25/09/2025

Ce jour là. Il y a 110 ans mourrait Émile Ernest Mathis

Rue Magot - Ferme Brouant la plus haute à gauche

Qui était Émile Ernest Mathis ? 

Il a certainement été le garçon le plus haï des habitants de Vandières pendant plusieurs mois voire plusieurs années. 


Il est né le 25 juin 1894 au domicile de ses parents, rue du cheval blanc à Nancy.

Son père, Charles est un petit malfaiteur, voleur,  trafiquant et braconnier. 

Il est connu des services de police depuis plusieurs années quand lui est retiré l’autorité parentale sur ses 7 enfants. C’est malheureusement trop tard car ses trois fils aînés, Charles, Jules François et Alexandre Léon, ont déjà suivi ses pas. Charles Mathis fils, 37 ans, titulaire de 26 condamnations finira par tuer un militaire polonais attablé à une terrasse de la rue Lafayette à Nancy. 

Charles Mathis père mourut seul en 1911, âgé de 52 ans, à Nancy à son domicile rue de la hache.


Sa mère, femme au foyer gère difficilement le quotidien de cette famille et abuse de l’alcool. Elle séjourne régulièrement en prison. 

Elle ne sait pas grand choses de la vie d’Emile quand elle est interrogée à ce propos en 1912.

Elle meurt à Nancy en 1938 à l’âge de 80 ans. 

Les journaux de l’époque relatent régulièrement les forfaits de la famille Mathis. 


Émile est placé dès l’âge de deux ans dans différentes familles mais c’est à l’âge de 17 ans que son parcours chaotique le mène à Vandières.  


Il est placé comme garçon de ferme chez Jules Édouard Brouant, rue Magot (actuelle rue Saint Jean) en novembre 1911. 

Jules Édouard et sa femme Marie Blaisine Appoline Thiery logent leurs domestiques et Thérèse Rouyer, âgée de 80 ans. Thérèse, veuve de Pierre Thiéry depuis 1900, est la mère de Marie Blaisine Appoline. 


Le 11 janvier 1912, profitant de l’absence du couple Brouant en visite à Bezaumont, Émile Mathis vide plusieurs bouteilles de vin. Il lui vient alors l’idée de voler de l’argent dans le coffre fort de son employeur. Il déplace le coffre de la maison vers la grange et essaye de l’ouvrir à coups de hache. Malheureusement pour lui le coffre résiste et il n’arrive qu’à extraire que quelques pièces d’or pour un montant de 500 francs. 

Il est surpris par madame Thiéry attirée par le bruit et la frappe à plusieurs reprises la tuant à coups de talons dans la tête.

Il s’enfuit très rapidement vers Pont-à-Mousson en suivant les vignes mais est remarqué par plusieurs habitants de Vandières.

Le corps est trouvé par madame Constance Honnorat, voisine des Brouant et l’alerte est vite donnée. 

Émile est finalement arrêté à Pont-à-Mousson alors qu’il essayait d’acheter des habits au magasin Au bon diable, situé sur la place Duroc. 

Il est placé en prison en attendant l’avancée de l’enquête après qu’il ait reconnu les faits. Il est extrait de la prison le lendemain du meurtre pour être amené à Vandières. Le juge Renaudin lui demande de réitérer ses gestes et lui pose de nombreuses questions. l'enquête se poursuit avec l'audition des temoins.


Le 5 juin 1912 commence son procès à Nancy. Après avoir écouté l’accusé et les témoins, le président écoute le réquisitoire de l’avocat général et la plaidoirie de Maître Jacob, avocat de la défense .

Après 25 minutes de délibération, Émile Mathis est reconnu coupable mais étant mineur et ayant agit sans discernement il est envoyé à la colonie correctionnelle d’Eysses dans le Lot et Garonne. 


Il n'en sort que pour effectuer son service militaire au 146ème régiment d’infanterie, caserne Maréchal Ney à Toul. Il s’y trouve toujours quand est décrété la mobilisation générale le 2 août 1914. 


146ème RI à Toul en 1914

Il prends part aux combats des Flandres, de l’Artois et de Champagne.

Une seconde bataille de Champagne est décidée par Joffre avec l’espoir de relancer la guerre de mouvement. 

Après plusieurs jours de tirs d’artillerie, l’attaque commence le 25 septembre 1915 à 9h15. 


Émile Ernest Mathis est tué a l’ennemi lors de l’attaque pour la reprise du bois de la demi lune. Il est alors sergent à la 7ème compagnie. Le régiment perds ce jour là 25 officiers et 528 hommes tués, blessés ou disparus.

Ferme de Maisons en Champagne pendant et après la guerre

Il est déclaré mort pour la France le 25 septembre 1915 à 16 heures à Maisons de Champagne par acte du 16 octobre 1915 fait à Dommartin-sur-Yonne (Marne) par l’officier d'état civil d’après les déclarations du caporal Auguste Coton et du soldat Léon Simoneau de la 7ème compagnie. 


C’est peut-être la seule fois dans sa courte vie où il a réussi à s’intégrer à un système social et à gravir des échelons lui permettant d’être nommé sergent.

Les habitants de Vandières n’ont certainement jamais su que celui qui a été le tueur de leur village avait donné sa vie pour libérer le sol français de l’occupant et leur permettre de retrouver leur liberté. 


Cimetière provisoire du Ravin de Marson où Emile Mathis a dù être enterré



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire