15/08/2023

Accident du bac

Pendant de nombreuses décennies, la construction d'un pont au dessus de la Moselle a été souhaitée par les habitants de Vandières exploitant des terres au ban de Champey mais aussi par les habitants de Champey et Vittonville qui devaient prendre le train.

En attendant, un bac permettait aux personnes de traverser la rivière non sans dangers.

Ainsi l'éclair de l'est relate dans ses colonnes du 23 novembre 1911, l'histoire suivante :

"M. D était, lundi dernier, a ses débuts de passeur au bac de Champey. Malheureux débuts, car a sa première traversée, la chaine du câble se rompit et M. D. n'étant plus maitre du bateau partit à la dérive, fut précipité à l'eau.

M. Besnard, pécheur, accourut au secours du passeur qui se noyait et fut assez heureux pour le ramener sur la rive et le ranimer, car déjà l'asphyxie commençait son œuvre.

M. Besnard en est au moins à son huitième sauvetage. Par modestie, il a toujours refusé toute récompense. Honneur au brave"

Au final, monsieur Ernest Besnard recevra du préfet la médaille de bronze du sauvetage en février 1912.

entre temps, dans la tribune libre du même journal, un habitant du secteur dénonçait les disfonctionnements du bac. Intitulé responsabilité, la lettre est la suivante :

"Monsieur le rédacteur, je lisais dans l’éclair de l’Est d’hier, qu’un accident était survenu au passage du bac à Champey. Personne au pays n’en est étonné, et tous sont heureux de n’avoir pas un malheur à déplorer. Depuis de longs mois, il fallait être obligé de passer la rivière pour faire usage du bac, et ce n’était pas sans trembler.

À quelle administration incombe l’entretien du bateau ? si vous interrogez, vous apprendrez que c’est à la préfecture guerre que se fait aux enchères publiques la location du bac, que les maires de Vandières, de Champey et de Vittonville sont chargés de l’entretenir en bon état. Vous croyez peut-être que l’on demande au locataire quelque garantie, vous vous imaginez que les maires ont grand soin du bateau. Vous êtes dans l’erreur.

Voici qui est le comble de l’administration préfectorale et locale. Il y a environ un an, le passeur approuvé mourrait. Le bail était donc résilié de plein droit par la mort du premier et une nouvelle adjudication s’imposait. Qu’a-t-on
fait ? On a  laissé la veuve continuer la profession de son mari, sous prétexte de laisser un gagne-pain à cette mère de famille. Comme si il n’y avait pas d’autres moyens de soulager une misère qu’en exposant la vie de quelqu’un.

Il y a deux mois, cette femme est parti sans tambour, ni trompette. Le bateau reste sur le sable. Enfin dimanche soir, verbalement le maire de Champey autorise, puisqu’il n’a pas de qualité pour louer le bac, M. D. à prendre place au passage. C’est alors qu’est arrivé l’accident que vous avez publié hier. Prendra-t-on une solution ? Les intéressés interviendront-t-il ? J’en doute. 

Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur" 



11/08/2023

Acte de décès en 1806

 9e. Un enfant trouvé mort dans la rivière 

L’an mille huit cent six, le 24 mars, six heures du soir, est comparu par devant nous maire faisant les fonctions d’officier civil de la commune de Vandières, canton de Thiaucourt, département de la Meurthe, le sieur Joseph Dieudonné meunier au Moulin de Champé, lequel nous a déclaré qu’il venait de retirer un enfant de l’eau qui écoulait de la rivière de Moselle sur le territoire dudit Vandières, en conséquence, nous maire avons requis le sieur Francois Buvelot, commandant la garde nationale de Vandières, de faire gardé l’enfant lequel de suite a commandé trois gardes nationaux pour garder le cadavre de cet enfant, en avons instruit de suite, Monsieur Collot juge de paix, présidant le canton de Thiaucourt, lequel s’est rendu le vingt cinq mars sur les lieux assisté de son greffier et du sieur Antoine Charlemagne, officier de santé résidant à Pagny, lequel ce dernier en a fait la visite et reconnaissance et à rapporté que c’était un enfant femelle qui avait été jeté à la rivière en naissant n’ayant reconnu aucune fracture ni contusion en conséquence ignorant les personnes qui ont pu commettre ce crime. Le juge de paix a ordonné qu’il fut inhumé à la manière accoutumée, e tout fait en présence dudit sieur François Buvelot et de Louis Rouot, membre de la garde national qui a gardé le cadavre.  Fait et rédigé audit Vandières, ce vingt cinq mars de ladite année et où les témoins ont signé avec nous le présent acte, après que lecture en a été faite, les mots portés en marge approuvés. 

