11/11/2025

Tourisme des champs de bataille 5 - Mothers and widows pilgrimages


Sophie Strand à coté de la tombe de son fils Clarence au cimetière Americain de Thiaucourt


Environ 116 000 soldats américains sont morts pendant la guerre. Il a fallu décider des conditions de rapatriement des corps après les demandes répétées des familles des défunts.Le secrétaire à la guerre Newton D. Baker a fini par promettre aux familles que leurs morts seraient rapatriés sans avoir réfléchi aux difficultés que cela entraînerait. Un guerre éclata entre les partisans du rapatriement de la ligue Bring Home the Soldier Dead  et l’association de l’American Field of Honor qui était contre. 

Le président Wilson promulgue une loi en 1919 destinée à contenter les deux camps. Les familles pourront choisir entre laisser leurs morts dans un cimetière américain sur les lieux de combat ou leur retour aux États Unis. 

Au final, plus de 45 000 familles choisiront le retour ce qui obligera les autorités à organiser l’exhumation et le transport par bateau de milliers de cercueils avant de les diriger vers les villes de tout le pays. 

En 1929, le congrès américain autorise le secrétaire à la guerre d’organiser le pèlerinage vers les cimetières européens pour les mères et veuves des soldats dont le corps est enterré dans les cimetières américains. 

La plupart de ces femmes ne pouvant pas payer le voyage, la Gold Star Mothers’ Association fait pression pour que le gouvernement prenne en charge le voyage vers les lieux d’inhumation des soldats morts au combat. 

C’est 6693 femmes qui firent le voyage entre 1930 et 1933. 

Malheureusement la loi n’a pas tout prévu, une épouse ne pouvait pas emmener ses enfants sur la tombe de leur père par exemple. 

La discrimination raciale est aussi une source de problèmes, les femmes blanches voyageaient sur des paquebots de luxe alors que les afro-américaines faisaient la traversée à bord de vapeurs commerciaux. 

Les difficultés ont été considérables pour le Lieutenant Colonel Bartlett chargé d’accueillir, transporter, loger, nourrir toutes ces personnes dans le respect de leur chagrin, de leurs religions mais aussi de leurs demandes particulières. 

Il a méticuleusement organisé le programme. Il a organisé chaque détail du voyage. Escortées d'officiers de l'armée et d'infirmières, les pèlerines sont allées dans de nombreux sites touristiques majeurs pour les visiter, comme l'Arc de Triomphe à Paris, où elles ont posé une couronne sur la tombe du soldat inconnu. Elles se sont ensuite rendues aux cimetières et ont visité les champs de bataille et les monuments commémoratifs en plus de se recueillir sur les tombes de leurs proches.

Le 21 mai 1930, un premier groupe de 24 femmes arrivent à Thiaucourt  pour se recueillir sur les tombes de leurs enfants. Elles fleurissent les croix blanches de gerbes d’iris avant de reprendre la route pour Nancy. 


Pélerines - Place Stanislas à Nancy


Les jours suivants elles prennent part à différentes excursions en bus dans le secteur de Saint Mihiel avant d’aller visiter la maison de Jeanne d’Arc à Donremy. 

La deuxième délégation était attendue à Nancy le mois suivant. 


Auto car  de pélerines Americaines


Programme du 25 juillet au 8 août 1931

Pèlerinage d'Agnes Fraas, mère de Frank X. Fraas, Jr., soldat du 129ème régiment d'artillerie de campagne, 35ème division, tué le 7 octobre 1918. Il est enterré au Cimetière américain de Mihiel.


CIMETIÈRE DE ST. MIHIEL SECTION L GROUPE 3 

LES CHAUFFEURS DEVRONT PRENDRE CHAQUE SOIR AUPRES DE L'OFFICIER DE GROUPE LES ORDRES DEFINITIFS DU LENDEMAIN


Arrivée Paris - Gare des Invalides. 

Dimanche 26 juillet 

Matinée Église ou temps libre - Conférence avec le directeur. 

12H00 - 14H00 Déjeuner à l'hôtel 

14h30 Sacré-Cœur 

19h00 - 21h00 Dîner à l'hôtel 

Lundi 27 juillet 

Matinée libre

12h00 - 14h00 Déjeuner à l'hôtel 

15h00 Départ en bus 

15h30 Cérémonie Arc de Triomphe 

Gold Star Tea, Restaurant Laurent 

19H00 - 21H00 Dîner à l'hôtel 

Mardi 29 juillet

10h00 Notre Dame

12h00 - 14h00 Déjeuner à l'hôtel 

Après midi libre

19h00 à 21h00. Dîner à l'hôtel 

Mercredi 29 juillet

7 h 15 Départ de Paris via la Porte de Pantin (RN 33) 

10h00 Arrivée à Montmirail - Restaurant Hotel Vert Gallant Téléphone 17

11h00 Départ de Montmirail 

13h00 Arrivée à Chalons s/Marne - Déjeuner Hotel Mère-Dieu Téléphone 4 et 10

15h00 Départ de Chalons s/Marne 

17h45 Arrivée Verdun - Hotel Nouvelle, Téléphone 55.


Jeudi, vendredi, samedi 30 juillet et 1er août

Horaire local à organiser par l’officier accompagnateur.

Déjeuner au cimetière jeudi et samedi. 

Vendredi : Déjeuner à Nancy, Grand Hotel, 12h00 Téléphone 428. 

Tous les dîners à l'hôtel Verdun. 

(Une couronne de fleurs naturelles sera présentée à chaque pèlerin à son arrivée au cimetière.) Pendant cette période, l’officier accompagnateur organisera des visites à Montsec, Metz et à l’ossuaire de Douaumont - Fort Douaumont - tranchée des baïonnettes. 


Dimanche 2 août

7H30 Départ de Verdun via R.N. 

8h45 Arrivée à St. Menehould - Restaurant Moderne Hotel 

9h15 Départ de St. Menehould Via Suippes 

12h00 - 14h00 Reims - Déjeuner Hôtel Bristol Crystal Téléphone 15.08

14h15 Départ Reims 

16h15 Arrivée Chateau-Thierry - Restaurant Hostellerie du Bonhomme Téléphone 221

16h45 Départ de Château-Thierry. Via la colline 204 et Montreuil 

19h00 - 21h00 Dîner à l'hôtel, Paris.

Lundi 3 août

Matinée libre

12h00 - 14h00 Déjeuner à l'hôtel

Après midi libre

19h00 à 21h00. Dîner à l'hôtel

21h00 à 23h00 Visite touristique de nuit. 

Mardi 4 août 

9h15 Départ pour l'exposition coloniale 

12h00 - 14h00 Déjeuner à l'hôtel 

14h30 visite du tombeau de Napoléon 

19h00 - 21h00 Dîner à l'hôtel


Mercredi 5 août

Matinée libre 

12h00 - 14h00 Déjeuner à l'hôtel 

14 h 15 Départ pour Versailles 

19h00 - 21h00 Dîner à l'hôtel, Paris

 Jeudi 6 août

9H00 Shopping ou temps libre. Magasin : Bon Marché

En cas de mauvais temps, des bus seront disponibles à l'hôtel à 8 h 45

12H00 - 14H00 Déjeuner à l'hôtel 

Après midi libre 

19h00 à 21h00. Dîner à l'hôtel. 

Vendredi 7 août

 9 H 30 Visite du Louvre ou temps libre 

12h00 - 14h00 Déjeuner à l'hôtel 

Après midi libre

19h00 - 21h00 Dîner à l'hôtel

Samedi 8 août 

Départ - Gare des Invalides. 


Par ordre du colonel Ellis : 

G. G. Bartlett Lieutenant-colonel de l'armée des États-Unis.






Tourisme des champs de bataille 4 - La croix des Carmes

Le bois-le-Prêtre construction du monument de la Croix de Carmes

Le télégramme des Vosges du 2 juin 1921. 

Au Bois Le Prêtre - La croix des Carmes

Les journaux ont annoncé que, le 31 juillet prochain , sous la présidence effective de M. Raymond Poincaré, ancien Président de la République, aurait lieu la cérémonie officielle de la pose de la première pierre du monument à élever sur l’emplacement de la Croix des Carmes, point culminant du Bois-Ie-Prêtre, qui domine la presque totalité du fameux champ de bataille lorrain, dont on a tant parlé pendant et après la guerre, et dont, chaque pouce de terrain fut disputé avec acharnement pendant plus de quatre années. 
Combien de nos compatriotes dorment là de leur dernier sommeil !!
Au cours d’un récent pèlerinage, renouvelé, sur la tombe d’un être cher, l’idée nous vient de visiter le Bois-le-Prêtre, afin de pouvoir donner quelques indications sur l’état actuel du champ de bataille, aux lecteurs du Télégramme qui désireraient assister à la future cérémonie, ou faire en ces lieux, à jamais historiques, une randonnée des plus intéressantes, sinon agréable. 
La gare d’arrivée, depuis Nancy, est Pont-à-Mousson. Dans une riante vallée, cette ancienne ville, traversée par la Moselle, n’a guère d’intéressant comme rue, que l’artère principale, qui va de la gare au cimetière confinant à la route de Mousson. On y trouvera la vaste place Duroc avec ses arcades antiques et où se trouve la maison des sept péchés capitaux, dont, une seule statue, il nous semble, reste debout, et, encore !! Sauf quelques-unes, les rues adjacentes sont étroites et, assez mal aérées. Cependant, les églises, l’hôpital Saint Martin, au style flamboyant, les établissements publics, le pont, provisoirement, restauré en bois, et certaines maisons particulières, méritent l’admiration des visiteurs. 
Un pèlerinage au cimetière de Pont-à-Mousson rappellera les exploits des hordes allemandes, qui n’ont, occupé la ville que pendant huit jours : caveaux et chapelles tumulaires écrasés par les obus. Au-dessus, le cimetière militaire très bien entretenu, et les tombes des victimes civiles de la guerre. 

Le monument de la Croix des Carmes

Pour se rendre au Bois-le-Prêtre, on prendra, la route de Pont-à-Mousson à Commercy, dont, l’aboutissement se trouve près de la gare. Le premier village est Montauville, situé à environ trois kilomètres de Pont-à-Mousson, mais cette localité en grande partie ruinée, et déjà bien restaurée, peut, n’être visitée qu’au retour. Un chemin rural, prenant à droite du pont, à environ un kilomètre avant, Montauville, conduit, au cimetière de cette localité. puis à quelque vingt mètres, au cimetière militaire annexe, dit, cimetière du chichir, où nombre de nos poilus ont été inhumés. 
De là, on domine la route qui conduit au Bois-le-Prêtre. Avant d’arriver à la forêt, à gauche du carrefour des chemins qui conduisent, l’un à Norroy, l’autre à Fey-en-Haye, se trouve l'immense cimetière du Pétang, dans lequel a été transportée la Croix des Carmes, pour la dérober aux soldats sauvés de la tourmente et aux excursionnistes désireux d’en détacher un morceau en guise de reliques ou de souvenir, geste évidemment pieux, mais qui devenait abusif alors que cette simple grande croix de bois était, déjà passablement déchiquetée par la mitraille et non gardée à son emplacement primitif. 
Du cimetière du Pétang, par le chemin de Norroy, il y a environ de 1500 à 2000 mètres pour arriver à la maison forestière du père Hilarion. C’est, dans ce site agreste et calme, parmi le bourdonnement des insectes et le chant des oiseaux, dans une atmosphère parfumée de l’odeur des arbres, que venait s’ébattre autrefois la jeunesse de Pont-à-Mousson, les dimanches et les jours de fête. Jamais sensation de paix plus intense ne nous pénétra, depuis l’orée de la forêt jusqu’à la maison forestière. Aucun bruit suspect dans l’immense forêt, qui fut un enfer il y a quelques années, mais on aperçoit déjà nombre d’arbres hachés par la mitraille, des trous d’obus, des postes de secours, des abris souterrains, des tranchées, des fils de fer barbelés, des engins de guerre encore sur place, etc. 
L’ancienne maison forestière, avoisinant l’historique fontaine où combattants français et boches, venaient puiser de l'eau, est presque totalement démolie, et non encore restaurée faute d’argent. Un vaste bâtiment en bois sert provisoirement d'abri au garde-forestier et à sa famille. Devant ce bâtiment, sous une véranda, est installé une sorte de musée renfermant des engins de guerre rouillés, trouvés dans les environs. 

La maison forestière du Père Hilarion

Le touriste est très bien accueilli à la maison forestière. Il y trouve d’ailleurs toutes sortes de boissons, mais jusqu’ici il devait se munir de victuailles. Au début de l'occupation par les boches, le garde étant mobilisé, sa jeune femme fut séparée de son petit enfant, et emmenée en captivité, où elle fut de longs mois sans pouvoir recevoir de nouvelles des siens. C’est, avec un sourire d’une tristesse infinie qu’elle raconte son odyssée. 
De la fontaine du Père Hilarion à l’emplacement de la Croix-des-Carmes, il y a encore environ 1500 mètres à monter, par un chemin rustique où les fils barbelés nous accrochent parfois au passage, si l’on n’y prête attention. Les années précédentes, on n’accédait à la Croix-des-Carmes que par le chemin indiqué sur partie du parcours et parmi les trous d’obus pour le surplus. Actuellement, une route créée par l’administration militaire mène droit au but. 
C’est durant ce trajet qu’on peut juger de la dévastation complète de la forêt, pas un arbre n’est vivant, tous mutilés et coupés à différentes hauteurs, ils soutiennent, pour la plupart, leurs branches sèches où pendent, encore parfois des lambeaux d’étoffe, etc., et auxquels bien entendu personne ne touche, car il y a danger de mort, comme de pénétrer sous bois. Le danger est, d’autant plus grand maintenant, que la nature reprenant ses droits, la broussaille reverdit parmi les arbres morts et voile le sol aux regards des chercheurs. Deux femmes furent tuées en 1920, par un éclatement de bombe produit par leur passage. 
L’emplacement de la Croix-des-Carmes où va être érigé le monument commémoratif de la reprise de cet endroit par nos braves poilus, n’est plus figuré que par un poteau muni d’une inscription et surmonté du drapeau français. 

Bois-le-Prêtre 1919



De ce point de vue, on aperçoit, à l’est, la côte de Mousson et la vallée de la Moselle ; sur le versant ouest. c’est le fameux Quart en réserve complètement haché, en face duquel, au fond du ravin, sont les cagnas et villas d’officiers boches, des cimetières boches et français-allemands, à proximité de la route conduisant de Fey-en-Haye à Norroy, village complètement en ruines, puis vers Metz. 
D’autres centres du champ de bataille sont aussi intéressants à visiter, notamment le Gros Chêne près de Fey-en-Haye, situé à environ deux kilomètres de l’emplacement de la Croix-des-Carmes, mais il faudrait longer le Quart en réserve, parmi les trous de marmitages et les excavations dangereuses, sans chemin frayé. Il nous semble que le plus simple serait de revenir sur ses pas jusqu’au cimetière du Pétang, puis de prendre la route ou tranchée de Fey. Dans ce parcours, on rencontre divers postes de secours, le charnier et plusieurs abris encore intacts, pour revenir en des chemins peu faciles, vers Montauville, par les sources et la Fontaine des Cerfs. Ceci n'a d’ailleurs plus qu’un intérêt secondaire, car les tombes éparses, ainsi que les cimetières du Gros-Chêne, de l’auberge Saint-Pierre ont été relevés et les corps transportés au vaste cimetière du Pétang. 
Il nous semble qu’une journée ne suffirait pas pour visiter le tout, et les indications brèves que nous donnons sont loin d’être complètes, tout en présentant aux personnes désireuses d’aborder ce champ de bataille mémorable, les plus utiles renseignements. 

Tourisme des champs de bataille 3 - Premières excursions et premiers problèmes

Visite du Bois-le-Prêtre

L’est républicain du 22 juillet 1920.
Ligue de l’enseignement.
Excursion du dimanche 25 juillet : Norroy Bois le Prêtre, Pont-à-Mousson, sous la conduite de Monsieur Denis.
Départ de Nancy 6h24, arrivée à Vandières à 7h34. Visite de Norroy : les carrières, les postes de commandement et autres ouvrages militaires construits par les Allemands durant l’occupation.
Déjeuner tiré des sacs à Norroy. On trouvera de la boisson sur place. 
Dans l’après-midi : le Bois le Prêtre, Croix des Carmes, fontaine maison forestière du père Hilarion, cimetière militaire. Pont-à-Mousson.
Départ de Pont-à-Mousson à 17h46, arrivée à Nancy à 18h40. 
Prendre au départ billet aller retour pour Pont-à-Mousson prix 4 fr. 10. 

Publicité pour les excursions aux champs de bataille

Le Lorrain du 28 août 1920.
Excursions sur le front pendant le séjour à Metz.
Nul touriste ne doit quitter Metz sans profiter de l’occasion qui lui est offert de visiter les points les plus importants du front :
Verdun, les forts de Douaumont et de Vaux, la tranchée des ensevelis, le ravin de la mort, le Bois le Prêtre, Pont-à-Mousson, Nomeny, etc.
À cet effet le garage Autavia à organisé un service d’auto-cars et omnibus très confortables avec départs réguliers les mercredis et dimanche (départ à 7h15 du matin et retour le même jour à 7 h30 du soir).
Tous les jours, départ à volonté avec car spéciaux sur pneumatiques pour 10 à 12 personnes.
Excursions particulières sur tous les points du front et jusqu’au bord du Rhin avec guide.
Conditions modérées. Arrangements spéciaux pour les sociétés.
S’adresser au garage Autavia, 1, rue de l’esplanade à Metz. Téléphone 152.


