06/09/2025

Le récit d’un évacué de Mamey

 

Mamey rue de l'orme

L’éclair de l’est du 22 décembre 1914. 

Le récit d’un évacué de Mamey.

Parmi les communes les plus éprouvé par la guerre, on peut citer celle de Mamey, dans le canton de Domèvre en Haye.
Ce malheureux village a été bombardé et occupé par les Allemands qui ont emmené plusieurs habitants comme otages. Un de ceux-ci, monsieur Émile Petit, qui a pu s’échapper des mains des boches, nous adresse l’émouvant récit de son odyssée. Nous lui laissons la parole :
Le 5 septembre, les Allemands entraient à Mamey. Ils manifesten
t une fureur indescriptible et enferment aussitôt tous les hommes dans l’église pour y passer la nuit.
Un jeune homme s’étant enfui, affolé, les soldats le poursuivent, l’amènent devant l’église et le fusillent.
Le lendemain, des milliers d’allemands occupent Mamey et le pillages commence. Les caves sont rapidement mises à sac. Je suis pris par un groupe de ces pillards qui, le revolver sous la gorge, arrachent ma montre. 
Pendant cinq jours, les boches chargent sur des voitures, le produit de leurs pillages.
Nous sommes ensuite tranquille jusqu’au 23 septembre où le bombardement nous atteint et où les Allemands prévoyant qu’ils vont être forcés de décamper et furieux de se voir battus portent leur vengeance sur les habitants. À 3 heures de l’après midi, ils donnent l’ordre de réunir tout le monde et enferment les habitants dans une cave.
Les vieillards, les infirmes, les enfants ne sont pas épargnés. Les bourreaux descendent dans cette cave des bidons de pétrole et défendent à leurs victimes de bouger sous peine d’être fusillés.
À 10 heures du soir, il nous emmènent à Fey-en-Haye, village distant de 4 km, où nous arrivons à 1h du matin. Malgré mes supplications, j’ai été séparé de ma famille et je ne sais ce qu’elle est devenue. C’est pour moi le commencement de véritables tortures.
À Fey, nous sommes enfermés dans la salle d’école sur une litière où les blessés allemands sont restés pendant trois jours. L’air est infect et pourtant, on nous défend d’ouvrir les fenêtres. On nous défend même de parler. Nous demeurons là deux jours et deux nuits, sans autre nourriture que quelques pommes de terre que de brave femmes du village peuvent nous donner.
Le 26, nous sommes évacué dans la direction de Vilcey et de Villers-sous-Prény.
À Vilcey, se trouve réunies les populations de Regniéville, et Mamey. On ne trouve pas de quoi manger. Pour obtenir quelques nourritures, nous demandons à un officier, trois autres hommes et moi, de nous permettre d’aller à Vandières. Nous obtenons l’autorisation.
Le temps est superbe. Après notre emprisonnement, nous apprécions notre demi liberté. Près de la gare de Vandières, un poste allemand nous fait rebrousser chemin. Nous trouvons alors l’hospitalité chez une personne du village qui nous donne à manger et nous offre un lit, mais un lieutenant allemand commandant un peloton, baïonnette au canon, survient et nous emmène au poste pour y passer la nuit. Ce lieutenant avait été avisé par le sous-officier commandant le poste de la gare que nous avions voulu traverser la Moselle, afin de rendre compte de ce que nous avions vu aux officiers français.
Le lendemain, 20 soldats viennent nous chercher et nous emmène à Pagny-sur-Moselle où nous sommes internés jusqu’au dimanche 28 septembre. On ne nous donne aucune nourriture et on nous apporte seulement de l’eau dans un saut hygiénique.
Le 28, vers midi, une voiture nous conduit jusqu’à Metz.
Vous dire ce que fut ce trajet est presque impossible. Le véhicule s’arrêtait dans chaque village et là on réunissait les nombreux immigrés qui ont, hélas, envahi nos communes du pays annexé. On nous donnait en spectacle et nous faisions la risée de ces gens auxquels se joignaient les soldats se trouvant dans la localité. Il criaient comme de vrais sauvages et ces paroles revenaient souvent : ia, ai, franzoses,  capout. 
