16/09/2025

Nos villages Lorrains Nº181

 

SOMMAIRE DU N° 181

COUVERTURE AVANT: PAGNY-SUR-MOSELLE - Le passeur sur la Moselle

COUVERTURE ARRIERE : VILLERS-SOUS-PRENY - Fontaine, rue du Bois-le-Prêtre


PAGNY-SUR-MOSELLE

181/03 L'ancien député Louis Rehm

181/20 À propos du ministère de l'abbé Deviot

181/25 Conséquences du rude hiver de 1893

181/34 La mobilisation générale


PRÉNY

181/12  Changement des gardes champêtres en 1900

181/19 Les fleurs de lys du corps de garde

181/25 Réfugiés en Haute-Garonne


ARNAVILLE

181/32 La dernière journée du capitaine


BAYONVILLE

181/25 Retour au village en 1919

181/30 Mort à Haumont


ONVILLE

181/09 Vente d'antiquités en 1891

181/25 Exploit de chasse


VANDELAINVILLE

181/04 Un accident à la carrière

181/05 Nicolas Hubert Labriet, maire 1849-1862


VANDIÈRES

181/10 Les vélocipédistes et le tambour

181/14 Louis Morel

181/26 Un mutilé médaillé

181/28 Un bulletin de la Grande guerre


VILLERS-SOUS-PRENY

181/35 Le Bon Grain 1907


ARRY

181/08 Mort d'une mendiante en 1825


ABONNEMENTS: Chèque postal ou bancaire libellé et adressé à MAISON POUR TOUS -

54530 Pagny-sur-Moselle

TARIFS: 5 euros le numéro. 36 euros par abonnement postal, 20 euros par distributeurs ou dépositaires

FONDATEUR/ ÉDITEUR : « MAISON POUR TOUS » 11 E Rue de la Victoire 54530 Pagny-sur-Moselle

IMPRIMEUR : Régie industrielle des établissements pénitentiaires - 77000 Melun

DEPOT LEGAL : N° 435 - 4° trimestre 2025 - ISSN 1288-2348

13/09/2025

Les expulés de Metz




Le journal de Cette du 23 août 1914.

De Metz à Nancy.

Dans l’est républicain de Nancy que dirige avec autorité notre bon confrère René Mercier, autrefois rédacteur de la dépêche à Montpellier nous trouvons cet intéressant article de reportage qui précise certains fait vécu par les expulsés de Metz :
1200 étrangers, expulsé de Metz par les Allemands, sont arrivés vendredi matin à Nancy, après trois journées et demi de pérégrinations dont la douleur ne fut compensée que par l’accueil reçu à partir de la frontière française.
Français, belges, russes ou polonais, tous sont partis à la hâte, en portant seulement avec eux quelques vêtements de rechange, en un ballot ou dans une valise, et avec le seul argent qu’il pouvait avoir à la maison. C’est en vain, en effet, qu’on pouvait avoir un dépôt dans les banques. Les banques avaient fermé leurs guichets, avant la déclaration officielle de la guerre. Aussi, la plupart de ces malheureuses familles sont-elles dans le plus complet dénuement.
Nous avons pu nous entretenir assez longuement avec un belge, qui cherchait à Nancy l’adresse de son consul, et voici son histoire :
C’est, au surplus, celle de tous ses compagnons.

Des provisions.
Il n’y a plus de 13 ans, nous dit-il, que je suis établi à Metz, où je travaillais, depuis 10 ans, dans la même maison. J’étais coupeur dans une grande chemiserie. J’avais de beaux appointements, 300 francs par mois, et j’avais pu acheter un jardin et une petite maison à Plantières. 
Il m’a fallu laisser brusquement tout cela et la banque m’a refusé un dépôt de 700 marks.
Vous n’aviez donc pas pu prendre vos précautions ?.
Que voulez-vous ? On espérait toujours que ça s’arrangerait. À la fin cependant, on devenait inquiet. Ce fut de l’anxiété lorsqu’on nous prévint qu’il fallait faire des provisions pour six mois. Pour mon compte j’ai acheté des conserves de toutes sortes, de quoi vivre au moins trois mois. j’en aurais peut-être acheté encore davantage, mais tout augmentait dans des proportions exorbitantes, et nous ne pouvions déjà plus retirer aucun argent.
Toutes ces provisions seront maintenant perdues ?
À non! Avant de partir, j’ai tout distribué à ceux de mes voisins, Lorrains et que je savais français de cœur.

Dans la nuit.
C’est dans la nuit de dimanche à lundi qu’un agent est venu frapper à ma porte. Il est exactement une heure du matin.
Ouvrez, au nom de la loi ! Criait-il. Je descendais en toute hâte, et il m’a remis mon arrêt d’expulsion. Je devais être à la gare au plus tard, à midi et demi, avec tous les miens.
On aurait voulu emporter bien des choses, au moins tout ce que nous avions de plus cher. Mais il nous fallut nous contenter de l’indispensable. Nous avons pris tout simplement un peu de linge et quelques provisions. J’ai deux valises et un baluchon. Son fils, un garçon de 20 ans assiste à l’entretien. Mon fils en prit autant, tandis que ma femme avait assez comme lourd fardeau de notre petit-fils, un bébé qu’on nous a envoyé d’Anvers, et dont le père, mon aîné, a été appelé sous les drapeaux.

