qu’autrefois, n’en a pas moins fêté avec magnificence  le pieu et héroïque anniversaire. Mars-la-Tour n’est plus le Mars-la-Tour d’il y a cinq ans.
Avant la guerre, la frontière était à deux pas, et les lorrains de l’autre côté se faisait une fête de venir manifester librement leurs sentiments français de ce côté. Comme ils étaient heureux, lorsqu’ils avaient dépassé, le poteau frontière, sur lequel l’aigle noir faisait une tache sombre, comme une tache de deuil, comme ils étaient heureux, lorsque le casque à pointe du gendarme ou l’ignoble, casquette plate du douanier boche était hors de vue, comme ils étaient heureux de rire à leur aise, d’arborer les cocardes tricolores, de crier de tous leurs poumons, des vivats en l’honneur de leur vrai patrie.

Mars-la-Tour, pendant cinq ans, a été occupé par les Allemands. On voit encore dans les rues des traces de leur passage et sur les murs de nombreuses inscriptions allemandes. Ils ont volé maints objet dans ce superbe curieux musée que le vénéré chanoine Faller avait pieusement organisé. 
Comme nous le disions, au début de ce compte rendu, la fête d’hier a été bien réussie, mais sous un aspect différent de celui d’avant-guerre. Ce ne sont pas seulement les souvenirs de l’année terrible que l’on évoquait, mais l’actualité brillante de la revanche et du droit enfin vainqueur de la force brutale.

Les personnalités

Parmi les personnalités nombreuses qui étaient venues se mêler à la foule, pour prendre part à ces fêtes du souvenir, nous avons noté :
Monseigneur Ruch, évêque de Nancy, le digne successeur du grand évêque de la frontière, dont la voix puissante se fit entendre si souvent, à la tour en par circonstance. Messieurs De Wendel, député de Briey, Massoni, sous-préfet de Briey, Roland, secrétaire général de Metz, représentant M.  Mirman, Humbert, conseiller général de Chambley, le commandant Begard, du 20e bataillon de chasseurs à pied, Jean, du souvenir français, de Metz, Samain, président de la Lorraine sportive, le capitaine Taulay, président de l’œuvre de Mars-la-Tour, Stef, conseiller d’arrondissement de Thiaucourt, Odile, président des prisonniers de guerre de 1870, Kélien, président du groupe, Margueritte, Seners, maire de Mars-la-Tour, Prevel, maire de Metz.

L’office religieux

Le cortège officiel se format à la mairie, pour se rendre à l’église, précédé de la fanfare du 20e bataillon de chasseurs à pied, des drapeaux de différentes sections de vétérans et de celui de la Lorraine sportive. L’office religieux fut célébré par monsieur l’abbé Gigleux, curé de Mars-la-Tour. Après la messe, Monsieur l’abbé Durand, supérieur du petit séminaire diocésain, monta, en chaire et prononça , le magnifique sermon suivant :
Vox sanguinis clamat
C’est la voix du sang versé qui vous jette son cri, grâce à Dieu et le ciel en soi béni, les heures tragiques sont passées, nous sommes revenus de nos craintes et de nos angoisses, nos plus chères  espérances ont été réalisées, nous tenons la victoire et la paix. Appelé par votre cher et dévoué pasteur à prendre la parole dans cette cérémonie patriotique et religieuse, en ce jour anniversaire des combats de 1870, qui en sauvant l’honneur de la France, préparèrent et sauvegardaient son avenir, près des tombes des anciens héros, qui ont fait passer leurs âme vaillantes dans celle de leurs enfants, pendant cette messe solennelle offerte pour le repos des âmes des soldats morts victimes de l’une ou de l’autre guerre, je n’ai pas cherché longtemps le sujet que je traiterais devant vous, dans le cours espace de temps dont je dispose, il s’offrait et s’imposait naturellement à moi, et sans le moindre effort, la pensée m’est venue de vous rappeler, ce que nos vaillant soldats tombés sur les champs de bataille, ceux d’autrefois et ceux d’hier, car je ne veux pas les séparer dans les hommages religieux de ce jour, on fait pour nous ce que nous devons faire pour eux.

Mais avant de commencer, je me reprocherais de ne pas saluer respectueusement au nom de tous les membres ici présent des familles douloureusement et glorieusement éprouvées, par la mort des braves dont nous nous honorons aujourd’hui le souvenir, les autorités de cette ville, les hautes personnalités civiles et militaires, les sociétés patriotiques, les anciens combattants, qui, pour rendre cette honneur, à nos morts, se sont joint à nous dans une commune et sincère confraternité. Pourrais-je oublier nos frères, retrouvés au-delà de l’ancienne frontière, qui sont sans doute nombreux dans cette enceinte, de plein cœur, je les salue.
Pourrais-je aussi, ne pas donner un souvenir ému à la mémoire de cette belle figure de prêtre lorrain, du chanoine Faller, curé de cette paroisse, qui ne vécu que pour son église, et pour ce musée où il recueilli, avec un soin si précieux et si touchant les moindres souvenirs de nos anciennes batailles.

Ai-je besoin de dire que nous sommes tous heureux que Monseigneur L’évêque de Nancy, demain celui de Strasbourg, qui ne compte jamais avec le travail et la peine ait bien voulu accepter de présider cette cérémonie. Personnellement, je n’ai qu’un regret, c’est qu’il n’occupe pas personnellement cette chair, lui si qualifié, en tant de titre, pour porter ici la parole, digne successeur du grand évêque de la frontière, dont les collines voisines conservent encore l’écho de l’éloquence enflammée et des accents vibrants, du plus religieux et du plus pur patriotisme.
Ce que nos morts ont fait pour nous, nous ne le saurions bien que si nous avions été chaque jour de l’une ou de l’autre guerre, les témoins des dangers qu’ils ont couru, des privation de toutes sortes qu’ils ont supporté, des souffrances physiques et morales, qui ont précédé leur dernière immolation. Mais qu’importe après tout que les détails de leur vie militante, nous échappent ! Qui saura jamais, d’ailleurs, dans ces guerres des surprises, dans ces luttes pied à pied, ce qu’a fait de courageux et héroïque, chaque chef et chaque soldat. Ce qui paraît manifestement, ce qui est hors de doute, Ce que tous ont été prêts, je ne dis pas seulement à tous les devoirs, mais à tous les sacrifices. C’est que chacun a été aussi grand que les circonstances l’ont demandé. C’est que le danger a exalté leur vie en les faisant supérieur à la mort, c’est que tous se sont donné sous les balles, les obus et la mitraille, ou dans les et les dangers des ambulances ou dans les dures prisons de l’Allemagne, de véritables âmes de héros. Et ce faisant, ils nous ont laissé la plus éloquente des leçons, celle de l’abnégation et du dévouement. L’abnégation et le dévouement, la mort n’a fait chez eux que les consommer en les couronnant. Il semble qu’on ne puisse rien accomplir de plus pour une cause que de lui donner sa vie. Sans doute s’il n’y avait pas d’abord, à commencer par vivre et par souffrir généreusement pour elle. Et nos morts, nous l’ont appris avec une maîtrise victorieuse et c’est la répétons-le, une grande et opportune leçon.  Les hommes ne manquent pas dans l’histoire, pour qui la course à la mort, a été comme une sorte d’ivresse, il y a, paraît-il, à certaines heures, dans l’isolation totale de soi-même, un tel breuvage, de gloire, qu’on l’absorbe en un instant  sans presque y goûter, mais quand il faut savourer de longues heures, des jours et des nuits, des mois, des années même, sous le soleil, brûlant, sous la pluie, ou la neige glacée, dans la boue gluante des tranchées, sous la rafale des balles et de la mitraille, l’amer et long sacrifice qui prépare la mort à chaque instant possible, songeons, à la force morale, à l’énergie prodigieuse que suppose une telle attente pour ne pas défaillir !
Et quel enseignement pour nous tous ! Merci donc à nos morts pour cet enseignement, merci pour cette leçon de courage héroïque qu'il nous ont donnée. Merci aussi pour la grande part qui leur revient incontestablement, d'abord dans la résistance à la poussée allemande, première condition et prélude de la victoire, totale elle-même. Grâces leurs soient rendues, leurs sacrifices ont abouti au salut et à la gloire de la France; à l'effondrement du plus haut rêve d'orgueil, à la défaite de l'injustice de la barbarie et au triomphe du droit dans le monde.
Voilà en très raccourci, en quelques mots très brefs l'œuvre de nos morts. Après ce qu'ils ont fait pour nous, écoutons ce que nous devons faire pour eux. Il me semble que ces vaillants attendent de nous dans leurs tombes, trois choses, un hommage d'abord, ensuite la résolution ferme d'imiter leur courage, enfin une prière.