Nous arrivons à Moulins-les-Metz à cinq heures du soir. Là, se trouve le quartier général. On nous introduit aussitôt dans une salle ou siège un général entouré de son état major.
Un civil, sans doute un agent de la sûreté, nous interroge et transmet nos réponses au général.
Ce dernier, à son tour, nous interroge. Il me demande, en français, pourquoi nous sommes devant lui: 
"le motif lui répondis-je, je l’ignore. Nous avons été évacués par vos troupes, notre village étant détruit. Je suis séparé de ma famille et je ne puis obtenir sur elle aucuns renseignements. Nous sommes sans ressources et presque sans vêtements. Que voulez-vous de nous ?" 
En lui montrant ma poitrine, j’ai ajouté : "voilà, si vous le jugez à propos, faites-le, je suis prêt".
Sans daigner me répondre, le général poursuit son interrogatoire et questionne mes trois camarades. Il fait ensuite aligner ses soldats devant nous, fait charger les fusils, puis d’un ton bref, il commande aux hommes de nous emmener.
La nuit tombe, il fait un froid glacial que nous supportons mal, étant vêtus très légèrement. Les privations nous ont affaibli et nous chancelons. Nous faudra-t-il aller loin comme cela, nous l’ignorons. Je suis prêt à désespérer. Je pense aux miens, que je ne reverrai pas et qui ignore le sort qui m’est réservé.
Une pensée chrétienne me vient alors à l’esprit et je me sens plus fort. Je prie, je fais du fond du cœur mon acte de contrition. Ces prières, Dieu devait les entendre, car arrivés derrière la caserne où on devait nous fusiller, on nous fait faire demi-tour et on nous fait entrer dans une des chambres de la caserne. Les soldats, tous des territoriaux, nous donnent alors à manger et nous rassurent sur notre sort.
Le lendemain, après un dernier interrogatoire, le général nous fait remettre en liberté et, sur notre demande, nous fait reconduire par un soldat à Pagny-sur-Moselle. À Pagny, le commandant de la place interprète mal l’ordre du général, et nous enferme à nouveau pendant deux jours.
Ce n’est qu’après nos protestations réitérées que le commandant téléphone au quartier général et, est enfin convaincu de notre innocence.
Nous étions donc libéré définitivement, du moins le croyons-nous. Nous avions le droit d’aller et venir dans le village. Deux jours se passent ainsi. Mais voilà que les obus français peuvent subitement sur la gare.
L’ordre est donné d’enfermer dans l’église tous les hommes sans exception.
Nous y demeurons trois jours et trois nuits, au bout desquelles on devait nous en faire sortir en raison des décès fréquents qui se produisait parmi les vieillards.
Avec un de mes camarades, je demande alors l’autorisation de partir pour Vandières, afin de participer aux travaux de la vendange. L’autorisation nécessaire nous est accordé.
Une fois à Vandières, l’idée nous vint à tous deux de chercher le moyen de repasser dans les lignes françaises.
Nous n’avions plus à hésiter, car déjà de nombreux jeunes gens, quoi que français, avait été enrôlés de force dans les régiments allemand. Une personne de Vandières nous indique un gué. Nous le gagnons avec mille précautions afin d’éviter les sentinelles. Nous nous chargeons de pierres afin de pouvoir lutter contre le courant très fort à cet endroit. 
Nous parvenons, non sans peine, à gagner l’autre rive, où nous étions à 300 m de Champey, village que je connais très bien. Nous avions compté n’y trouver que quelques patrouilles allemandes, grande fût notre déception quand nous nous aperçûmes qu’il était fortement occupé par les boches.
Un peu plus loin, nous apercevons trois sentinelles qui ne nous avait pas encore vues. Nous nous mettons immédiatement à arracher des betteraves et vers 11h du matin nous faisons notre entrée au village de Champey, comme de paisibles travailleurs de retour des champs. Nous avons la chance de ne pas être interrogés. Le maire, chez qui nous allons veut bien nous cacher chez lui. Huit jours se passe ainsi.
Par une nuit noire, alors que la pluie tombait à torrent, nous sortons de notre cachette et nous nous glissons jusqu’au bord de la rivière. 



