Le progrès de l’est du 19 juillet 1883.
Le 15 juillet, à la salle d’école des garçons, a eu lieu, pour la première fois dans notre commune, la distribution des prix aux enfants des écoles. Salle très bien pavoisée et ornée de feuillage. Le coup d’œil était très gai.
Le maire a ouvert la séance par une courte allocution aux enfants. Il a parlé de leurs devoirs envers leurs maîtres et maîtresses. On a beaucoup applaudi les cœurs chantés par les enfants, et les remerciements adressés au maire (Charles Gabriel Dardaine) par le fils de l’instituteur, M. Georgin.
Cette fête était organisé par les bons soins de l’instituteur et des institutrices. C’est une défaite pour les adversaires de l’instruction civique. Quelques éclaireurs ont été envoyés auprès des pères de famille pour leur retirer le manuel Compayré qui est entre les mains des élèves de l’école des garçons. Mais ils ont trouvé de la résistance. Alors le chef de la pieuse escouade a cru pouvoir trancher la question en offrant de l’argent pour qu’on lui remit tous les Compayré, mais il n’a pas eu affaire à Bazaine."
La guerre des manuels.
Comme plusieurs autres manuels d’instruction civique, celui de Gabriel Compayré attire les foudres de l’église. L’auteur fait l’éloge de la liberté de conscience pour les choix de vie des futurs adultes :
« mais une attribution autrement importante du maire, c’est qu’il célèbre les mariages. C’est devant lui que s’engagent solennellement à s’aimer, à se protéger, l’un l’autre, à élever en commun des enfants, l’homme et la femme qui veulent fonder à eux deux une nouvelle famille. Quand le maire les a déclaré unis au nom de la société et de la loi, les deux conjoints sont bel et bien mariés. Si la cérémonie religieuse suit la cérémonie civile, ce n’est pas pour ajouter plus de force à un acte qui est définitif, qui se suffit à lui-même, c’est parce que les époux, pour satisfaire leurs sentiments religieux, veulent prendre Dieu à témoins d’un engagement que la société civile a déjà consacré.»
« il y a eu un temps où les catholiques obligeaient tous les citoyens à se faire catholiques, ou du moins à faire semblant de l’être, sous peine d’être exilés, emprisonnés, quelques fois, même massacrés et brûlés. On coupait la langue aux hérétiques. On inventait pour les châtier les supplices les plus atroces. De même, il y avait des pays protestants, où il fallait être protestant, si l’on ne voulait pas être proscrit ou envoyé aux galères.»
De nombreux ecclésiastiques ont tenté d’empêcher la généralisation de ces manuels dans les écoles de la république.
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Jules Gabriel COMPAYRÉ (1843-1913) |