Il faut que je me paie.
Alors vous avez un enfant dans l’armée belge ?
J’en ai deux et le troisième que voici va s’engager aussitôt que nous aurons été rapatriés.
Vous allez-vous engager ? Demandons-nous au fils. C’est très bien.
Et le fils de répondre avec un large sourire:  il faut bien que je me paye sur leur peau.
Savez-vous qu’ils se conduisent comme des héros, les Belges ?
À pour sûr ! mais nous avons connu seulement leur succès à Pagny sur Moselle. À Metz, en effet, chaque jour, on annonçait des victoires et lorsque la nouvelle de la prise de Liège fut connue, ce fur des hoch sans fin, des ovations interminables, un vrai délire.

le mensonge allemand.
Il en était de même, bien entendu, chaque fois qu’ils avaient battu ces chiens de français, et je vous assure qu’il y a eu de beaux cris dans les rues, lorsqu’on a apprit que Pont-à-Mousson était brûlée, rasée et qu’ils arrivaient à Nancy !
C’est avec s’ces mensonges qu’on réchauffe le patriotisme.
Et il en a besoin d’être réchauffé, leur patriotisme. Tenez, la semaine dernière, j’avais deux réservistes à loger. C’était deux Westphaliens, ils passaient leur temps à pleurer. En voilà deux qui ne bénisse pas le kaiser. Ils allaient à la guerre avec l’entrain de chien qu’on fouette. Figurez-vous qu’il me faisait pitié et que je les ai consolé en leur disant que les Français ne sont pas des sauvages.

Le départ.
Mais revenons à notre départ. J’arrivais donc, lundi, à la gare de Metz, un peu après-midi. Nous étions là, un milliers et il est arrivait encore. 
On nous parqua dans les salles d’attente, puis on procéda à l’appel. Par paquet de dix, on nous conduisait au compartiment. Un soldat, baïonnette au canon, se plaçait à chaque portière.
On ne vous a pas brutalisé ?
Non les agents ont été corrects, à la condition de ne pas faire appeler deux fois.

De Novéant à Pagny
On alla ainsi, par le train, jusqu’à Novéant. Là, il fallu descendre. Notre troupeau se forma par rangs de quatre et, précédé d’un officier, escorté de fantassins, pris la route d’Arnaville. Là, les prussiens nous laissèrent et firent demi-tour.
Nous savions que nous approchions des avant-postes français. Toute la troupe se transforma à tout hasard en parlementaire, en arborant nos mouchoirs au bout de nos bâtons, de nos cannes ou de nos parapluies.
Nous pensions arriver le soir même a Vandières. Malheureusement on allait pas bien vite, car les meilleurs marcheurs devaient attendre les traînard, les vieux, les femmes et enfants.
On reste donc à Pagny, et, pour mon compte, je fus héberger chez M. Villemin, un brave hôtelier qui nous donna deux lits. Les camarades se répandirent dans le village, où, nous devons le proclamer bien haut, on n’aurait pas mieux reçu des parents.

Quelqu’un trouble la fête. 
On a pris là que les prussiens y avaient poussé des pointes, sans faire de mal, ailleurs qu’aux caves et aux poulaillers. Ils avaient pris aussi huit vaches. Ils étaient en train de se saouler, lorsque des chasseurs français vinrent interrompre la fête en leur mettant la fourchette dans les reins.
Ah ! Ils ont de l’entrain, les vôtres ! On aurait dit que ça les amusait de se battre.
Le lendemain matin, réconfortés autant par tout ce que on voyait, par les bonnes nouvelles, que par un bon repas et une bonne nuit, on se remet en route pour Vandières.

Courage.
On ne trouvait plus les kilomètres longs. À chaque poste français, on nous réconfortait, on nous serrait la main.
Courage ! Courage ! Bientôt vous rentrerez chez vous en maîtres. 
Un adjudant qui avait un numéro de l’est républicain nous donna lecture de la victoire beige devant Liège. Et vous pensez bien que pour mon compte, je pleurais de joie.

À Pont-à-Mousson.
À Pont-à-Mousson, qu’on nous avait dit détruite, le même accueil qu’à Pagny et à Vandières nous attendait. Là, nous montâmes sur des chars et c’est dans un attirail pittoresque, juché au petit bonheur sur des sacs de paille, que l’on arriva à Frouard, d’où le train nous a menés jusqu’ici.

Et Samain ? Et les confrères ?
Avant de quitter Metz, avez-vous appris que Samain avait été fusillé ?
Oui, nous l’avons entendu dire. Une chose est en tout cas certaine, c’est que personne ne l’a revu à Metz.
Et nos confrères des journaux français ?
Monsieur pignon, du Messin, a été arrêté. J’ignore, depuis, quel est son sort.
Monsieur Houppert, doit être aussi coffré en tout cas, il n’a pas reparu à son journal. 
Il y a aussi les frères Bena, qu’on a inquiétés. L’un, l’avocat, a dû verser une caution de 80 000 mark. Son frère, le docteur, doit être toujours en prison.
C’est parce qu’ils appartenait sans doute au souvenir français ?
Non, ou du moins ce ne serait pas seulement pour cela. Les prussiens les ont accusés, en effet, d’avoir empoisonné les eaux !
Les trois couleurs.
Comme notre brave belge exhibe une cocarde tricolore, nous lui demandons en souriant: 
vous n’avez pas arboré ces trois couleurs à Metz ?
Ah non ! Nous les avons acheté en France, le long de la route. Tout le monde en a, les femmes au corsage, les hommes au chapeau. On est pas riche, mais tant pis. Nous étions si heureux, si fiers d’arborer les couleurs française. Ils nous semblait qu’elle nous porterait bonheur, et qu’elle nous mettait en sûreté.
Et maintenant, le plus dur est passé. Encore un jour ou deux, et tous ceux qui ont encore la force de tenir un fusil, s’en iront faire le coup de feu.
Il ne faut pas qu’il en échappe un seul de ces coquin là.

Vous êtes belge ?
Un autre expulsé est venu nous voir. Et voici ce qu’il nous a conté :
Depuis quinze jours on nous avait habillé en soldat. Nous transportions toute la journée des obus et des munitions dans les forts.
À mon dieu ! Qu’on était mal nourri, quand on était nourri.
On nous aurait sans doute retenu ainsi en esclavage jusqu’à je ne sais quand si les Allemands n’avaient pas appris la résistance héroïque de nos compatriotes.
Quand ils ont eu les nouvelles, ils nous ont enlevé l’uniforme, et ils nous ont expulsés, en nous donnant trois heures de délai. Passé cette heures nous étions prisonniers de guerre. 
Je voulais passer par le Luxembourg pour rejoindre mon pays. À la gare je demandais l’autorisation au Major.
Vous êtes belge ? Interroge-t-il.
Oui.
Eh bien, vous partirez vers Novéant avec le troupeau et je souhaite qu’on vous arrange là-bas comme vous arrangez les nôtres.
Qu’est-ce qu’on leur fait ?
On les lie au poteau, et les femmes leur crèvent les yeux avec des épingles.
Ce militaire doit prendre les Belges pour les Allemands sans doute.

Les fausses nouvelles.
D’ailleurs les journaux écrivent l’histoire de la même façon. Le Metzer Zeitung, que j’avais dans la poche, racontait hier que Pagny était bombardé, Pont-à-Mousson en flamme, et qu’on entrerait à Nancy aujourd’hui ou demain avec le prince Impérial, que j’ai vu à Metz en auto en costume de hussard de la mort.
Nous nous sommes aperçus que ce n’était pas tout à fait cela.

Un coup de baïonnette.
On nous a donc mis dans le train gardé par des soldats.
À Novéant on nous a débarqués, mis en rang et chassés. J’étais éreinté par la chaleur et le poids de mes pauvres colis.
Un des Bavarois me pousse. Je proteste. Il me donne un coup de crosse. Je regimbe. Il m’envoie dans la cuisse un coup de baïonnette qui heureusement n’a déchiré que mon pantalon et ma chemise.
Sans ma femme, qui m’a supplié de me taire, je crois bien qu’il serait arrivé un malheur.

À Pagny.
Enfin nous arrivons à Pagny. On nous accueille à bras ouverts. On nous loge à la mairie, à la Croix Rouge, chez les habitants si affectueux pour nous.

Les uhlans surpris.
Dans la nuit nous dormions, c’était la nuit de mercredi à jeudi, quand nous entendons des coups de fusil. C’était des uhlans qui venaient enlever quelques provisions comme ils avaient fait la veille. Mais les chasseurs français, qui étaient en embuscade les avaient canardés. Huit uhlans sont restés sur le carreau pendant que les autres prenaient la fuite. 
Aux postes français.
Le jeudi matin nous reprenions le chemin vers Nancy, et nous étions arrêté à chaque poste. Quel entrain partout ! Quelle joie d’avoir bientôt à combattre !
Les soldats français étaient joyeux comme ils n’est pas possible de l’être. Ils nous donnaient du vin, de la viande, du pain. Il nous promettaient un retour prochain à Metz, chez nous disaient-ils.
C’était une fête chaque fois que nous les rencontrions.
Puis on avait acheté des drapeaux, des rubans et on portait les trois couleurs au chapeau, sur la poitrine partout.  Ah je le garderai, tout cela !

La situation à Metz.
Et là-bas, à Metz qu’est-ce qu’on pense, qu’est-ce qu’on dit ?
On pense que dans trois semaines on mourra de faim. Le maire, M. Forêt a demandé aux autorités militaires quelles n’expulsent pas les commerçants. Les prussiens ne veulent rien savoir.
Mais en revanche, si les soldats ne sont pas bien nourris, et si la population connaît la famine, on les gorge d’heureuses nouvelles qui ne coûte rien au service de l’intendance.

Pas un !
On nous disait que les Français, après être arrivé près de Mulhouse avait été repoussés jusqu’au au-delà de Belfort. Qu’on avait fait 2000 prisonniers, qu’on allait les amener à la caserne du génie de Metz. Qu’on avait pris douze canons, trois mitrailleuses. Que les Allemands avaient envahi la France. Je n’ai pas vu de prisonniers français à Metz, ni de canons français ni de mitrailleuses françaises.
Mais ce que j’ai bien vu en arrivant à Pagny, c’est que je n’ai pas vu un seul allemand sur le sol français. Pas un !

Alexis Samain


Alexis Samain (1884-1940) président du souvenir français, association créée en 1887 pour commémorer les 100 000 soldats français morts pendant la guerre Franco-prussienne de 1870. Présente en Moselle occupée depuis 1906, elle finit par être interdite en 1913. 
Alexis Samain a bien été arrêté mais envoyé à la citadelle D’Ehrenbreistein. Il a été ensuite envoyé sur le front russe. Il revient à Metz le 18 novembre 1918 et participe aux cérémonies de la libération aux côtés des autorités militaires. 

Paul Pignon (1849-1927) rédacteur en chef du journal Le Messin.

Nicolas Houpert (1859-) rédacteur en chef du journal Le Lorrain. Décoré de la légion d’honneur en 1921. 

Journaux interdits de parution 31 juillet 1914 : Le Messin, Le Lorrain et Le courrier de Metz.  

Joseph Albert Béna (1875-1953) avocat. Décoré de la légion d’honneur en 1921. 
Victor Alfred Béna (1889-1944) médecin. 

06/09/2025

Le récit d’un évacué de Mamey

 

Mamey rue de l'orme

L’éclair de l’est du 22 décembre 1914. 

Le récit d’un évacué de Mamey.

Parmi les communes les plus éprouvé par la guerre, on peut citer celle de Mamey, dans le canton de Domèvre en Haye.
Ce malheureux village a été bombardé et occupé par les Allemands qui ont emmené plusieurs habitants comme otages. Un de ceux-ci, monsieur Émile Petit, qui a pu s’échapper des mains des boches, nous adresse l’émouvant récit de son odyssée. Nous lui laissons la parole :
Le 5 septembre, les Allemands entraient à Mamey. Ils manifesten
t une fureur indescriptible et enferment aussitôt tous les hommes dans l’église pour y passer la nuit.
Un jeune homme s’étant enfui, affolé, les soldats le poursuivent, l’amènent devant l’église et le fusillent.
Le lendemain, des milliers d’allemands occupent Mamey et le pillages commence. Les caves sont rapidement mises à sac. Je suis pris par un groupe de ces pillards qui, le revolver sous la gorge, arrachent ma montre. 
Pendant cinq jours, les boches chargent sur des voitures, le produit de leurs pillages.
Nous sommes ensuite tranquille jusqu’au 23 septembre où le bombardement nous atteint et où les Allemands prévoyant qu’ils vont être forcés de décamper et furieux de se voir battus portent leur vengeance sur les habitants. À 3 heures de l’après midi, ils donnent l’ordre de réunir tout le monde et enferment les habitants dans une cave.
Les vieillards, les infirmes, les enfants ne sont pas épargnés. Les bourreaux descendent dans cette cave des bidons de pétrole et défendent à leurs victimes de bouger sous peine d’être fusillés.
À 10 heures du soir, il nous emmènent à Fey-en-Haye, village distant de 4 km, où nous arrivons à 1h du matin. Malgré mes supplications, j’ai été séparé de ma famille et je ne sais ce qu’elle est devenue. C’est pour moi le commencement de véritables tortures.
À Fey, nous sommes enfermés dans la salle d’école sur une litière où les blessés allemands sont restés pendant trois jours. L’air est infect et pourtant, on nous défend d’ouvrir les fenêtres. On nous défend même de parler. Nous demeurons là deux jours et deux nuits, sans autre nourriture que quelques pommes de terre que de brave femmes du village peuvent nous donner.
Le 26, nous sommes évacué dans la direction de Vilcey et de Villers-sous-Prény.
À Vilcey, se trouve réunies les populations de Regniéville, et Mamey. On ne trouve pas de quoi manger. Pour obtenir quelques nourritures, nous demandons à un officier, trois autres hommes et moi, de nous permettre d’aller à Vandières. Nous obtenons l’autorisation.
Le temps est superbe. Après notre emprisonnement, nous apprécions notre demi liberté. Près de la gare de Vandières, un poste allemand nous fait rebrousser chemin. Nous trouvons alors l’hospitalité chez une personne du village qui nous donne à manger et nous offre un lit, mais un lieutenant allemand commandant un peloton, baïonnette au canon, survient et nous emmène au poste pour y passer la nuit. Ce lieutenant avait été avisé par le sous-officier commandant le poste de la gare que nous avions voulu traverser la Moselle, afin de rendre compte de ce que nous avions vu aux officiers français.
Le lendemain, 20 soldats viennent nous chercher et nous emmène à Pagny-sur-Moselle où nous sommes internés jusqu’au dimanche 28 septembre. On ne nous donne aucune nourriture et on nous apporte seulement de l’eau dans un saut hygiénique.
Le 28, vers midi, une voiture nous conduit jusqu’à Metz.
Vous dire ce que fut ce trajet est presque impossible. Le véhicule s’arrêtait dans chaque village et là on réunissait les nombreux immigrés qui ont, hélas, envahi nos communes du pays annexé. On nous donnait en spectacle et nous faisions la risée de ces gens auxquels se joignaient les soldats se trouvant dans la localité. Il criaient comme de vrais sauvages et ces paroles revenaient souvent : ia, ai, franzoses,  capout. 
Nous arrivons à Moulins-les-Metz à cinq heures du soir. Là, se trouve le quartier général. On nous introduit aussitôt dans une salle ou siège un général entouré de son état major.
Un civil, sans doute un agent de la sûreté, nous interroge et transmet nos réponses au général.
Ce dernier, à son tour, nous interroge. Il me demande, en français, pourquoi nous sommes devant lui: 
"le motif lui répondis-je, je l’ignore. Nous avons été évacués par vos troupes, notre village étant détruit. Je suis séparé de ma famille et je ne puis obtenir sur elle aucuns renseignements. Nous sommes sans ressources et presque sans vêtements. Que voulez-vous de nous ?" 
En lui montrant ma poitrine, j’ai ajouté : "voilà, si vous le jugez à propos, faites-le, je suis prêt".
Sans daigner me répondre, le général poursuit son interrogatoire et questionne mes trois camarades. Il fait ensuite aligner ses soldats devant nous, fait charger les fusils, puis d’un ton bref, il commande aux hommes de nous emmener.
La nuit tombe, il fait un froid glacial que nous supportons mal, étant vêtus très légèrement. Les privations nous ont affaibli et nous chancelons. Nous faudra-t-il aller loin comme cela, nous l’ignorons. Je suis prêt à désespérer. Je pense aux miens, que je ne reverrai pas et qui ignore le sort qui m’est réservé.
Une pensée chrétienne me vient alors à l’esprit et je me sens plus fort. Je prie, je fais du fond du cœur mon acte de contrition. Ces prières, Dieu devait les entendre, car arrivés derrière la caserne où on devait nous fusiller, on nous fait faire demi-tour et on nous fait entrer dans une des chambres de la caserne. Les soldats, tous des territoriaux, nous donnent alors à manger et nous rassurent sur notre sort.
Le lendemain, après un dernier interrogatoire, le général nous fait remettre en liberté et, sur notre demande, nous fait reconduire par un soldat à Pagny-sur-Moselle. À Pagny, le commandant de la place interprète mal l’ordre du général, et nous enferme à nouveau pendant deux jours.
Ce n’est qu’après nos protestations réitérées que le commandant téléphone au quartier général et, est enfin convaincu de notre innocence.
Nous étions donc libéré définitivement, du moins le croyons-nous. Nous avions le droit d’aller et venir dans le village. Deux jours se passent ainsi. Mais voilà que les obus français peuvent subitement sur la gare.
L’ordre est donné d’enfermer dans l’église tous les hommes sans exception.
Nous y demeurons trois jours et trois nuits, au bout desquelles on devait nous en faire sortir en raison des décès fréquents qui se produisait parmi les vieillards.
Avec un de mes camarades, je demande alors l’autorisation de partir pour Vandières, afin de participer aux travaux de la vendange. L’autorisation nécessaire nous est accordé.
Une fois à Vandières, l’idée nous vint à tous deux de chercher le moyen de repasser dans les lignes françaises.
Nous n’avions plus à hésiter, car déjà de nombreux jeunes gens, quoi que français, avait été enrôlés de force dans les régiments allemand. Une personne de Vandières nous indique un gué. Nous le gagnons avec mille précautions afin d’éviter les sentinelles. Nous nous chargeons de pierres afin de pouvoir lutter contre le courant très fort à cet endroit. 
Nous parvenons, non sans peine, à gagner l’autre rive, où nous étions à 300 m de Champey, village que je connais très bien. Nous avions compté n’y trouver que quelques patrouilles allemandes, grande fût notre déception quand nous nous aperçûmes qu’il était fortement occupé par les boches.
Un peu plus loin, nous apercevons trois sentinelles qui ne nous avait pas encore vues. Nous nous mettons immédiatement à arracher des betteraves et vers 11h du matin nous faisons notre entrée au village de Champey, comme de paisibles travailleurs de retour des champs. Nous avons la chance de ne pas être interrogés. Le maire, chez qui nous allons veut bien nous cacher chez lui. Huit jours se passe ainsi.
Par une nuit noire, alors que la pluie tombait à torrent, nous sortons de notre cachette et nous nous glissons jusqu’au bord de la rivière. 