Nous longeons la Moselle et nous passons en rampant à côté d’un poste allemand sans donner l’éveil. Au petit jour, nous avons fait 3 km, presque continuellement en rampant. Il nous reste encore 2 km à faire pour atteindre Pont-à-Mousson. Nous nous croyons en sûreté et nous côtoyons la Moselle en causant, lorsque tout est coup derrière des peupliers nous apercevons deux sentinelles allemandes qui, je n’ai jamais su pourquoi, se cachent à notre vue. Ce fut notre salut. Au pas gymnastique, nous gagnons alors les lignes françaises. Il était 7h du matin.
Nous n’avions plus un fil de sec sur le dos et nous étions transis de froid. Nous fûmes interrogés par des officiers français à qui nous pûmes fournir des renseignements très utile sur ce que nous avions vu.

Mamey destructions

Émile Joseph Petit est né le 6 octobre 1877 à Mamey
Il se marie avec Marie Berthe Lemoine le 4 décembre 1907 à Limey. 
Marie Berthe est née le 4 juillet 1883 à Limey. 

En 1911, le couple habite rue de l’orme à Mamey. Émile est bûcheron. 

Après la guerre, le couple s’installe à Montauville, rue nationale. 
Marie Berthe décède le 3 juin 1957 à Montauville à l’âge de 80 ans. 
Je n’ai pas trouvé la date de décès d’Émile Joseph Petit. Il est recensé à Montauville jusqu’en 1936.




 

30/08/2025

Un pâtre prussien

 


Quand on parcours les recensements de population de Vandières pour l’année 1872, on peut être étonné de trouver une famille dont le chef est né en Prusse, deux ans après la défaite de 1870 et la perte d’une partie du territoire français à quelques kilomètres sur l’autre rive de la Moselle. 

Il est berger et s’appelle Jean Dahmen, il s’est marié avec Marguerite Keiff le 4 octobre 1859 à Bistroff (Moselle), lieu de naissance de la mariée. Lui est né à Geislautern  en Sarre.

Le couple a 6 enfants, grâce auxquels on peut suivre le parcours de Jean Dahmen depuis son mariage. 
Les deux premiers sont nés à Bistroff, Pélagie en 1860 et Nicolas un an plus tard. 
Le troisième enfant prénommé Jean Pierre est né en 1863 à Charey (Meurthe). 
Puis deux filles naissent à Limey (Meurthe), Pélagie Victorine en 1865 et Annette en 1866. 
Le dernier enfant, Nicolas est né à Vandières le 18 juin 1871. 

La famille Dahmen habite rue Saint Pierre et Raugraff mais ont déménagé avant 1881 pour un lieu qui m’est inconnu. On les retrouve à Charey en 1886 puis à Xammes en 1891. 
Ils restent dans le même secteur puisqu’ils résident à Waville en 1898 lors du mariage de Jean Dominique. 
Après le mariage de leur dernier enfant il n’y a plus de trace du couple. 
Ils n’habitent pas chez Jean Dominique à Pont-à-Mousson, ni chez Jean Pierre à Ézanville (Val d’Oise). 