Un hommage d'abord : celui de toute notre admiration pour leur courage inlassable pour leurs suprêmes sacrifices, pour leur mort héroïque, pour leur gloire si pure. Ils ont par tout cela, tant honoré notre pays, et souvent notre foi, sauvegardé de si grands intérêts, excité tant de vertu, si largement contribué à la défense et au salut de la France, qu’il mérite bien, ces rédempteurs de la patrie, un peu de la vénération et du culte que nous avons pour nos saints.
Ceux qui ont fait la France, et ses lointaine origines, ceux qui l’ont protégé durant des siècles, ceux qui la rachète aux époques de grande tourmente, comme celle que nous venons de traverser, rattachant tant de gloire nouvelle au rayonnement de tout le passé déjà si glorieux, ne sont-ils pas de la même grande famille héroïque ? C’est pour cette raison que les tombes de nos soldats méritent, comme nos autels, une sorte de culte national. Nous pouvons en être fier et à bon droit, et rien n’est plus convenable que nous suspendions aux croix funèbres de nos héros, des couronnes bénites, symboles, tant à la fois de notre gratitude et de notre admiration. 
Honneur donc à nos morts de Mars-la-Tour, de Gravelotte, de Sainte Marie-aux-Chênes, de Saint-Privat. Honneur nos morts de la Marne, de l'Yser, de la Somme, de l'Aisne, à de Verdun, du Bois-le-Prêtre, de la Lorraine, de tous nos champs de bataille d'Amiens, aux Dardanelles, saluons-les avec le plus profond respect, à tous nos hommages émus et reconnaissants.
Mais acclamer des héros ou des saints, c’est peu en définitive pour leur gloire, c’est peu surtout pour notre devoir. Il n’y a qu’une façon vraiment efficace d’honorer les morts, de pratiquer leurs vertus, c’est de bien remplir les charges de l’héritage qu’ils nous ont laissé, à côté d’autres hommages, ils ont droit à celui de nos efforts généreux. il s’agit donc moins pour nous de célébrer leur grandeur et leur mérite  que d’être après eux, et sur leurs pas, ce qu’ils  furent, c’est-à-dire, des vaillants, des patients et des forts. Tous les théâtre d’action sont bons pour pratiquer ces vertus. La guerre a fourni à nos soldats des occasions sans nombre. Mais tous, quelque soit notre condition, n’avons nous pas des actes multiples, de résignation, de patience, de courage à notre portée ? Pas un dévouement, à Dieu, pas un dévouement à notre pays, pas un dévouement à nos frères, qui ne soit resté d’actualité. Contemporain de temps d’exemples, de bravoure et d’héroïsme, ne nous dérobons pas à leur suggestion.

Partout où la providence nous a voulus et placé, dans le foyer modeste de notre famille, dans l’accomplissement de notre tâche quotidienne, montrons-nous, digne, par notre esprit, de renoncement et de sacrifice, et par notre générosité, d’avoir été choisi en quelque sorte, comme les légataire de temps héroïsme, qui dorment par milliers dans nos campagnes et nos cimetières de France.
« pratiquons, disait-il, il y a quelques temps et très simplement, notre glorieux généralissime, pratiquons dans la paix, comme dans la guerre, la grandeur, des forces morales. Enfin, à l’hommage à nos morts, de toute notre admiration et de nos efforts généreux pour leur ressembler le moins mal possible, nous ajouterons le vrai tribut de la reconnaissance chrétienne, je veux dire nos fraternelles prières qui sont plus qu’une aumône à faire, mais une dette à nos défenseurs, la dette de leur sans répandu, pour nous, dette, sacrée que rien ne remplace, ni les discours, ni les fleurs, ni les couronnes sur leurs tombes.
Et quoi, dira-t-on quand on les a vus si grands au sacrifice, et comme purifiés par la vertu de leur mort héroïque, ont ils donc encore besoin de nos suffrages et de nos prières ? Et que peut il manquer dans l’autre vie à leur bonheur ? À vrai dire nous craignons peu pour le salut du soldat qui meurt pour la plus sainte des causes qui tombe après avoir fait à ses frères la charité suprême de sa vie. Mais hier, ils étaient des hommes pêcheurs comme nous le sommes, encore couvert à tout le moins des poussières de la vie, que le passage de la mort ne suffit pas toujours à laver. 
Ils attendent de votre charité, et n’attendent que d’elle, la purification parfaite de la robe immaculée que doivent porter les élus sur la tunique, même des héros. Que nos prières et nos sacrifices montent donc pour eux vers le trône de la divine miséricorde, afin de délivrer nous-même, s’il en est besoin, nos rédempteurs en vertu de cet admirable et consolante communion des saints, qui prolonge jusque dans l’éternité, les services mutuels que se rendent les âmes chrétiennes. Quel merveilleux échange nous permet notre saint religion ! À ceux qui nous ont gardé la patrie et la terre, nous pouvons ouvrir les portes de la patrie du ciel.
Je me rends bien compte que j’ai dit fort peu de choses, du grand sujet, que j’avais entrepris de traiter devant vous, je vais finir cependant, ne voulant pas mettre trop longtemps à l’épreuve, votre bienveillante attention. Nos morts sont des morts qui parlent et qui parlent avec éloquence du sang versé pour vous. Vox sanguinis clamat. On a déjà souvent répété ce mot de folie sublime jeté par un de nos soldats, sur une tranchée de Verdun : debout les morts. Ce mot, nos morts semblent vous le retournez : debout les vivants. Debout pour agir et agir virilement. Nous nous sommes acquittés de notre tâche, à vous de prendre la suite et de vous acquitter de la vôtre afin de maintenir notre cher pays aux cimes glorieuses où nous l’avons élevé, afin d’ achever l’œuvre pour laquelle nous sommes morts. Comme l’arbre séparé d’une partie de ses branches repousse plus vigoureusement, il faut que la race nouvelle, ébranchée de nos vies reverdisse plus forte que jamais, plus digne de l’estime et de l’admiration du monde et de l’amour de son Dieu.
Vous, qui vivez, remplacez et continuez ceux qui ne sont plus, et puisque les ouvriers sont moins nombreux, n’est-il pas tout indiqué qu’ils travaillent d’avantage. Il faut donc que nous vivions une vie plus intense et meilleure que par le passé, une vie semblable à celle de nos morts, avec ses énergies, ses vaillances, ses luttes et son souci de vaincre. Une vie haute et noblement  ambitieuse, dégagée de toute capitulation, passant au travers de tous les obstacles, et s’en allant tout droit, toujours jusqu’au bout dans le devoir. À l’appel de nos morts, nous répondrons : nous sommes fiers de votre héritage, et nous voulons que vous soyez fiers de vos héritiers.
Recueillons-nous maintenant mes frères, dans une bonne et fervente prière. À nos morts de l’une et de l’autre guerre, de celle qui nous laissa avec l’honneur et l’espérance et de celle qui nous obtint la plus triomphante des victoires à ces vaillants qui donnèrent si généreusement leur vie pour leur pays, nous léguant l’exemple de la fidélité inébranlable au devoir jusqu’à l’héroïsme. Dieu de la justice, mais aussi de la bonté et de la miséricorde, Dieu, qui pesez les fautes, mais aussi les sacrifices, et les dévouements, donnez, nous vous en supplions, de toute la foi et de toute l’énergie de nos âmes, l’éternel et doux repos de notre ciel. Dona eis requiem sempiternam. Amen.   