Nous longeons la Moselle et nous passons en rampant à côté d’un poste allemand sans donner l’éveil. Au petit jour, nous avons fait 3 km, presque continuellement en rampant. Il nous reste encore 2 km à faire pour atteindre Pont-à-Mousson. Nous nous croyons en sûreté et nous côtoyons la Moselle en causant, lorsque tout est coup derrière des peupliers nous apercevons deux sentinelles allemandes qui, je n’ai jamais su pourquoi, se cachent à notre vue. Ce fut notre salut. Au pas gymnastique, nous gagnons alors les lignes françaises. Il était 7h du matin.
Nous n’avions plus un fil de sec sur le dos et nous étions transis de froid. Nous fûmes interrogés par des officiers français à qui nous pûmes fournir des renseignements très utile sur ce que nous avions vu.

Mamey destructions

Émile Joseph Petit est né le 6 octobre 1877 à Mamey
Il se marie avec Marie Berthe Lemoine le 4 décembre 1907 à Limey. 
Marie Berthe est née le 4 juillet 1883 à Limey. 

En 1911, le couple habite rue de l’orme à Mamey. Émile est bûcheron. 

Après la guerre, le couple s’installe à Montauville, rue nationale. 
Marie Berthe décède le 3 juin 1957 à Montauville à l’âge de 80 ans. 
Je n’ai pas trouvé la date de décès d’Émile Joseph Petit. Il est recensé à Montauville jusqu’en 1936.




 

30/08/2025

Un pâtre prussien

 


Quand on parcours les recensements de population de Vandières pour l’année 1872, on peut être étonné de trouver une famille dont le chef est né en Prusse, deux ans après la défaite de 1870 et la perte d’une partie du territoire français à quelques kilomètres sur l’autre rive de la Moselle. 

Il est berger et s’appelle Jean Dahmen, il s’est marié avec Marguerite Keiff le 4 octobre 1859 à Bistroff (Moselle), lieu de naissance de la mariée. Lui est né à Geislautern  en Sarre.

Le couple a 6 enfants, grâce auxquels on peut suivre le parcours de Jean Dahmen depuis son mariage. 
Les deux premiers sont nés à Bistroff, Pélagie en 1860 et Nicolas un an plus tard. 
Le troisième enfant prénommé Jean Pierre est né en 1863 à Charey (Meurthe). 
Puis deux filles naissent à Limey (Meurthe), Pélagie Victorine en 1865 et Annette en 1866. 
Le dernier enfant, Nicolas est né à Vandières le 18 juin 1871. 

La famille Dahmen habite rue Saint Pierre et Raugraff mais ont déménagé avant 1881 pour un lieu qui m’est inconnu. On les retrouve à Charey en 1886 puis à Xammes en 1891. 
Ils restent dans le même secteur puisqu’ils résident à Waville en 1898 lors du mariage de Jean Dominique. 
Après le mariage de leur dernier enfant il n’y a plus de trace du couple. 
Ils n’habitent pas chez Jean Dominique à Pont-à-Mousson, ni chez Jean Pierre à Ézanville (Val d’Oise). 

Pélagie Dahmen (01/01/1860 Bistroff - 22/04/1864 Charey) 4 ans

Nicolas Dahmen (06/11/1861 Bistroff - 26/11/1880 Limey)  19 ans

Jean Pierre Dahmen (06/10/1863 Charey - 13/01/1931 Montmorency) 67 ans 
       Marié avec Marie Scherer en 

Pélagie Victorine Dahmen (22/05/1865 Limey - 05/05/1889 Xammes) 24 ans

Annette Dahmen (21/08/1866 Limey - 19/07/1893 Xammes) 26 ans
       Mariée avec Étienne Gauthier en 1888 puis avec Charles Pierre en 1891

Jean Dominique Dahmen (18/06/1871 Vandières - 28/02/1927 Pagny-sur-Moselle) 55 ans
       Marié avec Marie Lallemand en 1898

Il nous manque des témoignages qui pourraient laisser entendre que les origines de Jean ont pu lui valoir des tourments de la part des habitants des villages habités par lui et sa famille. 

D’autres familles venant de l’étranger ( hors Moselle annexée) habitent à Vandières en 1872:
Pierre Poute, Joséphine Dupriez et leurs trois enfants originaires de la Belgique. 
Melchior Vincent Boutté, Madeleine Rinqueberck et leurs deux enfants originaires de la Belgique.