Pélagie Dahmen (01/01/1860 Bistroff - 22/04/1864 Charey) 4 ans

Nicolas Dahmen (06/11/1861 Bistroff - 26/11/1880 Limey)  19 ans

Jean Pierre Dahmen (06/10/1863 Charey - 13/01/1931 Montmorency) 67 ans 
       Marié avec Marie Scherer en 

Pélagie Victorine Dahmen (22/05/1865 Limey - 05/05/1889 Xammes) 24 ans

Annette Dahmen (21/08/1866 Limey - 19/07/1893 Xammes) 26 ans
       Mariée avec Étienne Gauthier en 1888 puis avec Charles Pierre en 1891

Jean Dominique Dahmen (18/06/1871 Vandières - 28/02/1927 Pagny-sur-Moselle) 55 ans
       Marié avec Marie Lallemand en 1898

Il nous manque des témoignages qui pourraient laisser entendre que les origines de Jean ont pu lui valoir des tourments de la part des habitants des villages habités par lui et sa famille. 

D’autres familles venant de l’étranger ( hors Moselle annexée) habitent à Vandières en 1872:
Pierre Poute, Joséphine Dupriez et leurs trois enfants originaires de la Belgique. 
Melchior Vincent Boutté, Madeleine Rinqueberck et leurs deux enfants originaires de la Belgique.

Nicolas Hamen, originaire du Luxembourg marié avec Elisabeth Pinot. 
Jean Nicolas Fischer, originaire du Luxembourg marié avec Marie Guichard et leur fils. 
Marguerite Bour, originaire du Luxembourg mariée avec Charles François Padroutte. 
Jean Nilles, originaire du Luxembourg marié avec Marie Thérèse Thirion. 
Pierre Mitch, Jean Pierre Nilles et Anne Paradeis originaire du Luxembourg domestiques de ferme. 
Anne Hamen, originaire du Luxembourg mariée avec Henry Compas. 
Toutes ces personnes sont de nationalité Hollandaise.
D’autres suivront, tel Jean Donnen qui se mariera avec Marie Pinot en 1899. 

22/08/2025

Un motocycliste entre en collision avec un cycliste


L’est républicain du 17 août 1931. 

Un motocycliste entre en collision avec un cycliste.
L’un est tué sur le coup l’autre succombe peu après.

Pagny sur Moselle, 16 août.
Samedi 15 courant, vers 22h30, sur la route nationale numéro 52 bis, à la sortie du village de Vandières, une motocyclette montée par Monsieur Raymond Étienne, 28 ans, employé de la compagnie des chemins de fer de l’Est, demeurant à Champey, et Monsieur Raymond Lortie, 31 ans, employé à la compagnie des chemins de fer d’Alsace et Lorraine, demeurant à Champey, est entré en collision avec une bicyclette conduit par Monsieur Jean Parietti, 52 ans, plâtrier, demeurant à Pagny sur Moselle.
Dans la violence du choc, monsieur Étienne, qui conduisait la motocyclette, a été tué sur le coup, le crâne défoncé et la colonne vertébrale brisée. Son camarade portier n’a été que légèrement blessé. Quant au malheureux cycliste, relevé dans un état lamentable, il fut transporté immédiatement en automobile à l’hôpital de Pont-à-Mousson par les soins de Monsieur Roger Quenette, maire de Vandières, mais il mourut peu après.
Les constatations d’usage et les premiers soins furent donnés par Monsieur le docteur Thiebaut de Pagny sur Moselle.
D’après les premières constatations faites par Monsieur Rolan, chef de la brigade de gendarmerie de Pagny sur Moselle, accompagné du gendarme Béjot, il résulterait que le cycliste, qui revenait de Vandières, se dirigeant vers Pagny, roulant sans lanterne et qu’il fut aperçu trop tard par les motocyclistes qui ne purent l’éviter et qu’ils l’accrochèrent et le traînèrent sur une longueur de près de 25 m.
L’enquête continue. Le cadavre de monsieur Étienne a été déposé à la morgue de Vandières.


Giovanni Parietti, né en 1888 en Italie, habitait rue des aulnois à Pagny sur Moselle. 
Il était plâtrier chez Cerrutti à Pagny. 

14/08/2025

La pomme de terre canada

 

Catalogue Vimorin Andrieux 1889
Page des pommes de terre

Essai de culture de pommes de terre.

Les expériences de Monsieur Paul Genay ont été faites en 1888 près de Lunéville, dans le département de Meurthe-et-Moselle. 
Ces essais ont porté sur 24 variétés. Les rendements ont varié entre 31 000 et 10 000 kg par hectare. Comme les richesses en féculent ne sont pas indiquées nous nous borderons à reproduire les réflexions de Monsieur Genay sur les deux variétés qui lui ont donné les meilleures résultats :
Early Regent vient en première ligne avec un produit total de 30 855 kg à l’hectare. Depuis quatre ans je cultive cette variété, qui a toujours été la plus productive parmi les précoces. C’est surtout avec Early Rose qu’il faut la comparer. Elle est de la même époque comme maturité, mais elle lui est bien supérieure par la qualité, la forme, la couleur, l’aspect de la chair et le rendement.
En seconde ligne nous trouvons Canada, qui a produit 29 700 kg. C’est en 1884 que j’ai reçu les premiers tubercules de cette excellente variété. Je l’ai étudié depuis non seulement chez moi, mais encore dans de nombreuses cultures voisines, et Monsieur de Vilmorin, après deux années d’essais fait sur ma recommandation, lui fait l’honneur de l’admettre en 1888 dans son catalogue. En 1889, la maison Forgeot l’a également annoncé.
Importée en 1876 ou 1877 en Lorraine par un prêtre du pays, missionnaire au Canada, avec une autre variété de couleur rouge, cette variété a été d’abord cultivée dans le jardin du presbytère de Vandières, près Pont-à-Mousson. Ses qualités ayant appelé l’attention de son propriétaire, celui-ci en donna, vers 1880, quelques tubercules à Monsieur l’économe du grand séminaire de Nancy. En avril 1884, le fermier de cet établissement m’en donna un boisseau. Telle est l’origine de cette variété qui, dans des essais comparatifs, annuellement publiés, se posa bientôt de telle sorte que je crois devoir la recommander. Les excellents renseignements que j’ai reçu des personnes qui l’essayèrent m’engagent aujourd’hui à lui consacrer une notice particulière:
Le tubercule est répandu dans la terre, il est gros, donnant peu de petits, arrondi, légèrement allongé, un peu carré du côté de l’attache, a peau lisse, jaune pâle. 
Les yeux sont légèrement entaillés, le germe et rose pas très hâtif. 
La chair blanc jaune pâle, légèrement tachée de rose, est de qualité moyenne assez riche en fécule.
La tige est vigoureuse, forte, haute, dressée, porte d’abondant bouquet de fleurs blanches lavées de rose, qui sont remarquablement fertiles. 
Les feuilles sont abondantes, vertes, larges, lisses. 
L’époque naturelle de la maturité est la seconde quinzaine de septembre. 
La résistance à la maladie est très grande. Le produit est de bonne garde, se conserve bien en gros tas comme en silos. 
Cette variété a bien réussi partout. Elle a donné des rendements maxima dans les terres lourdes est forte, même en 1888, comme dans les terres sableuse sèches.



Catalogue Vimorin Andrieux 1894
Pomme de terre canada nouveauté

Catalogue Forgeot 1894

Catalogue Forgeot 
Panier de livraison des pommes de terre germées




07/08/2025

Scène de banditisme à Vandières


La croix de l’aube du 14 septembre 1905. 
Autour d’une grève. Scène de banditisme à Vandières.

