Guide Michelin - Le saillant de Saint Mihiel 1914-1918
La visite du champs de bataille en 3 jours.
2ème journée : de Commercy à Metz par Pont-à-Mousson.
VISITE DU BOIS LE PRÊTRE de PONT-A-MOUSSON à la CROIX DES CARMES par MONTAUVILLE, et retour à PONT-A-MOUSSON.
Cette visite conduit le touriste dans les lignes françaises du Bois le Prêtre.
Il en verra le côté allemand au cours de l’itinéraire de Pont-à-Mousson à Metz {pages 104 à 106).
Les combats du Bois le Prêtre.
Le Bois le Prêtre, situé à 372 m. d’altitude, domine tout le sud de la plaine de la Woëvre.
Il fut, d’octobre 1914 à mai 1915, le théâtre d’une lutte sans arrêt, à la suite de laquelle le bois resta aux mains des Français.
C’est en septembre 1914 que les Allemands s’étaient installés dans le Bois le Prêtre, qu’ils avaient aussitôt organisé avec fils de fer, chevaux de frise, etc., etc.
Le 30 septembre 1914, les Français prenaient pied aux lisières sud-ouest de la forêt. Un mois plus tard, le 29 octobre, ils enlevaient un poste allemand au saillant sud-est. Puis leur effort se concentra sur le ravin du Père Hilarion que lentement ils occupèrent après maints combats sous la pluie de novembre et la neige de décembre.
Leurs troupes allèrent par bonds jusqu’à la ligne principale qu’il fallait enlever de vive force. On amena d’abord, de nuit, les canons pour préparer l’attaque; les sapeurs, par de longs et patients travaux de sape, firent sauter les défenses accessoires et entamèrent les blockhaus. Les combattants étaient parfois à moins de 100 m. les uns des autres.
A partir de janvier 1915 l’effort des Français se porte vers la partie ouest, vers le Quart en Réserve et la hauteur de la Croix des Carmes : quatre lignes de tranchées hérissées de mitrailleuses et de défenses arrêtent tout élan. Il faut prendre le terrain lambeau par lambeau, 100 m. par 100 m. et souvent une contre-attaque fait reperdre le soir le gain de plusieurs jours de travail.
La première ligne est enlevée le 17 janvier, la seconde, le 16 février. Mais alors les torpilles aériennes et les grenades à main interviennent et ralentissent les progrès. La troisième ligne est prise le 30 mars. Attaques et contre-attaques se succèdent. On se bat dans les boyaux, derrière les barrages, à coups de grenades, et les deux artilleries couvrent cet étroit espace de terrain de projectiles qui ébrèchent les parapets et comblent les boyaux. Les Allemands qui ont subi des pertes élevées amènent sans cesse des troupes de renfort, environ seize bataillons, montrant ainsi le prix qu’ils attachent à cette position.
Enfin la dernière attaque se déclenche le 12 mai. Elle livre les blockhaus et, au delà de la crête, les pentes nord. Les Allemands restent encore accrochés sur les pentes est et ouest. Mais le bois est conquis et l’observatoire merveilleux que constitue cette hauteur appartient désormais aux Français.
Au petit cimetière que l’on a établi sur les pentes du coteau, des centaines de héros dorment leur dernier sommeil.
Les pentes de toute la région près de la route ne sont plus que des cimetières et le bois lui-même cache dans son sol des centaines de morts ensevelis par une explosion de mine ou enfoncés dans une tranchée.
Ce bois tragique avait été baptisé par les Allemands «Bois de la mort » ou «Bois des veuves ».
Sortir de Pont-à-Mousson par l’avenue du Président Carnot, traverser le passage à niveau, laisser à gauche la N. 57 qui se dirige vers Nancy en longeant la voie ferrée et continuer par la N. 58 jusqu’à Montauville à 2 km de Pont-à-Mousson.
Ce village n’a pas été trop endommagé. A l’entrée on aperçoit, à droite, plusieurs grands blockhaus de mitrailleuses en béton.
A Montauville se trouvait le poste de secours le plus proche, installé dans la cave d’une maison démolie. Le premier pansement sommaire se faisait dans la tranchée ou dans la petite cabane du Gros-Chêne. De Montauville, le blessé était transporté en automobile à Pont-à-Mousson. C’était sur la route un continuel défilé d’ambulances, de brancards et d’infirmiers.
Après un tertre, face à l’église de Montauville, descendre à droite une route à angle aigu qui conduit au cimetière du village. Là se trouve une bifurcation. Prendre la route de gauche qui descend pour remonter un peu plus loin dans la direction du Bois le Prêtre. Cette route est mal entretenue; cependant on pourra aller en auto jusqu’à l’entrée du bois, à condition que le sol soit sec.
A 800 m. environ du cimetière, on rencontre une fourche. La route de gauche va vers Fey-en-Haye, prendre celle de droite qui pénètre bientôt dans le Bois le Prêtre (Photo p. 98).
A 1.200 m. environ de la fourche, au bord de la route, à droite, deux tombes : l’une d’un soldat américain, l’autre d’un Français (Photo ci-dessus).
A 300 m. plus loin, dans un ravin à droite de la route, on aperçoit la fontaine et la maison du Père Hilarion. Tout autour sont de nombreuses tranchées, des abris, des organisations variées (Photos ci-dessous et p. 100).
Pendant quelque temps la fontaine du Père Hilarion se trouva comprise entre les deux lignes adverses. Allemands et Français devaient venir y puiser l’eau chaque jour et par une entente tacite chaque belligérant venait à une heure choisie faire sa provision d’eau et, pendant ce temps de répit,
aucun coup de feu ne partait des tranchées.
| Maison forestière du Père Hilarion |
Continuer la route (en laissant à droite, à 150 m. de la fontaine du Père Hilarion, un chemin qui monte fortement) et pendant 800 m., dans une pente douce, on traverse le secteur du Mouchoir et le secteur de la Croix des Carmes qui formaient les premières lignes franco-allemandes.
Le spectacle est émouvant : arbres détruits, sol retourné par les obus, tranchées effondrées, abris disloqués.
Lorsque la route atteint la crête, se retourner; le spectacle est encore plus tragique; on aperçoit au loin la crête de Mousson qui se détache au-dessus des arbres du Bois le Prêtre, et, à droite, sur un mamelon à 100 m. de la route, l'emplacement de la fameuse Croix des Carmes.
| Croix des carmes |
Quand la position fut prise par les Français, des sapeurs du génie arrachèrent pieusement la croix du sol et la transportèrent sur leurs épaules jusqu’au cimetière où reposent dans la vallée les héros de ces combats. Ils la plantèrent et l’entourèrent d’un fragment du fil de fer barbelé qui défendait les tranchées allemandes.
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| Vue sur la tranchée du Mouchoir |
Revenir à Montauville, puis à Pont-à-Mousson par le même chemin.
| Le général Lebocq dans le secteur du mouchoir |





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