Au monument

A l'issue de la messe, le cortège se rendit au monument où Mgr Ruch donna l’absoute, M.  De Wendel, député prît alors la parole, il exprime tout d'abord les regrets de M. Lebrun, ministre des régions libérées, qui n'a pu assister à cette belle manifestation. Puis il prononce l'éloquent discours suivant :
Messieurs les représentants du gouvernement, des autorités militaires, M. le maire de Metz, M. le maire de Mars-la-Tour, Monseigneur, Messieurs, ce n'est pas sans une réelle appréhension, je ne le cacherai pas, que j'ai répondu à M. le maire de Mars-la-Tour lorsqu'il m'a fait le très grand honneur de prier de présider la fête d'aujourd'hui et me de trouver les mots exacts pour traduire l'émotion que nous éprouvons tous au moment où, pour la première fois après la victoire, nous nous trouvons réunis au pied de ce monument élevé en l'honneur des vaincus de 1870.
Cette émotion que partage toute la France est en effet avant tout celle de toute la Lorraine, de la Lorraine restée française où l'on ressentait peut-être plus vivement que dans toute autre province, la blessure faite à la mère Patrie, aussi bien que la Lorraine hier encore annexée, asservie mais non soumise, qui pendant quarante huit ans, a payé avec l’Alsace la rançon de la France et attendu dans le deuil l’heure de la délivrance. 
Mars-la-Tour, un nom qui sonne comme un coup de clairon. Mars-la-Tour était la fête des Lorrains, des annexés comme des Français. C'était la fête des frères de Metz de Thionville, de Gravelotte, de Saint Privât, qui montaient le 16 août, en longues théories. Pères, mères, enfants célébraient la France et la liberté. C'était aussi celle des gens de Briey, d'Audun, de Conflans, de Thiaucourt, d'Etain qui accouraient au-devant d'eux avec les soldats de la célèbre division de fer, les défenseurs de Toul et de Verdun. Pendant quarante ans, on s'est retrouvé dans le regret du passé mais aussi et surtout dans l'espoir de la revanche. Alors même que les discours respectaient certaines convenances diplomatique, on sentait que cet espoir était au fond des cœurs. Comment, quand cela se produirait-il ? On ne le savait pas très bien. Mais on avait le sentiment instinctif que cela devait être, qu'un jour viendrait fatalement où l'orgueil allemand viendrait à bout de la patience française et que ce jour là on les aurait, et le soir en s’en allant, Français et Lorrains annexés communiaient dans une même pensée et s’en allaient réconfortés.
La France pense-t’elle encore à nous ? Combien de fois n’ai-je pas entendu poser cette question de l’autre côté de la frontière, avec une angoisse dans les yeux interrogateurs. 
Mars-la-Tour, c'était la réponse affirmative. Oui, la France n'était pas aussi distraite de ses devoirs, oublieuse de ses traditions que pouvaient le supposer ceux qui la voyaient simplement à travers ses querelles politiques.
Les Lorrains patriotes qu'on voyait accourir de la Meuse, de la Meurthe et des Vosges sans distinction d’opinions étaient bien la meilleure preuve que l'union sacrée se ferait au jour du danger !...
Et tandis qu'elle rassurait les annexés, la fête de Mars-la-Tour entretenait non seulement chez les Lorrains mais chez tous les Français, le culte du souvenir.
On y venait de tous les coins de notre sol.
On y revivait ces journées d'août 1870 où la fortune hésita, où la victoire s'échappa parce qu'on ne sut pas la saisir. L’étude même de ces journées montrait que le vainqueur n'était pas invincible et on repartait de là plus conscients des véritables intérêts de la France, plus confiants dans ses doctrines, on en repartait plus Français. 