La paisible commune de Vandières vient d’être le théâtre de scène de banditisme qui se passe de commentaires et dénotes l’état d’esprit des temps troublés dans lesquels nous vivons. 
Vendredi dernier, une bande d’exaltés, que l’on ne croit pas être des métallurgistes, imbus des principes révolutionnaires que le gouvernement laisse répandre à profusion dans le peuple, venant de Pont-à-Mousson et Vociférant des chansons sanguinaires, ont cassé carreaux, bouteilles, verres, chez monsieur Barbonnait, aubergiste à Vandières, et brisé sur sa tête un litre qui lui a fait une longue et profond entaille au cuir chevelu. Poursuivant leurs tristes exploits, ils ont contusionné le cantonnier ainsi qu’un plâtrier, jeté à bas de sa voiture un conducteur, malmené d’inoffensifs piétons et, rencontrant l’adjoint à 1 km de cette commune, lui ont asséné dans la poitrine un violent coup de poing qui l’a envoyé rouler dans la berge, puis lui ont lancé à la tête, quand il se relevait, un coup de gourdin qu’il a pu heureusement parer. Il n’a dû son salut qu’à l’arrivée des braves habitants de Vandières qui s’étaient mis à la poursuite de ces lâches agresseurs. Le soir même le maire demanda du secours aux autorités de Pagny sur Moselle, et le lendemain il remettait, de concert avec l’adjoint, entre les mains de Monsieur le préfet, les soins de la police de la commune, espérant qu’aide et protection lui seraient accordées.
Les habitants exaltés à juste titre sont décidés à se défendre avec tous les instruments qui leur tomberont sous la main s’ils sont attaqués à nouveau, et à ne pas attendre qu’il soient assommés pour faire usage de leurs armes improvisées. Ce n’est plus une grève, mais une révolution, aussi nombreux sont les voyageurs qui ne s’aventurent plus sur les routes sans être munis d’un revolver, afin de vendre chèrement leur vie désormais en péril.

L’est républicain du 22 octobre 1905. 
Tribunal correctionnel de Nancy.
Audience du samedi 21 octobre.
Grévistes de Pont-à-Mousson.
Lucien Vaucher et Pierre Schmitt, tous deux 19 ans, ouvriers d’usine à Pont-à-Mousson, sont poursuivis pour coups et bris de clôture à Vandières pendant la période des grèves des usines de Pont-à-Mousson. Voici ce que reproche l’accusation au prévenu : un soir de la grève, vers six heures, cinq ouvriers grévistes parmi lesquels se trouvaient Vaucher et Schmitt, se dirigeaient vers Vandières où ils entrèrent au débit Barbonnait.
Après s’être fait servir à boire, les prévenus commencèrent à discuter, puis ils se fâchèrent et brisèrent les glaces de la devanture et quantité de verre dans le débit. Monsieur Barbonnait, étant intervenu, fut fortement malmené.
Les grévistes ayant quitté le débit, se dirigèrent vers Pont-à-Mousson, mais, en cours de route, ayant rencontré Monsieur Bertrand Gillet, conseiller d’arrondissement, qui passait à bicyclette. Il le rouèrent de coups, puis après ce fut le tour de monsieur Charette, qui rentrait chez lui.
À l’audience les prévenus se rejettent mutuellement les torts. Vaucher même affirme que Schmitt a frappé plus que lui, néanmoins les témoins déclarent que c’est Vaucher qui frappa le plus fort et le plus longtemps.
Vaucher, un mois, Schmitt six jours, tout deux avec sursis.

01/08/2025

La foudre touche une maison

 


Le progrès de l’est du 28 juin 1874. 

Le patriote raconte que mercredi, vers midi et demi, la foudre est tombée sur la maison de Monsieur Belin de Vandières.
Après s’être introduite par la cheminée elle a rencontré une poutre qui a été brûlée sur la longueur d’environ un mètre , la poutre en cet endroit a été brisée en morceaux menus comme des allumettes. Elle a ensuite rencontré un chêneau qu’elle a suivi et est arrivée contre une porte à laquelle était adossée deux domestiques de monsieur Belin. L’un a été assez fortement brûlé à la jambe et à la cuisse, mais ses blessures n’ont aucune gravité. L’autre a été légèrement brûlé dans le dos. Par un hasard non moins heureux, le feu a été arrêté à temps avant qu’il ait pu se communiquer au grenier voisin rempli de paille.