Nicolas Hamen, originaire du Luxembourg marié avec Elisabeth Pinot. 
Jean Nicolas Fischer, originaire du Luxembourg marié avec Marie Guichard et leur fils. 
Marguerite Bour, originaire du Luxembourg mariée avec Charles François Padroutte. 
Jean Nilles, originaire du Luxembourg marié avec Marie Thérèse Thirion. 
Pierre Mitch, Jean Pierre Nilles et Anne Paradeis originaire du Luxembourg domestiques de ferme. 
Anne Hamen, originaire du Luxembourg mariée avec Henry Compas. 
Toutes ces personnes sont de nationalité Hollandaise.
D’autres suivront, tel Jean Donnen qui se mariera avec Marie Pinot en 1899. 

22/08/2025

Un motocycliste entre en collision avec un cycliste


L’est républicain du 17 août 1931. 

Un motocycliste entre en collision avec un cycliste.
L’un est tué sur le coup l’autre succombe peu après.

Pagny sur Moselle, 16 août.
Samedi 15 courant, vers 22h30, sur la route nationale numéro 52 bis, à la sortie du village de Vandières, une motocyclette montée par Monsieur Raymond Étienne, 28 ans, employé de la compagnie des chemins de fer de l’Est, demeurant à Champey, et Monsieur Raymond Lortie, 31 ans, employé à la compagnie des chemins de fer d’Alsace et Lorraine, demeurant à Champey, est entré en collision avec une bicyclette conduit par Monsieur Jean Parietti, 52 ans, plâtrier, demeurant à Pagny sur Moselle.
Dans la violence du choc, monsieur Étienne, qui conduisait la motocyclette, a été tué sur le coup, le crâne défoncé et la colonne vertébrale brisée. Son camarade portier n’a été que légèrement blessé. Quant au malheureux cycliste, relevé dans un état lamentable, il fut transporté immédiatement en automobile à l’hôpital de Pont-à-Mousson par les soins de Monsieur Roger Quenette, maire de Vandières, mais il mourut peu après.
Les constatations d’usage et les premiers soins furent donnés par Monsieur le docteur Thiebaut de Pagny sur Moselle.
D’après les premières constatations faites par Monsieur Rolan, chef de la brigade de gendarmerie de Pagny sur Moselle, accompagné du gendarme Béjot, il résulterait que le cycliste, qui revenait de Vandières, se dirigeant vers Pagny, roulant sans lanterne et qu’il fut aperçu trop tard par les motocyclistes qui ne purent l’éviter et qu’ils l’accrochèrent et le traînèrent sur une longueur de près de 25 m.
L’enquête continue. Le cadavre de monsieur Étienne a été déposé à la morgue de Vandières.


Giovanni Parietti, né en 1888 en Italie, habitait rue des aulnois à Pagny sur Moselle. 
Il était plâtrier chez Cerrutti à Pagny. 

14/08/2025

La pomme de terre canada

 

Catalogue Vimorin Andrieux 1889
Page des pommes de terre

Essai de culture de pommes de terre.

Les expériences de Monsieur Paul Genay ont été faites en 1888 près de Lunéville, dans le département de Meurthe-et-Moselle. 
Ces essais ont porté sur 24 variétés. Les rendements ont varié entre 31 000 et 10 000 kg par hectare. Comme les richesses en féculent ne sont pas indiquées nous nous borderons à reproduire les réflexions de Monsieur Genay sur les deux variétés qui lui ont donné les meilleures résultats :
Early Regent vient en première ligne avec un produit total de 30 855 kg à l’hectare. Depuis quatre ans je cultive cette variété, qui a toujours été la plus productive parmi les précoces. C’est surtout avec Early Rose qu’il faut la comparer. Elle est de la même époque comme maturité, mais elle lui est bien supérieure par la qualité, la forme, la couleur, l’aspect de la chair et le rendement.
En seconde ligne nous trouvons Canada, qui a produit 29 700 kg. C’est en 1884 que j’ai reçu les premiers tubercules de cette excellente variété. Je l’ai étudié depuis non seulement chez moi, mais encore dans de nombreuses cultures voisines, et Monsieur de Vilmorin, après deux années d’essais fait sur ma recommandation, lui fait l’honneur de l’admettre en 1888 dans son catalogue. En 1889, la maison Forgeot l’a également annoncé.
Importée en 1876 ou 1877 en Lorraine par un prêtre du pays, missionnaire au Canada, avec une autre variété de couleur rouge, cette variété a été d’abord cultivée dans le jardin du presbytère de Vandières, près Pont-à-Mousson. Ses qualités ayant appelé l’attention de son propriétaire, celui-ci en donna, vers 1880, quelques tubercules à Monsieur l’économe du grand séminaire de Nancy. En avril 1884, le fermier de cet établissement m’en donna un boisseau. Telle est l’origine de cette variété qui, dans des essais comparatifs, annuellement publiés, se posa bientôt de telle sorte que je crois devoir la recommander. Les excellents renseignements que j’ai reçu des personnes qui l’essayèrent m’engagent aujourd’hui à lui consacrer une notice particulière:
Le tubercule est répandu dans la terre, il est gros, donnant peu de petits, arrondi, légèrement allongé, un peu carré du côté de l’attache, a peau lisse, jaune pâle. 
Les yeux sont légèrement entaillés, le germe et rose pas très hâtif. 
La chair blanc jaune pâle, légèrement tachée de rose, est de qualité moyenne assez riche en fécule.
La tige est vigoureuse, forte, haute, dressée, porte d’abondant bouquet de fleurs blanches lavées de rose, qui sont remarquablement fertiles. 
Les feuilles sont abondantes, vertes, larges, lisses. 
L’époque naturelle de la maturité est la seconde quinzaine de septembre. 
La résistance à la maladie est très grande. Le produit est de bonne garde, se conserve bien en gros tas comme en silos. 
Cette variété a bien réussi partout. Elle a donné des rendements maxima dans les terres lourdes est forte, même en 1888, comme dans les terres sableuse sèches.



