01/11/2025

Escarmouche au bord de la moselle



Dans le journal de l’abbé Mamias, prêtre de Vandières en date du dimanche 16 août 1914, on peut lire : "Encore une victime ! Un réserviste nommé Bach de Pont à Mousson a été probablement tué dans une reconnaissance près de la Moselle, un autre chasseur à pied aurait été blessé.

À cette date, les allemands n’occupent pas encore le village et ce sont les chasseurs du 26ème bataillon de chasseurs à pied de Pont-à-Mousson qui défendent le secteur.


Le futur abbé Fernand Camille Pinot, né en 1897 à Vandières (Ordonné en 1924), nous donne quelques renseignements supplémentaires : " Voulant se distinguer par un exploit, des chasseurs à pied s'embarquent dans les roseaux de la moselle et canardent les allemands qui viennent faire boire leurs chevaux. La réplique ne se fait pas attendre et un des nôtres fut tué et l'autre blessé.


Dans le journal des marches et opérations du 26ème BCP pour le dimanche 16 août 1914, on peut lire :

Dernier jour de la mobilisation.  

Tué un chasseur, blessé un caporal et un chasseur.

Une patrouille de la 4ème compagnie, envoyée à Vandières sur la Moselle par le Ravin de Trem, a reçu des coups de fusil partis de l’autre rive. Le chasseur BACH a été tué, le caporal LUTZ blessé légèrement, une autre patrouille dans les mêmes conditions a eu un chasseur blessé sans gravité (CHARDIN). 

Cette patrouille a ouvert le feu sur un groupe d’une dizaine d’allemand où se trouvaient deux officiers. L’un d’eux tomba avec trois ou quatre hommes. L’ennemi occupa par ses avant-postes la croupe au sud d’Arnaville, Champey, le bois de la Côte, Bouxières et Longeville les Cheminot.

La position signal de Vittonville, bois de la Côte est fortifié.



Chasseurs du 26ème BCP en aôut 1914

La première victime est le chasseur Jules BACH né le 11/02/1885 à Morsbach (Moselle), mort pour la France le 16/08/1914 sous Vittonville à l’âge de 29 ans. Son corps repose au carré militaire du cimetière de Pont-à-Mousson. 

La seconde victime est le caporal Lucien Joseph LUTZ né le 19 avril 1889 à Pont-à-Mousson.
Il est marié depuis 1912 avec Anna Pauline Godfroid. 
Cette blessure par balle à la cuisse l’éloigne du champ de bataille jusqu’au 17 septembre 1914.
En  janvier 1915,  il attrape la typhoïde alors qu’il est en voir dans la boue des tranchées du bois Bouchot dans le secteur de Verdun. 
En mai 1916, il échappe de peu à la mort lorsqu’un éclat d’obus déchire sa capote alors qu’il est en première ligne en Champagne lui valant une citation.
En septembre 1916, il est blessé par un éclat d’obus lors des combats de la ferme du bois l’abbé près de Bouchavesnes (Somme)
Il passe au 59 BCP en juin 1918. En août 1918, le régiment est installé à Mont-Notre-Dame (Aisne) le long de la voie ferrée Soissons-Reims. 
Il est évacue le 16 août 1918, intoxiqué par les gaz de combats, 4 ans jour pour jour après sa première blessure. 
Après la victoire, il se retire à Gennevilliers puis à Asnières. Il meurt à Evreux (Eure) en 1957. 

La troisième victime est Émile Joseph François CHARDIN né le 19 mai 1893 à Landremont.
Après cette blessure qui lui vaut trois mois de repos, il rejoint le front où il tombe malade en août 1915 alors que le bataillon se trouve dans la Marne. 
Il est blessé une deuxième fois par balle le 16 avril 1916 lors de la défense de Verdun.  
Il reçoit une citation en janvier 1918 pour sa bravoure et ses 31 mois de présence au front. 
Il est déclaré disparu le 30 mars 1918  lors des combats autour d’Aubvillers (Somme). 
Il a été ramassé sur le champ de bataille par les allemands et meurt de ses blessures le 6 avril à Ham (Somme). Son corps repose à la nécropole nationale d’Hattencourt. 










25/10/2025

La grande inondation de 1947

 

Nancy gare Saint Georges inondée 

L'éclair de l'est du 5 janvier 1948.

Certains voyageurs se sont ému, à tort, semble-t-il des perturbations apportées dans le trafic 

ferroviaire par les inondations. Quand on sait les magnifiques efforts du personnel de la S.N.C.F., 

après la libération, la rénovation presque complète, des réseaux, le rétablissement rapide des ouvrages 

d’art, on est enclin à ne pas porter trop rapidement de critiques. 

C’est pourquoi nous avons demandé à M, l'inspecteur principal du 3ème arrondissement de vouloir bien 

mettre la question au point à l’intention de nos lecteurs. 


Incidence générale 


Les voies ferrées traversant Nancy ou y trouvant leur origine ont toutes été plus ou moins touchées par la crue. Mais les premiers effets de l’inondation se firent sentir sur le parcours Nancy-Mirecourt, aux environs de Ceintrey, Clérey, puis Pierreville et Xeuilley, par suite de la proximité du Madon. 

Néanmoins, la circulation fut maintenue entre Nancy et Neuves-Maisons d’une part et Vézelise et Mirecourt d'autre part. 