C’est la maison de Victor Belin (1826-1902) qui a été touchée le 24 juin.
Le couple Victor Belin, Marie Césarine Thouvenin (1837-1922) et leurs trois enfants vivent rue de Pont-à-Mousson. 

Deux domestiques vivent avec eux :
Pierre Krouchtem (1852-1916), 22 ans, né à Hettange (Moselle) à opté pour la nationalité française en 1872. 
Jean Nicolas Filstroff (1855-1918), 19 ans, né à Terville (Moselle) à opté pour la nationalité française en 1872.
Il s’est marié à Vandières le 10 septembre 1878 avec Madeleine Eugénie Forge.

29/07/2025

Un soldat français inconnu

Nécropole nationale de Montauville

Dans le journal de l’abbé Mamias, prêtre de Vandières en date du samedi 5 septembre 1914, on peut lire : "voici les victimes du combat du matin : un soldat du 367ème (régiment d’infanterie) tué raide et une dizaine de blessés qu’on conduit à Metz. 
J’enterre le pauvre soldat sans cérémonie, impossible de dire son nom. Sa médaille a été en enlevée et il n’y a pas de matricule à ses vêtements. 
Les autos se succèdent avec fracas, c’est la Croix Rouge de Metz qui va chercher les habitants de Pont-à-Mousson blessé par le lamentable bombardement.
Oh mon dieu ! Que des mots en cette seule journée et qu’on est heureux de la terminer en remerciant la providence d’avoir veillé sur nous. C’est évident évidemment une attention de la providence de nous avoir tous préserver jusqu’à présent. Pagny a été quatre fois bombardé, Prény a été bombardé une fois et Pont-à-Mousson après l’avoir été quatre fois les aujourd’hui pour la cinquième fois mais de fond en comble. Mousson même n’a pas été épargné, on voit briller l’incendie qui dévore des maisons". 

François Pinot, maire de Vandières, inscrit le décès de ce soldat dans le registre de l’état civil. 
Il écrit "soldat français inconnu du 365ème régiment de ligne qui a été tué dans un combat le même jour sur le territoire de la commune". 

Acte de décès du soldat inconnu


C’est l’abbé Mamias qui a relevé le bon numéro de régiment, le 365ème régiment d’infanterie étant engagé dans la région de Ville-sur-Cousances au sud ouest de Verdun (Meuse) à cette date. 

En ce début de guerre, le 367ème régiment d’infanterie participe à la défense des avant-postes sur les deux rives de la Moselle au nord de Pont-à-Mousson. 
Le 5 septembre, le régiment a ordre d’évacuer la ville et le lieutenant colonel Florentin fait sauter le pont. Une partie du régiment lutte toute la journée sur les pentes du Bois le Prêtre. Les autres défendent la crête de Sainte Geneviève. 
Passerelle en bois construite par l'armée francaise pour retablir le pont detruit


Deux soldats sont portés disparus lors des combats de Pont-à-Mousson, le 5 septembre 1914 :

Edmond Charles ALLIOT, né le 13 février 1887 à Paris. Déclaré mort pour la France par jugement du 26 mars 1920, tué à l’ennemi le 5 septembre 1914 lors des combats de Pont-à-Mousson. 

Jean Louis GOETZ, né le 5 février 1888 à Croismare. Déclaré mort pour la France par jugement du 11 février 1921, tué à l’ennemi  disparu le 5 septembre 1914 lors des combats de Pont-à-Mousson. 

Un de ces deux soldats est certainement le soldat inconnu de Vandières. Son corps a très certainement été retiré du cimetière du village pour être inhumé dans un des cimetière militaire de la région, peut être à la nécropole nationale du Pétant à Montauville.