Catalogue Vimorin Andrieux 1894
Pomme de terre canada nouveauté

Catalogue Forgeot 1894

Catalogue Forgeot 
Panier de livraison des pommes de terre germées




07/08/2025

Scène de banditisme à Vandières


La croix de l’aube du 14 septembre 1905. 
Autour d’une grève. Scène de banditisme à Vandières.

La paisible commune de Vandières vient d’être le théâtre de scène de banditisme qui se passe de commentaires et dénotes l’état d’esprit des temps troublés dans lesquels nous vivons. 
Vendredi dernier, une bande d’exaltés, que l’on ne croit pas être des métallurgistes, imbus des principes révolutionnaires que le gouvernement laisse répandre à profusion dans le peuple, venant de Pont-à-Mousson et Vociférant des chansons sanguinaires, ont cassé carreaux, bouteilles, verres, chez monsieur Barbonnait, aubergiste à Vandières, et brisé sur sa tête un litre qui lui a fait une longue et profond entaille au cuir chevelu. Poursuivant leurs tristes exploits, ils ont contusionné le cantonnier ainsi qu’un plâtrier, jeté à bas de sa voiture un conducteur, malmené d’inoffensifs piétons et, rencontrant l’adjoint à 1 km de cette commune, lui ont asséné dans la poitrine un violent coup de poing qui l’a envoyé rouler dans la berge, puis lui ont lancé à la tête, quand il se relevait, un coup de gourdin qu’il a pu heureusement parer. Il n’a dû son salut qu’à l’arrivée des braves habitants de Vandières qui s’étaient mis à la poursuite de ces lâches agresseurs. Le soir même le maire demanda du secours aux autorités de Pagny sur Moselle, et le lendemain il remettait, de concert avec l’adjoint, entre les mains de Monsieur le préfet, les soins de la police de la commune, espérant qu’aide et protection lui seraient accordées.
Les habitants exaltés à juste titre sont décidés à se défendre avec tous les instruments qui leur tomberont sous la main s’ils sont attaqués à nouveau, et à ne pas attendre qu’il soient assommés pour faire usage de leurs armes improvisées. Ce n’est plus une grève, mais une révolution, aussi nombreux sont les voyageurs qui ne s’aventurent plus sur les routes sans être munis d’un revolver, afin de vendre chèrement leur vie désormais en péril.

L’est républicain du 22 octobre 1905. 
Tribunal correctionnel de Nancy.
Audience du samedi 21 octobre.
Grévistes de Pont-à-Mousson.
Lucien Vaucher et Pierre Schmitt, tous deux 19 ans, ouvriers d’usine à Pont-à-Mousson, sont poursuivis pour coups et bris de clôture à Vandières pendant la période des grèves des usines de Pont-à-Mousson. Voici ce que reproche l’accusation au prévenu : un soir de la grève, vers six heures, cinq ouvriers grévistes parmi lesquels se trouvaient Vaucher et Schmitt, se dirigeaient vers Vandières où ils entrèrent au débit Barbonnait.
Après s’être fait servir à boire, les prévenus commencèrent à discuter, puis ils se fâchèrent et brisèrent les glaces de la devanture et quantité de verre dans le débit. Monsieur Barbonnait, étant intervenu, fut fortement malmené.
Les grévistes ayant quitté le débit, se dirigèrent vers Pont-à-Mousson, mais, en cours de route, ayant rencontré Monsieur Bertrand Gillet, conseiller d’arrondissement, qui passait à bicyclette. Il le rouèrent de coups, puis après ce fut le tour de monsieur Charette, qui rentrait chez lui.
À l’audience les prévenus se rejettent mutuellement les torts. Vaucher même affirme que Schmitt a frappé plus que lui, néanmoins les témoins déclarent que c’est Vaucher qui frappa le plus fort et le plus longtemps.
Vaucher, un mois, Schmitt six jours, tout deux avec sursis.