La France a triomphé. La victoire est venue. Appelée par Clemenceau, forcée par le génie de Foch, les armées de la République, la victoire est venue plus complète qu'aucun de nous ne l'avait peut-être espéré. L'Alsace et la Lorraine sont à nouveau françaises.
Notre premier devoir en ces jours de triomphe, et les organisateurs de la fête d'aujourd'hui l'ont compris, était de renouer la tradition d'avant-guerre, et de commémorer ceux qui, en 1870 à Rezonville à Saint-Privat, à Mars-la-Tour, avaient sauvé l'honneur.  Il était plus encore de célébrer les héros qui nous ont, quarante-huit ans après, apporté la grande réparation.
Ils ont montré au monde, ces héros, que cette France, que certains croyaient divisée, dégénéré, était encore la grande nation, et que lorsqu’elle était attaquée, elle savait se défendre et donner tout son sang pour le droit et la liberté.
Ils ont montré qu’un siècle, ne change pas une race, et que les poilus de la grande guerre, les soldats de Pétain, de Castelnau, de Gouraud, de Mangin, ne le cédaient en rien aux grands ancêtres, aux volontaires de Valmy, aux grognards d’Austerlitz, aux conscrits de 1813. 
Aux sceptiques, aux craintifs, qui, au début de la guerre, hochaient la tête et demandaient si nous allions à la victoire, ils ont immédiatement répondu, le grand couronné, la Marne. Puis, pendant plus de quatre ans, les fronts se sont stabilisés. Ils ont connu les marécages de l’Yser, les attaques d’Artois et de champagne en 1915, les angoisses et l’enfer de Verdun, les rudes de combat de la Somme, les difficultés de 1917, les formidables offensives de 1918.
La guerre a été longue, elle a été dure, terrible, et cependant, à aucun moment, même aux heures les plus critiques, ils n’ont pas douté de la victoire, confiant qu’ils étaient dans la justice de leur cause, dans le concours loyal de nos alliés, confiant, surtout dans les miracles qu’ils se sentaient capable d’accomplir.
Honneur à eux !.
Il nous reste encore à compléter leur œuvre. La France est victorieuse, c’est entendu, elle connaît, peut-être plus de gloire qu’elle n’en a jamais connu, et nous sommes dans la joie du retour de nos frères d’Alsace et de Lorraine. Mais ce serait fermer les yeux devant l’évidence que de ne pas voir quel sort meurtrie de cette lutte terrible, où elle a sacrifié sans compter les meilleurs de ses enfants. 
Ici, même, à Mars-la-Tour, devant nous, c’est le pillage, la ruine. À côté de nous, ce sont Saint Julien les Forges, Onville, Dampvitoux, plus loin, à Verdun, à Saint Mihiel, et, d’un bout à l’autre du front, de Belfort, jusqu’à la mer, c’est destruction complète, c’est le désert, c’est le désastre
Désastre, fièrement, courageusement, supportée par ceux qui en sont les première victimes, mais désastre néanmoins. Ce désastre, la loi, la France entière a promis de le réparer, et je tiens à en renouveler ici l’assurance à tous ceux qui m’entourent : envahis, réfugiés, évacués de notre malheureuse région. Mais je croirais mal traduire la pensée de ceux qui sont honoré ici, si je n’insistais pas, au cours de cette fête, patriotique, sur la nécessité de continuer leur œuvre, en relevant nos ruines, et pour cela de rester unis dans la tâche pacifique, qui sera l’œuvre de demain, comme ils l’ont été dans la lutte contre l’envahisseur.
Là-bas, dans les tranchées, il y avait pas de division : paysans, ouvriers, bourgeois, s’unissaient et affrontaient la mort, côte à côte pour que la France vive, sorte victorieuse. Faisons comme eux. C’est un serment d’union que nous devons faire ici, devant ce monument, si nous savons comprendre la grande leçon qui nous a été donnée. Entendre les voix d’outre-tombe, les voix de ces héros qui ne veulent pas que leur sacrifice ait été vain. Ce sera la meilleure façon de leur rendre l’hommage qu’il leur est dû. Vive la France ! Vive la république !