La ligne Paris-Strasbourg, baptisée autrefois ligne P-A. subit, elle aussi, des interruptions. A Frouard, l’eau atteignait 1m50 au-dessus des rails. Le 30 décembre, les voies principales étaient submergées entre Toul et Frouard, à proximité de Fontenoy. 

Sur le parcours Nancy-Metz, les voies étaient coupées sur une longueur de 300 mètres, entre Marbache et Belleville. La gare de Pont- à-Mousson était atteinte également et la voie était interrompue à plusieurs endroits aux environs de Vandières. 

Soulignons enfin des coupures sur les parcours Nancy-Nomeny et Champigneulles - Château-Salins.


A la gare de Nancy-Saint-Georges 


La gare de marchandises de Nancy-Saint-Georges fut évidemment recouverte assez longtemps. Ici, le problème prenait une tournure plus critique, en raison des nombreux wagons de marchandises garés sur les voies, ou en attente de déchargement. Dès le début de la crue, la S.N.C.F. prit ses dispositions pour évacuer son matériel et les marchandises sur Nancy-Ville. L’opération réussit, non sans quelques difficultés. 

Dans l’après-midi du 20 décembre, l’évacuation était réalisée et le trafic des marchandises s’opérait presque normalement a Nancy-Saint-Jean. Mais les voies ont subi des dommages assez conséquents. Elles sont sauvent encombrées par des grumes ou des matériaux divers et à l'heure où nous écrivons ces lignes, la liaison n’est pas encore assurée vers Jarville et Champigneulles. 



Les cheminots à l’ouvrage 


Dès que l’eau se fut retirée, dégageant tes voies, le personnel de la S.N.C.F. se mit à l’ouvrage. Il s'agissait de déblayer le ballast, de le consolider aux endroits dangereux. Il fallait également réparer et vérifier complètement l’installation électrique des appareils de signalisation qui ont subi des dommages fort importants. 

Et la S.N.C.F. peut se vanter d’avoir à la date d’aujourd’hui, rétabli le trafic, dans des conditions à peu près normales. 

Enumérons succinctement les parcours remis en service : 


Ligne Nancy - Paris : Trafic rétabli complètement après avoir emprunte une déviation sur Sarrebourg, Metz et Lérouville.  

Ligne Nancy - Metz : trafic complètement assuré. A subi la même déviation que le précédent. 

Ligne Nancy - Mirecourt . le trafic a été rétabli normalement dès le 30 décembre. 

Les lignes secondaires vers Nomeny et Château-Salins seront remises en service aujourd’hui. 


En terminant, M. l’inspecteur principal a bien voulu nous faire part de la satisfaction qu’il a éprouvée à constater combien le personnel de la S.N.C.F. avait pris sa tâche à coeur. 

Partout, dans toutes les circonstances, gradés et employés ont donné le meilleur d’eux mêmes, parfois au prix de lourds sacrifices. Cette abnégation, cet esprit du devoir nous l’attendions des cheminots ! 

Qu’il soient remerciés. 






17/10/2025

Inauguration du monument aux victimes de la catastrophe de Blénod-les-Pont-à-Mousson.

Fonderies de Pont à Mousson

L’éclair de l’Est du 9 mai 1927
Pont-à-Mousson 8 mai de notre correspondant particulier :
Aujourd’hui a eu lieu à Blénod-les-Pont-à-Mousson, l’inauguration du monument qu’un comité spécialement formé à cet effet a fait ériger au cimetière de cette localité, en mémoire des malheureuses victimes de la catastrophe des fours à coke.
Ce terrible accident est encore présent à tous les esprits : c’était le 22 décembre dernier, quelques minutes avant midi, alors que de nombreux ouvriers étaient occupés à la construction d’un silo à charbon destiné au four à coke. Celui-ci s’effondra subitement, en se laissant sous les décombres plus de 20 ouvriers. Le douloureux bilan : huit morts, 12 blessés. Parmi les premiers, six ouvriers italien de l’entreprise tombaient au champ d’honneur du travail, aux côtés de deux malheureux de nos compatriotes Maury Pierre, de Lesmésnil, Thiébaut Émile, de Vandières.
Nous en rappelons la liste funèbre :
Pesenti Giuseppe, né le 4 octobre 1878 à Caravagnio.
Zabotti Antonio, né le 8 mai 1900 à Bléda-Di-Piave. Célibataire.  
Pazzini Egidio, né le 8 octobre 1902 à Valbrona. Célibataire. 
Pinosa Giacomo, né le 29 avril 1883 à Lusevera. Marié père d’un enfant. 
Muzollon Léon, né le 1er août 1896 à Aldéno. Célibataire. 
Cominelli Bernard, né le 25 janvier 1874 à Cirette. Marié père de deux enfants. 
Ils demeuraient à Blénod pour la plupart.
Bientôt, une louable idée germa dans le cœur de ceux qui placent au plus haut point la reconnaissance et l’immortalité du suprême devoir. Des membres de la colonie italienne, nombreuse dans cette ruche ouvrière, manifestèrent le désir d’élever un monument à leur camarades disparus. Bientôt un comité se forma, à la tête duquel fut placé M. Onguari.
La municipalité de Blénod, dont il faut féliciter le geste, facilita la tâche en autorisant la construction du monument dans le cimetière communal, lieu si parfaitement choisi pour la réalisation d’une telle œuvre.
Aujourd’hui, alors que les drapeaux flottent au vent pour honorer l’héroïne Lorraine, il semble que c’est bien là le moment pour accomplir la mission finale : inaugurer et bénir le monument, et après un salut suprême aux victimes en donner la garde à ceux qui, aujourd’hui, demain et toujours, auront la charge des destinées de la petite cité.
Après la célébration de la messe paroissiale, où se sont réunis, dans un même sentiment religieux, respectueux et patriotique, autorités et population, un cortège se forme à 11h, sur la place de l’église. Y prennent part M. Ville, conseiller de préfecture, délégué par M. le préfet de Meurthe-et-Moselle, M. le consul général d’Italie à Nancy, MM. Pierson, maire et Henri, adjoint de Blénod, les membres du conseil municipal, MM. Mouchette, directeur des fonderies, Marin commissaire spécial, Denis, conseiller municipal de Pont-à-Mousson, délégué par la municipalité, Monsieur Gosset, directeur de l’entreprise, M. Onguari, président du comité d’érection, les familles des victimes, leurs camarades rescapés de la catastrophe, etc…
L’union musicale italienne de Nancy, ce sont ensuite le sport mussipontain, plusieurs hommes et jeunes gens porteurs de cinq gerbes superbes. Puis les autorités, suivies par une foule nombreuse et recueillie. Le vénérable curé de la paroisse, M. l’abbé Bertrand, qui a rendu, au cours de la cérémonie, un hommage aux victimes et manifesté ses sentiments à l’égard des familles éprouvées, prends place dans le cortège afin d’ apporter la suprême consolation à tous ceux qui ont souffert et béni ceux qui ne sont plus. Le cortège se met en marche, mais presque aussitôt il s’arrête. Un salut fraternel et un hommage de reconnaissance va être rendu aux enfants de Blénod, aux héros de la grande guerre, eux aussi victimes du devoir. Le monument apparaît, où sur son piédestal, le poilu héroïque s’apprête à lancer sa grenade.
Un jeune homme de Blénod, soldat de demain, dépose une gerbe en reconnaissance à ses aînés. La sonnerie "aux champs" retentit et, au son d’une marche funèbre, le cortège arrive au cimetière et fait face au monument. Celui-ci est recouvert d’un grand drapeau aux couleurs nationales italiennes, qui tombera bientôt pour laisser apparaître dans sa touchante simplicité le monument de granit sur lequel on peut lire ces mots : "À nos frères de travail victimes de l’accident des fours à coke. 22 décembre 1926. Les rescapés", et gravé en lettres d’or sur une plaque de marbre les noms des huit malheureuses victimes que nous avons cité plus haut.
Après la bénédiction, donnée par Monsieur le curé de Blénod, M. Onguari en quelques mots, adressa l’expression de sa reconnaissance à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à l’érection de ce modeste monument. Il remercie en particulier M. ville, M. le consul général d’Italie, M. le curé de Blénod ainsi que la municipalité, pour l’empressement qu’ils ont apporté si généreusement en cette circonstance.
Il salue les familles de ceux que l’on honore aujourd’hui est, s’excusant de rappeler le souvenir douloureux, ils leur manifeste, au nom de tous, les condoléances émues et attristées. M. Onguari termine en adressant aux morts le suprême adieu.
Traduction est donnée en langue italienne des impressionnantes paroles qui viennent d’être prononcées. Puis M. Onguari remets le monument à la commune de Blénod.
M. Pierson, maire de Blénod, salue les victimes du devoir et glorifie leur mort au travail. Il loue la fraternité qui unit deux peuples et dont l’expression se manifeste davantage encore dans un tel jour de deuil.
M. le consul général d’Italie, parlant dans sa langue nationale, tient lui aussi à adresser l’hommage du gouvernement italien à tous ceux qui ont pris part à cette manifestation et qui, par leur dévouement, ont contribué à l’érection de ce monument.
La marseillaise retentit, suivi de "fermez le ban" et la foule compacte, se retire respectueuse et profondément impressionnée.
À l’issue de cette cérémonie, un vin d’honneur fut servi au café du centre par les soins du comité du monument.



L’accident semble avoir été causé par un étais fait de poutres de bois qui a cédé entraînant la chute du coffrage et de la poutre principale où devait être coulé du béton. 

Émile François Thiébaut est né le 19 février 1893 à Vandières. Il est l’aîné des huit enfants de Pierre Thiébaut (1861-1926), originaire de Vittonville et de Marie Marguerite Padroutte, née à Vandières (1869-1929). 
Ils se sont mariés en juin 1890 à Vandières et s’installent rue Magot (rue Saint Jean). 

Après une scolarité sur les bancs de la nouvelle école de Vandières, il devient maçon. 
En novembre 1913, il rejoint le 169ème régiment d’infanterie à Toul pour effectuer son service militaire. 
Dès l’entrée en guerre, Il participe à de nombreux combats avec ce régiment des loups du Bois le Prêtre.  
Il est blessé une première fois à la main le 27 décembre 1916 aux carrières d’Haudromont (Meuse), puis une seconde fois par balle le 17/08/1918 à Autrèches (Oise)

Cité à l’ordre du régiment le 10 août 1915 : 
"Agent de liaison, a fait preuve d’un dévouement absolu et prolongé en assurant la liaison de sa section à tous les combats du Bois le Prêtre"

Cité à l’ordre de la brigade le 16/10/1917 :
"Agent de liaison, modèle de bravoure et de sang froid , a assuré la liaison le 7 septembre 1917. Le 14 septembre 1917, chargé de transmettre un message à son chef de bataillon, a donné le plus bel exemple de courage en traversant sous un tir de barrage intense et un feu nourri de mitrailleuses. 
Il est décoré de la Croix de guerre. 

De retour du front avec une pension d’invalidité, il se marie à Vandières le 2 août 1924 avec Marie Marguerite Henry. Elle est divorcée depuis 1911 de Firmin Joseph Barbonnait, cafetier rue de la gare. 
Le couple continue l’exploitation du café. 

Émile François est mort lors de ce terrible accident à Blénod les Pont-à-Mousson le 22 décembre 1926 à l’âge de 33 ans. 
Marie Marguerite meurt à Vandières le 13 juin 1935 à l’âge de 60 ans. 

11/10/2025

Écrasé par un tombereau


Le progrès de l’est du 24 juillet 1895.

Vandières. Écrasé par un tombereau.

Un domestique au service de Monsieur Velfringer, nommé Auguste Duroc, âgé de 40 ans, originaire de Pouxeux (Vosges), conduisait un tombereau sur lequel il était assis en compagnie de monsieur Mougenez madame Mougenez et leur petit garçon.
Trouvant trop lente l’allure du cheval, Duroc lui administra un coup de fouet. L’animal, jeune et vigoureux, s’emballa. Duroc sauta à terre, mais, en voulant le maîtriser, il tombe sous les roues du tombereau qui lui brisèrent la colonne vertébrale. 
On transporta le blessé chez Monsieur Velfringer, mais il expira 25 minutes après.


"L’an mille huit cent quatre vingt quinze , le 20 juillet, à quatre heures du soir, par devant nous Dominique Marie Octave Belin maire et officier de l’État civil de la commune de Vandières, arrondissement de Nancy, département de Meurthe-et-Moselle, ont comparu à la mairie Pierre Velfringer âgé de quarante sept ans, cultivateur. et Nicolas Alexandre Charles Munier, âgé de cinquante un ans, appariteur, tous deux domiciliés à Vandières et non parents au défunt dénommé ci-après, lesquels nous ont déclaré que Francois Auguste Duroc, âgé de trente neuf ans, né à Pouxeux (Vosges), domestique domicilié à Vandières, fils de défunt Francois Auguste Duroc et de Marie Catherine Gérard, sa veuve, Manouvrière domiciliée à Pouxeux, époux de inconnu, est décédé cejourd’hui à deux heures du soir, en son domicile.
Et après nous être assurés du décès, nous avons dressé le présent acte sur les deux registres à ce destinés que les déclarant ont signé avec nous après lecture et collation faites.
Signé : Belin, Velfringer, Munier"

François Auguste Duroc est né le 20 janvier 1856 à Pouxeux ( Vosges). 
Il est le fils de François Auguste Duroc (décédé le 23 décembre 1875 à Pouxeux) et de Marie Catherine Gérard. 
Il se marie dans le village de sa naissance le 17 août 1878 avec Marie Adèle Lapoirie. Elle a 21 ans et exerce le métier d’ouvrière de fabrique. 
François Auguste reconnaît deux enfants de sa femme lors de ce mariage. 
Le couple a deux enfants supplémentaires, Joséphine née en 1884 et Augustine Adèle née en 1886.

Pierre Velfringer, propriétaire cultivateur, habite rue Saint Pierre et Raugraff avec son épouse et ses six enfants. 

Louis Fernand Mougenez, Marie Eugénie Forter son épouse et leurs cinq enfants habitent à quelques pas dans le même rue.








04/10/2025

Probité

 

Caserne des douanes à Chambley


Le progrès de l’est du 9 décembre 1885. 

Le jeune Jules Schalbart, de Vandières, qui suit les cours de Monsieur JeanPierre, instituteur à Pont-à-Mousson, à trouver samedi dernier, sur la place Duroc de Pont-à-Mousson, un porte-monnaie contenant 15,60 Fr.. Ce jeune garçon est allé spontanément et immédiatement le porter au commissaire de police de la ville. Il est âgé de 11 ans.


Jules Pierre Schalbart est né le 17 février 1875 à Chambley où son père, Pierre est préposé aux douanes. 
Pierre Schalbart est né en 1844 à Roussy-le-Village en Moselle. Il choisit la nationalité française en 1872 et s’installe à Pont-à-Mousson. 
Il s’y marie l’année suivante avec Marie Anne Lironville. Elle est née à Pont-à-Mousson le 4 août 1846. 
En 1885, Marie Anne Lironville habite avec son fils rue de Pagny à Vandières.
Jean Baptiste Lironville son père, veuf depuis 1870, habite avec eux. 

Pierre Schalbart est absent du domicile conjugal pour une raison très inhabituelle. 
Par jugement en date du 11 décembre 1895, le tribunal de première instance de Nancy a ordonné une enquête à l’effet de constater l’absence d’une nommé Pierre Chalbart, époux de Anne-Marie Lironville, autrefois ouvrier d’usine à Pont-à-Mousson, lequel a quitté cette ville en 1882, se rendant en Amérique, où il s’installait d’abord à providence (état de Rhode Island) , qu’il quitta en 1884 pour se rendre à Panama. 
Schalbart n’a plus donné de ses nouvelles depuis juin 1884, et depuis cette époque on n’a pu découvrir le lieu de sa résidence.

Jules Pierre Schalbart deviens ingénieur et habitera Paris. 
Il meurt au Perreux-sur-Marne en 1953. 

29/09/2025

Les martyrs de Vandières 6 - Inauguration du monument


Le télégramme des Vosges du 13 octobre 1930. 

M.  Louis Marin  préside une émouvante cérémonie à Bayonville.
L’inauguration du monument élevé à la mémoire de M. l’abbé Mamias et des cinq habitants de Vandières et de Villers-sous-Prény que les Allemands fusillèrent en 1914. 

Aujourd’hui 12 octobre a eu lieu, à Bayonville, sous la présidence de M. Louis Marin, ancien ministre, député de Nancy, l’inauguration d’un monument élevé à la mémoire des six victimes civiles de Vandières et Villers-sous-Prény, sauvagement fusillées et massacrées par les Allemands le 29 septembre 1914, sur la route de Bayonville à Arnaville. 
Un temps gris et une pluie line et persistante semblaient s’être mis à l’unisson des cœurs étreints d’une douloureuse émotion à l’évocation du drame atroce qui se déroula, il y a seize ans, dans cette riante et paisible vallée du Rapt de Mad, sous un boqueteau de peupliers, formaient une auréole de gloire à la simple stèle. 
La cérémonie religieuse.  
A 10 heures, dans l’église  bondée de fidèles, M. l’abbé Georgin, parent de M. l’abbé Mamias, curé de Vandières, qui fut une des victimes de cette criminelle tragédie, célébra une messe de Requiem. 
II était assisté de M. le chanoine Sêgault, aumônier de la Visitation, ancien professeur au petit séminaire de 
Pont-a-Mousson, et collègue de l’abbé Mamias, et du Révérend père Jacques, missionnaire en Indo-Chine. 
Aux premiers rangs de l’assistance, nous avons noté la présence de MM. Louis Marin ; Lemoine, maire de 
Bayonville, entouré de son conseil municipal ; Quenette, maire de Vandières, et les conseillers de cette commune ; Grandcolas, conseiller d’arrondissement du canton de Thiaucourt : Lanno, conseiller d’arrondissement, du canton de Pont-à-Mousson ; Moitrier, ancien maire de Bayonville pendant la guerre ; Léquy, maire de Bouillonville, et Heymonnet, adjoint au maire de Villers-sous-Prény.  
Cérémonie profondément émouvante dans sa simplicité ; la messe se déroula au milieu de l’émotion générale, accentuée par la beauté des chants liturgiques, qu’exécuta à plusieurs, voix la chorale des jeunes filles, de Bayonville, sous la direction de M. l'abbé Noblemaire, curé de la paroisse, grand mutilé de guerre. 
Le sermon 
Le  sermon fut prononcé par M. le chanoine Ségault. Avec, une émotion que partageaient tous ceux qui, dans la petite église, étaient venus prier pour les martyrs de la tragique journée de septembre 1914, M. l'abbé Ségault retraça le calvaire des six malheureuses victimes. 
Le 29 septembre 1915, sur la route d’Arnaville à Bayonville, s’avançait une charrette paysanne, escortée de soldats allemands. Sur cette charrette  se trouvaient six hommes : l’abbé Mamias, curé de Vandières, deux hommes d’âge mûr, M. Durand et M. Fayon ; trois jeunes  gens, dont l’un avait à peine quinze ans. 
Arrivés la veille au soir, ils avaient passé la nuit dans une salle de patronage à Pagny-sur-Moselle. 
Que se passa-t-il pendant cette nuit ? Nul ne le sait. Ce qui est certain, c’est que les prisonniers ne furent pas traduits devant un conseil de guerre. 
Nuit sinistre, interminable, où les captifs ne pouvaient dormir, mais voyaient passer dans les ombres, glissant sur les murs... des visions d’épouvante ! Pourtant à ces malheureux la providence avait ménagé une consolation et un réconfort dans la présence d’un prêtre. Nous savons que l’abbé Mamias demanda un banc pour ses compagnons et que lui-même se promena de long en large, en égrenant son chapelet. Nous pouvons supposer que, pendant les longues heures d'insomnie,  le prêtre  sut tirer de son cœur des paroles assez tendres et assez fortes pour encourager ses compagnons, les préparer aux pires extrémités, et faire descendre en eux le pardon divin qui ouvre le ciel. 
Ils pouvaient donc être prêts à toute épreuve. De fait, en traversant Arnaville, à cette question qui lui était posée : « Où allez vous donc ? ». l’abbé Mamies répondit, en  levant les mains au ciel  « Dieu seul le sait ! » 
Calme et recueilli, le prêtre priait avec son bréviaire, comme il l’eût fait dans sa stalle à l'église. 
A quelque distance d’Arnaville, la voiture s’arrêta. Les prisonniers durent faire à pied quelques centaines 
de mètres. Personne sur ta route ni dans les environs, car les allemands avaient écarté tout témoin. Tout à coup, ils se trouvèrent en présence d’un détachement en armes. A cette vue, ils comprirent que c’était la mort sous les balles. 
Les enfants, qui n’avaient pas vingt ans, se débattirent contre le sort cruel et tentèrent de fuir. Empoignés et garrottés, ils n’eurent plus que leurs cris perçants pour exprimer leur douleur. Et si les échos de vos collines ne redisent plus cette plainte, soyez sûrs que dans la mémoire des bourreaux, ce cri retentit toujours, tandis qu’apparaissent les faces  convulsées de ces enfants et leurs jeunes corps étendus dans une mare de sang. 
Que se passa-t-il encore ! Nous ne le savons pas. Sans doute le prêtre donna une dernière absolution, embrassa ses compagnons, et offrit le sacrifice de sa vie pour sa paroisse et pour la France. Alla-t-il plus loin ? Protesta-t-il de  l’innocence de ses compagnons et, en faisant appel à la justice divine, donna-t-il à ces officiers allemands un solennel avertissement ?
C’est possible, peut-être même est-ce probable, car l’abbé Mamias tomba le premier et fut achevé à coups de crosse et à coups de pied. Quand on déterra les cadavres, ont trouva son crâne fracassé et ses membres brisés, tandis que les corps de ses compagnons étaient intacts. 

Les soldats creusèrent une fosse pour enfouir ces cadavres. Surpris par le passage d’une troupe d'artillerie, ils se cachèrent, honteux de leur travail. Restés seuls, ils achevèrent leur sinistre besogne.  

Pendant quatre ans, la terre qui recouvrait ces morts garda son secret. Mais des images pieuses échappées du bréviaire de M. Mamias et tachées de sang, le témoignage d’un jeune homme qui, caché dans un arbre, avait suivi de loin, ce drame sanglant, les aveux d’officiers allemands, attristés et indignés de ce massacre inutile, vinrent porter jusqu’en France et jusqu’aux extrémités du monde la nouvelle de ce forfait allemand. 

Forfait abominable, ajouté à tant d’autres, commis en Lorraine, en France, en Belgique ! Rien que dans notre département, treize prêtres fusillés, quarante civils tués à Gerbéviller, quatre-vingts civils brûlés ou égorgés à Nomeny. Ici, le crime était encore plu évident. Ce n’est pas dans la fureur de la bataille, que ces innocents ont été massacrés, c’est après une décision froidement méditée, prise sans enquête, sans jugement. Crime stupide et insensé qui mêlait dans la même tuerie des jeunes gens et des hommes âgés. 
Crime deux fois sacrilège qui osait fusiller un prêtre et piétiner son front et ses mains consacrées par l’onction sainte ! 
Faut il accuser de ce crime le major Von Kayser, qui, un mois auparavant, faisait déjà fusiller, à Jarny un prêtre d’une haute intelligence et d’une magnifique culture littéraire et scientifique, l’abbé Vouaux, agrégé de l’université et professeur de rhétorique au collège de la Malgrange ? Faut il l’imputer au grand état-major allemand, qui avait donné l’ordre de terroriser les populations et de rendre la guerre plus violente, afin qu’elle fut plus courte ? Peu importe. Ce crime pèse sur toute l’Allemagne et, si les coupables ont pu échapper à la justice humaine et se dérober aux sanctions prévues par le traité de Versailles, il n’échapperont pas à la justice divine.  Dieu qui a vengé Abel saura venger nos martyrs. 
M. le chanoine Ségault montre ensuite quelle grande leçon nous ont donnée ces héros avant de mourir. Leçon de courage, d’union et de foi chrétienne. « Nous nous souviendrons de cette histoire, dit-il encore, et nous profiterons de ces nobles exemples. Nous continuerons le patriotisme de ces Français et les vertus de ces Lorrains.
Après ce sermon qui a touché aux larmes tous les assistants, M. le chanoines Ségault donne l’absoute. 

La cérémonie d’inauguration.  
A midi, un déjeuner fut servi, sous la présidence de M. Louis Marin, au café du Château. 
Un cortège se forma ensuite devant la mairie, pour se rendre jusqu’au monument, situé a quinze cents mètre environ de Bayonville, sur la route d’Arnaville. 
En plus des personnalités déjà citées notons encore la présence de M. le conseiller de préfecture Gourguechon, représentant M. Magie, préfet de Meurthe-et-Moselle, le commandant Durand, représentant le Souvenir Français. M. Humbert, maire d’Arnaville, M. l’abbé Munier, curé de Vandières, une importante délégation des Jeunesse Patriotes de Norroy et des commune environnantes entourant M. de Pomméry, secrétaire général des J.P., ainsi que des délégations d’anciens combattants de Pagny-sur-Moselle, Vandières, Villers-sous-Prény,Bayonville et Arnaville. 
A travers les rues de la commune qui avaient reçu une délicate décoration de drapeaux et de verdure, le cortège se mit en marche ayant à sa tête la compagnie des sapeurs-pompier, sous la direction du sous-lieutenant M. Boucher. 
Lorsque les personnalités officielles arrivèrent devant le monument, un foule imposante venue de tous les villages voisins s’était déjà rassemblée autour de la stèle qui se dresse émouvante dans sa simplicité portent cette inscription : 
A la mémoire des habitants de Vandières et de Villers-sous-Prény, massacrés ici par les allemands le 29 septembre 1916. 

Passant, souviens-toi et médite. 


Là, sous la pluie qui tombe lourde, sous un ciel bas et gris d’automne les divers orateurs vont rappeler en termes émus la mémoire des six victimes de la barbarie allemande : 

MM. l’abbé Mamias, 48 ans, curé de Vandières ; François Durand, 59 ans; Henri Fayon, 64 ans ; Poussardin Eugène, 20 ans ; Péquillat Marcel, 19 ans, tous les cinq de Vandières, et Dozard Georges, 15 ans, de Villers sous-Prény. 


Une Lettre De MGR Jérôme 


M. l’abbé Noblemaire bénit le monument et donne lecture d’une lettre de Mgr Jérôme, vicaire capitulaire de 

Nancy, qui écrit notamment : 

C’est une sainte pensée, que tous ont eue d’élever à ces glorieux morts le monument que vous allez bénir. Je les félicite. Ce monument rappellera des jours douloureux, mais aussi il évoquera en la personne du cher curé d e Vandières, qui fut si cruellement et si odieusement frappé, là, entre Bayonville et Arnaville, à la tête de ses paroissiens, la figure du bon Pasteur qui a donné sa vie pour ses brebis et avec ses brebis. 

J’ai voulu relire les pages si émouvantes que lui consacre notre livre d’or. J'ai voulu, un instant, revivre avec vous ces heures angoissantes des mois d’août et septembre 1914, et gravir à nouveau  à la suite du cher 

curé, le calvaire qui devait le mener à la dernière immolation, au suprême sacrifice. Ce fut le sacrifice, ce fut 

l’immolation du bon pasteur. Bon pasteur, certes, il l’avait été toute sa vie, il le fut surtout, il le fut jusqu’à l’effusion du sang, en ces jours douloureux, partageant les souffrances de ses paroissiens, multipliant les démarches qui pouvaient adoucir leur sort ou écarter les dangers qui les menaçaient, les défendant contre les vexations d’un ennemi pour qui la guerre justifiait toutes les rigueurs et les pires cruautés. Et comment n’être pas ému jusqu’aux larmes à la lecture des dispositions dernières que quelques jours avant sa mort, sous le regard de Dieu, il consignait dans son journal. Le 11 août 1914, à 1’approche des premières menaces, il avait écrit : « Seigneur, s’il faut être victime et si vous me jugez digne de tant d'honneur, je fais 

volontiers le sacrifice de ma vie pour ma chère patrie. C’était le calvaire qui commençait. Il se continua au cours des semaines qui suivirent. Le danger s’aggravait chaque jour. Le bon curé ne se faisait plus guère d’illusion, et, généreusement, il renouvelait son sacrifice : « Sainte Vierge Marie, écrivait-il encore, recevez 

votre prêtre qui vous supplie humblement de lui venir, en aide; bénissez mes paroissiens pour lesquels j’offre 

mes souffrances, ma dernière agonie et ma mort. Le mois de septembre se passe dans l’attente. Le 29, l’immolation était consommée, et vraiment, dans toute la réalité de l’expression, le bon pasteur avait donné sa vie pour son troupeau, et dans des circonstances telles que la seule lecture du récit qui nous retrace ce douloureux martyre fait encore passer dans nos âmes je ne sais quel frémissement d’indignation et d'horreur. 

Oh ! oui. monsieur le curé, une fois encore je remercié avec vous les paroissiens de Vandières et de Bayon- 

ville, d'avoir voulu, par ce monument que leur piété émue élève à la mémoire de ces glorieuses et saintes victimes, rappeler aux générations futures le souvenir de ces jours tragiques, que nous, qui les avons vécus, qui les avons soufferts, ne saurions oublier. 

Certes, ce n’est pas un sentiment de haine qui anime nos cœurs, en ce moment. Nous pardonnons, comme 

Jésus pardonnait sur la Croix ; nous pardonnons, comme pardonnait notre cher abbé Mamias à ceux qui se faisaient ses bourreaux et les bourreaux de ses paroissiens. Nous pardonnons, mais nous ne pouvons pas ne pas nous souvenir. Et nous devons à la mémoire de nos chers morts, à la mémoire des ouailles, à la mémoire tout particulièrement du pasteur. L’hommage de notre affection, de notre reconnaissance, de notre prière. Belle, très belle et très bien remplie avait été la trop courte vie de M. l’abbé Mamias. 

Plus admirable fut sa mort, mort affreuse, mais si chrétiennement acceptée si sacerdotalement offerte pour sa paroisse et pour la France. 


Discours De M. Lemoine, maire de Bayonville 
Il y a seize ans, le 29 septembre 1914, se déroulait ici une des plus horribles tragédies de la grande guerre. 
Six personnes, cinq habitant Vandières, un enfant de Villers-Prény, étaient massacrés sans jugement, par les allemands. Cet endroit un peu sauvage, un peu caché étant bien choisi par les boches pour assassiner ces malheureux. car ce fût un véritable assassinat, qui fut commis sur des êtres innocents et sans défense. Ils ont essayé de les faire disparaître après les avoir horriblement mutilés, et ces martyrs ont eu une agonie effrayante. 
Malgré leurs précautions, quelques témoins ont assisté à ce drame. Quelques jeunes gens de Bayonville qui 
cueillaient des fruits ont entendu, derrière ces saules, les cris des jeunes gens (trois n’avaient pas 20 ans) demandant grâce, implorant la pitié de leur bourreaux, mais ce fut en vain. On chercherait en vain un motif même futile qui put expliquer cet horrible forfait. 
L’abbé Mamias, prêtre de haute valeur, ne pouvait que gêner par sa présence, par sa franchise, l’exaction, les vols que les officiers allemands s'apprêtaient à commettre dans le village de Vandières. 
Fayon, Durand, propriétaires bien tranquilles, vivaient la vie laborieuse et calme de nos villages et ne pouvaient être aucune menace pour l’armée ennemie. Que dire des malheureux enfants Poussardin, Péquillat, pupilles de l’Assistance publique, ne connaissant pas les douceurs de la vie de famille et pourtant heureux de vivre, car à 20 ans, la vie paraît belle. Dozart, âgé de 15 ans, entrant à peine dans la vie et déjà appelé à tomber victime de la barbarie allemande. Cela paraît tellement hors de nature que l'on se serait cru reporté à 1500 ans en arrière, alors que les Huns envahissaient notre pays, brûlant les villages et massacrant sans pitié les habitants La même horde inique, venue de moins loin, mais aussi du Levant, a envahi notre France, voulant l’exterminer et la vaincre par la terreur. 
Le reitre allemand Von Kayser, qui a ordonne ce lâche assassinat et le massacre de Jarny, véritable descendant d’Attila, croyait sans doute faire trembler les habitants de nos pauvres villages envahis. Mais il ne connaissait guère le courage indomptable des Lorrains, peuple prédestiné, qui a subi de tout temps l'assaut des invasions barbares. Sous le joug allemand et la terreur, ils ont peut-être courbé le front mais ils gardaient au cœur l'espérance de la victoire. Ils ont accepté la tristesse de l’occupation, les souffrances, la déportation même, avec toujours le même foi vive dans la destinée du pays. Bayonville sans doute a frémi d’inquiétude et pleuré amèrement quand de malheureuses petites victimes civiles sont venues s’ajouter à celles dont nous honorons aujourd'hui la mémoire, mais son attitude et son courage ont été dignes devant l’ennemi. Cette grande vertu de confiance et de courage nous est toujours nécessaire, alors que le vent d’est nous apporte parfois le cliquetis alarmant des casques d’acier. Souvenons-nous toujours de nos chers disparus, gardons leur exemple et soyons persuadés que leur sacrifice n’a pas été inutile, car il nous a délivré du joug des barbares. » 


