11/11/2025

Tourisme des champs de bataille 3 - Premières excursions et premiers problèmes

Visite du Bois-le-Prêtre

L’est républicain du 22 juillet 1920.
Ligue de l’enseignement.
Excursion du dimanche 25 juillet : Norroy Bois le Prêtre, Pont-à-Mousson, sous la conduite de Monsieur Denis.
Départ de Nancy 6h24, arrivée à Vandières à 7h34. Visite de Norroy : les carrières, les postes de commandement et autres ouvrages militaires construits par les Allemands durant l’occupation.
Déjeuner tiré des sacs à Norroy. On trouvera de la boisson sur place. 
Dans l’après-midi : le Bois le Prêtre, Croix des Carmes, fontaine maison forestière du père Hilarion, cimetière militaire. Pont-à-Mousson.
Départ de Pont-à-Mousson à 17h46, arrivée à Nancy à 18h40. 
Prendre au départ billet aller retour pour Pont-à-Mousson prix 4 fr. 10. 

Publicité pour les excursions aux champs de bataille

Le Lorrain du 28 août 1920.
Excursions sur le front pendant le séjour à Metz.
Nul touriste ne doit quitter Metz sans profiter de l’occasion qui lui est offert de visiter les points les plus importants du front :
Verdun, les forts de Douaumont et de Vaux, la tranchée des ensevelis, le ravin de la mort, le Bois le Prêtre, Pont-à-Mousson, Nomeny, etc.
À cet effet le garage Autavia à organisé un service d’auto-cars et omnibus très confortables avec départs réguliers les mercredis et dimanche (départ à 7h15 du matin et retour le même jour à 7 h30 du soir).
Tous les jours, départ à volonté avec car spéciaux sur pneumatiques pour 10 à 12 personnes.
Excursions particulières sur tous les points du front et jusqu’au bord du Rhin avec guide.
Conditions modérées. Arrangements spéciaux pour les sociétés.
S’adresser au garage Autavia, 1, rue de l’esplanade à Metz. Téléphone 152.


L’arrivée de touristes dans les zones de front a engendré de nombreux problèmes : 

Les premiers visiteurs des champs de bataille souvent taxés de curiosité morbide se sont retrouvés parmi des pèlerins venus honorer la mémoire d’un parent mort pour la France et des vétérans venus rendre un dernier hommage à leurs camarades de combat. 

Certains n’ont malheureusement pas toujours un comportement respectueux. 


Tous se déplacent dans des villages dévastés où les habitants après leur retour survivent parfois dans des abris de fortune, en attendant la construction de baraques Adrian et la reconstruction de leurs maisons.


Les infrastructures d’accueil sont rares au début même si les sociétés d’excursion et le Touring Club de France multiplient les efforts pour réparer les routes et la signalisation. Ils informent les touristes des services qui leurs sont proposés. 

Les premières agences de tourisme proposent leur aide aux personnes désirant visiter les lieux de mémoire. Le bureau de tourisme Michelin propose des guides et Thomas Cook agence Anglaise prépare l’arrivée massive de ressortissants anglais et américains. 

La compagnie française de tourisme qui regroupe plusieurs acteurs du secteur (compagnies de chemin de fer, agences de tourisme, représentants du thermalisme…) étudie les trajets et vends les billets à prix attractifs. 

 

Malgré le danger, toutes ces personnes circulent au milieu des champs de bataille suivant des sentiers à peine balisés. Ils risquent d’ajouter leur nom à la longue liste des morts de cette guerre à peine terminée. 


Au milieu de ces paysages bouleversés, des démineurs font exploser les munitions trouvées sur les champs de bataille et des prisonniers allemands déblaient les décombres.  



De nombreux corps de soldats disparus restent dans les sols retournés. Il a fallu plusieurs années pour rassembler ces corps dans des nécropoles nationales, facilitant ainsi le recueillement des familles et sécurisant les pèlerinages. 






Le télégramme des Vosges du 9 juillet 1920. 
Une odieuse profanation 

Extrait d’une visite aux champs de bataille de Verdun, par M. Paul Casson dans le « Temps. » : 
« On organise des excursions pour ces champs de bataille. Cela est très bien. Mais les visiteurs ne devraient pas oublier, en parcourant, ces ruines et ce désert, qu’ils se trouvent dans un vaste cimetière, et que les morts qui dorment ont droit au respect et au silence. Non loin du fort de Douaumont, se trouve un endroit qu’on appelle « la Tranchée des Baïonnettes ». C’est un carré d’une vingtaine de mètres de côté, entouré par un réseau de fil de fer rouillé par le temps. Vous voyez là, émergeant du sol bouleversé, des canons de fusil au bout desquels se trouvaient des baïonnette françaises. 
L'histoire vous dira que dans cette tranchée, une trentaine de soldats français luttèrent en désespérés contre des forces considérables allemandes, sans aucun espoir de vaincre, mais résolus à mourir. Ces Français, voyant arriver les ennemis, avaient mis « -baïonnette au canon » pour repousser l’assaut, quand soudain des obus de gros calibre soulevèrent la terre de la tranchée et ensevelirent vivants et debout, les héroïques défenseurs. Mais les fusils et les baïonnettes qu’avant de mourir les défenseur levèrent au-dessus de leur tête étaient les témoins irrécusables de cet acte sublime. Qu’est-il arrivé ? Des excursionnistes, des visiteurs ont enlevé et emporté les baïonnettes. Il ne reste plus que le bout des canons de fusil. Un pareil acte, qui déshonore ceux qui l’on accompli, devrait être sévèrement puni. 
Il n’y a pas longtemps encore, le jour de la commémoration des combats de Verdun, le 23 juin dernier, un Péruvien, faisant partie d’un groupe d’excursionnistes, fumait un gros cigare devant la « Tranchée des Baïonnettes », et une femme demandait à être photographiée au milieu de ces ruines. Un écriteau ne devrait-il pas être placé devant la « Tranchée des Baïonnettes» portant ces mots : 
« Ici, on se découvre et on parle bas ? » 




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