Discours de  M. Taunay

M. le capitaine Taunay succéda à M. de Wendel.
« C'est à ma présidence de l'œuvre de Mars-la-Tour que je dois l'honneur de prendre la parole devant vous. Cette belle œuvre avait été fondée avec le regretté chanoine Faller, décédé en avril 1914.
Il en avait été l'inspirateur, avec cet autre grand Lorrain qui également n’est plus. 
« Tous deux furent constamment d'accord dans le grand but d'instituer un grand autel à la patrie. Cet autel demeure, parce que l'oubli de la France n'est pas possible. Nous nous y rendrons toujours, à cet autel, et quand nous ne serons plus, d'autres y viendront à notre place.
« En 1910, M. le chanoine Faller recevait ici même la croix de la Légion d'honneur et en même temps la couronne civique comme récompense de son œuvre. Que de tracas et que de mal lui a coûté son musée historique, que les Boches, pendant l'occupation, se sont amusés à éparpiller et à détruire. M. l'abbé Gigleux, le digne successeur du chanoine Faller, s'est dépensé sans compter et a pu en grande partie reconstituer ce musée qui reste ce qu'il a été jusqu'à présent.
« Rendons honneur à tous ceux qui combattirent, et honneur aussi à Mars-la-Tour, car cette ville connut aussi la victoire. 
À chacun son dû. Je vais l’administrer aux Allemands. Qu’ils viennent nous parler de leur victoire ! Où est leur mérite ? Ce sont des sous ordre qui en ont le plus. Un exemple : le 14 août, ce fut Von der Goltz qui, allant, contre les ordres du grand état Major allemand, fonça dans les lignes françaises, qui, bien faibles, durent reculer. Et bien d’autres cas semblable. Mais Mars la Tour a encore sa page d’histoire, car ici, les Français se reformèrent et opposèrent une résistance sérieuse à l’ennemi.
Hommage donc, à ceux qui ont sauvé nos armes, et unissons tous les jeunes soldats de cette guerre, car ils ont suivi les traces de leur frère. Nous avons mis le temps, nous n’avons pas voulu la guerre, aussi notre triomphe n’en est que plus glorieux, et c’est enfin la revanche du droit. Répétez avec moi, ce cri générateur : vive la France !»
Ce discours est très longuement applaudi. Monsieur Prével, maire de Metz, monte ensuite à la tribune et prononce une allocution très courte. 
«Je n’ai rien à ajouter, après ces beaux discours déjà prononcés, dit-il, mais j’adresse un merci au héros tombés en 1870, ainsi qu’à tous ces braves de la dernière guerre qui se sont sacrifiés pour nous. toujours, nous avons eu confiance, et pendant les 48 ans où nous ne venions ici que sous l’œil du gendarme allemand, nous avons toujours eu une confiance illimitée. Aussi, ces de plein cœur que je dit encore une fois. merci, et vive la France !»
Une compagnie du 20e bataillon de chasseurs à pied rendit les honneurs, puis précédé de la fanfare, le cortège se dirigeait vers la mairie ou la dislocation eut lieu. Une grande animation a régné dans le village, jusqu’au départ des trains du soir.



23/09/2024

L'anniversaire de la bataille de Mars-La-Tour (partie 4)


Journal de la Meurthe et des Vosges du  20 août 1914

Le bombardement de Mars-la-Tour 

Nous l'avions prévu. Les misérables allemands qui ne respectent ni foi, ni loi, devaient bombarder — le 16 août, anniversaire de la bataille de 1870.  Le village de Mars-la-Tour, l'église commémorative, le musée patriotique du vénérable abbé Faller et jusqu'à l'admirable Monument de Bogino. 

Dimanche, à 2 heures et demie de l'après-midi, la population toute entière du village était aux vêpres, car elle avait tenu à célébrer quand même l'anniversaire du 16 août 1870. 

Soudain un coup de canon retentit. Un obus passe en sifflant et tombe sur le village. 

Les habitants sortent aussitôt de l'église et courent se réfugier dans les caves. 

Pendant ce temps, le bombardement continue. Avec une régularité mathématique, les obus tombent, par séries de cinq, de cinq en cinq minutes. 

On peut apercevoir la fumée des canons, la batterie, une batterie de 75, est installée prés de Vionville, non loin du fameux lion qui se dresse à l'intersection des routes de Tronville et de Vionville, soit à environ trois kilomètres et demi de Mars-la-Tour. 

Deux personnes sont frappées à mort, pendant qu'elles se sauvent de l'église dans les caves, c'est d'abord M. Thomas, ancien mécanicien, qui est tué non loin de la gendarmerie ; puis Mme Bastien, tuée en arrivant chez elle, vers le monument. 

Le bombardement se termina ainsi vers 3 heures et demie. 

Plusieurs maisons sont touchées, mais une seule l'est sérieusement, celle du percepteur. 

Une heure plus tard, quatre uhlans, ayant à leur tête un sous officier, se présentaient, revolver au poing au village et criaient à tue-tête : « Victoire ! Les Français kapout ! » 

Ils se rendirent ensuite au passage à niveau près du monument et obligèrent la garde-barrière à lui remettre ses papiers. Ils revinrent ensuite à la mairie où se trouvait M. Seners, maire, qu'ils obligèrent à leur remettre le drapeau de la commune et sommèrent de leur fournir 16 chevaux et 4 voitures à fourrages. 

M. Seners leur ayant fait comprendre que tous les chevaux avaient été réquisitionnés, ils voulurent s'en rendre compte en visitant quelques écuries Ils disparurent alors sans commettre leurs atrocités habituelles. 

Médaillés allemands devant le monument de 1870

Soldats allemands au centre du village