François Buvelot. Louis Rouot. Claude Noisette officier civil. 






08/08/2023

Auguste Doffin

 En complément de mon article concernant Auguste Doffin paru dans Nos Villages Lorrains N°171, je publie l'article de L'éclair de l'est du 11 septembre 1935.

Les obsèques de l’adjudant chef Doffin à Vandières 

C’est au milieu d’une population profondément émue et attristée qu’eurent lieu, hier matin, les obsèques de l’adjudant chef pilote, Doffin du 21e d’aviation, tombé au champ d’honneur au cours des dernières manœuvres de champagne.

Dans l’église, toute tendue de noir se dresse un catafalque drapé aux couleurs nationales sous lequel repose le corps de l’aviateur. Six sous-officiers du 21e montent une garde d’honneur. Dans le cœur, les fanion de l’AMC de Frouard, Pagny et Vandières, s’inclinent au-dessus des nombreuses gerbes et couronnes de fleurs naturelles, offertes par la famille, les amis du défunt, le colonel et les officiers du 21e d’aviation, les sous-officiers des 21e, 13e, 33e, 38e d’aviation, la société des avions Marcel Bloch.

Noté la présence du commandant Humbert du deuxième groupe du 21e d’aviation du capitaine Girrod, des lieutenants Mazerel et Henry du 21e, ainsi qu’une importante délégation des sous-officiers de ce régiment.  Le commandant Bonne, représentant le lieutenant-colonel, commandant la 38e escadre, accompagné d’une délégation de sous-officiers porteur d’une magnifique couronne de fleurs naturelles. Les délégations des maisons civiles d’aviation Alkan, Messier, Gnome et Rhône, Bloch. 

Noté également la présence de Monsieur Quenette, maire de Vandières, entouré du conseil municipal, Munch industriel à Frouard, Morel, préfet, honoraire, ancien secrétaire général de la Moselle, Blaise, chef de division à la préfecture de Nancy, le Maréchal des logis Roland, accompagné d’une délégation de la brigade de gendarmerie de Pagny sur Moselle, une délégation des gazés de guerre, Monsieur Brocart, lieutenant de pompiers à Frouard….

Après l’absoute, donnée par Monsieur L’abbé Pinot, enfant du pays et ami personnel du défunt, le cortège se dirigea vers le cimetière, communal ou le commandant Humbert, prenant le premier la parole retraça brièvement la vie toute de dévouement de l’adjudant chef piloteDoffin, toujours prêt à porter bien haut nos cocardes tricolores. Puis, après avoir présenté à la famille les condoléances du 21e d’aviation, le commandant Humbert s’adresse au disparu l’adieu de tous ses camarades.

À son tour, Monsieur Quenette maire de Vandières, prononça l’allocution suivante : « En ma qualité de maire de la commune et de camarade de l’adjudant chef Doffin, j’ai le triste privilège de lui dire ici, un suprême et dernier adieu » 

« Que toute la population de Vandières , ici réunie, soit pour la famille éplorée, une légère consolation à son immense douleur »

« À l’annonce de la terrible nouvelle de l’accident, nous avons tous ressenti d’un même cœur et d’une même pensée, la douleur éprouvée par la famille. Mais aussi, nous avons senti également rejaillir sur la commune, l’auréole du martyr dévoué à la cause est au développement de notre aviation de guerre qu’il servait fidèlement depuis 1917 »

« Je ne retracerai pas devant vous, sa carrière que vous connaissez tous.  Mais cependant, je dois rappeler qu’il va reposer ici, avec son frère aîné, qui lui aussi, est mort pour la France en 1915.

Je les associe tous les deux, dans le souvenir de la population de Vandières. Élèves sur les bancs de la même école, je dois d’autre part, en qualité d’anciens camarades, lui dire également un dernier adieu au nom de tous ici présents »

« Je présente à sa veuve éprouvée, a ses vieux parents, à ses enfants, les condoléances émues de la population toute entière. Adjudant chef Doffin, mon camarade, je te dis adieu ! »

Et tandis que là-haut, dans un ciel infiniment bleu, une escadrille évolue au-dessus du petit cimetière, dernier hommage des camarades de l’air.

La foule, très émue s’écoule lentement après un dernier adieu à celui qui fut un bon fils, un bon père de famille, un soldat sans peur et sans reproches.