M. Quenette, maire de Vandières, apporte à son tour son hommage et celui des habitants de sa commune à la mémoire de leurs malheureux concitoyens tombés victimes de la barbarie allemande. 

Il remercie M. Lemoine, maire de Bayonville, à qui est due l’initiative du monument qu’on inaugure aujourd’hui. Il remercie M. Marin qui a bien voulu par sa présence; rehausser l’éclat de cette cérémonie, et affirme que la population de Vandières entretiendra et vénérera le monument, qui lui servira de symbole pour inculquer à ses enfants le culte du souvenir. 


M. Moissette s’incline au nom des anciens combattants de Pagny-Vandières  devant la souvenir de ceux qui furent d’innocentes victimes. 


Puis M. Lanno et M. Grandcolas , conseillers d'arrondissement des cantons de Pont-à-Mousson et de Thiaucourt saluent respectueusement les victimes de l’attentat dont on commémore le douloureux souvenir. 


M. le commandant Durand, remplaçant M. le colonel Hareng au nom du Souvenir Français, s'incline devant le monument  et affirme que le souvenir des héros tombés là restera vivant dans le cœur de toutes les populations lorraine et française. 


Attentivement, on pourrait presque dire religieusement écouté par cette foule qui participé vraiment de toute son âme à la cérémonie, M. Louis Marin montre quel réconfort apportent ces manifestations du souvenir. Les parents et amis des victimes peuvent se dire que quand celles-ci sont tombées c’est à eux qu’allait leur pensée. 

L'endroit où ces victimes ont été frappées est désormais sacré. Là où le sang des martyrs a coulé, leur âme revient pour insuffler sa foi aux vivants. Si elle revient, l’âme des martyrs dont on commémore le sacrifice, pourra se dire que leur immolation n’a pas été inutile, qu’elle a servi le pays. 

Quand on connaîtra dans le monde entier, car on ne les connaît pas encore, tous ces innombrables massacres qui se sont passés dans les pays envahis, quand on les connaîtra bien, la guerre paraîtra encore plus repoussante. 

On a parlé de « crimes soldatesques » ; c’est inexact. Partout les armées allemandes opérèrent de la même façon. C'était l'Invasion s’accompagnant de la terreur systématiquement organisée pour affaiblir le moral de la population. Tous les principes furent piétinés, on ne respecta même pas les signatures données quelques années avant la guerre, à La Haye, l’Allemagne prenait les engagements les plus formels ; qu’en a-t-elle fait ? Qu’a-t-elle fait des traités considérés par elle comme des chiffons de papier ?
M. Louis Marin montre quelle gravité représente pour l’avenir, cette démonstration que les traités les plus solennels peuvent être impunément violés. 
Si nous voulons que des événements comme ceux-ci ne se reproduisent plus, il faut en entretenir le souvenir dans la mémoire des vivants. Il faut que des monuments comme celui-ci s’élèvent le long des routes pour que, toujours, on se rappelle ceux qui ont vu les choses dans leur horreur et qui en ont souffert. 
En Lorraine plus qu’ailleurs, nous devons nous en souvenir. La France peut quelquefois s’endormir, la Lorraine doit veiller, car elle est à juste titre, considérée comme le symbole de la fidélité à la patrie comme elle symbolise si justement la fidélité au souvenir des morts. 
M. le conseiller de préfecture Gourguechon, en l’absence de M. le prélat empêché, parle ensuite et dit son 
admiration pour les martyrs dont le souvenir doit toujours être présent à notre mémoire, et qui doivent nous servir d’exemple continuel de dévouement à la Patrie. 
Cette touchante et triste cérémonie prend fin après que M. Fayon, fils d’une des victimes a adressé ses remerciements émus à tous ceux qui ont permis par leurs efforts, l’érection de ce monument qui entretiendra le culte du souvenir chez tous ceux qui ont survécu à la guerre et dans les générations futures.