L’arrivée de touristes dans les zones de front a engendré de nombreux problèmes : 

Les premiers visiteurs des champs de bataille souvent taxés de curiosité morbide se sont retrouvés parmi des pèlerins venus honorer la mémoire d’un parent mort pour la France et des vétérans venus rendre un dernier hommage à leurs camarades de combat. 

Certains n’ont malheureusement pas toujours un comportement respectueux. 


Tous se déplacent dans des villages dévastés où les habitants après leur retour survivent parfois dans des abris de fortune, en attendant la construction de baraques Adrian et la reconstruction de leurs maisons.


Les infrastructures d’accueil sont rares au début même si les sociétés d’excursion et le Touring Club de France multiplient les efforts pour réparer les routes et la signalisation. Ils informent les touristes des services qui leurs sont proposés. 

Les premières agences de tourisme proposent leur aide aux personnes désirant visiter les lieux de mémoire. Le bureau de tourisme Michelin propose des guides et Thomas Cook agence Anglaise prépare l’arrivée massive de ressortissants anglais et américains. 

La compagnie française de tourisme qui regroupe plusieurs acteurs du secteur (compagnies de chemin de fer, agences de tourisme, représentants du thermalisme…) étudie les trajets et vends les billets à prix attractifs. 

 

Malgré le danger, toutes ces personnes circulent au milieu des champs de bataille suivant des sentiers à peine balisés. Ils risquent d’ajouter leur nom à la longue liste des morts de cette guerre à peine terminée. 


Au milieu de ces paysages bouleversés, des démineurs font exploser les munitions trouvées sur les champs de bataille et des prisonniers allemands déblaient les décombres.  



De nombreux corps de soldats disparus restent dans les sols retournés. Il a fallu plusieurs années pour rassembler ces corps dans des nécropoles nationales, facilitant ainsi le recueillement des familles et sécurisant les pèlerinages. 






Le télégramme des Vosges du 9 juillet 1920. 
Une odieuse profanation 

Extrait d’une visite aux champs de bataille de Verdun, par M. Paul Casson dans le « Temps. » : 
« On organise des excursions pour ces champs de bataille. Cela est très bien. Mais les visiteurs ne devraient pas oublier, en parcourant, ces ruines et ce désert, qu’ils se trouvent dans un vaste cimetière, et que les morts qui dorment ont droit au respect et au silence. Non loin du fort de Douaumont, se trouve un endroit qu’on appelle « la Tranchée des Baïonnettes ». C’est un carré d’une vingtaine de mètres de côté, entouré par un réseau de fil de fer rouillé par le temps. Vous voyez là, émergeant du sol bouleversé, des canons de fusil au bout desquels se trouvaient des baïonnette françaises. 
L'histoire vous dira que dans cette tranchée, une trentaine de soldats français luttèrent en désespérés contre des forces considérables allemandes, sans aucun espoir de vaincre, mais résolus à mourir. Ces Français, voyant arriver les ennemis, avaient mis « -baïonnette au canon » pour repousser l’assaut, quand soudain des obus de gros calibre soulevèrent la terre de la tranchée et ensevelirent vivants et debout, les héroïques défenseurs. Mais les fusils et les baïonnettes qu’avant de mourir les défenseur levèrent au-dessus de leur tête étaient les témoins irrécusables de cet acte sublime. Qu’est-il arrivé ? Des excursionnistes, des visiteurs ont enlevé et emporté les baïonnettes. Il ne reste plus que le bout des canons de fusil. Un pareil acte, qui déshonore ceux qui l’on accompli, devrait être sévèrement puni. 
Il n’y a pas longtemps encore, le jour de la commémoration des combats de Verdun, le 23 juin dernier, un Péruvien, faisant partie d’un groupe d’excursionnistes, fumait un gros cigare devant la « Tranchée des Baïonnettes », et une femme demandait à être photographiée au milieu de ces ruines. Un écriteau ne devrait-il pas être placé devant la « Tranchée des Baïonnettes» portant ces mots : 
« Ici, on se découvre et on parle bas ? » 




Tourisme des champs de bataille 2 - Guide Michelin - Le saillant de Saint Mihiel 1914-1918

Bois-le-Prêtre 1919


Guide Michelin - Le saillant de Saint Mihiel 1914-1918 
La visite du champs de bataille en 3 jours.
2ème journée : de Commercy à Metz par Pont-à-Mousson.

VISITE DU BOIS LE PRÊTRE de PONT-A-MOUSSON à la CROIX DES CARMES par MONTAUVILLE, et retour à PONT-A-MOUSSON.
Cette visite conduit le touriste dans les lignes françaises du Bois le Prêtre.
Il en verra le côté allemand au cours de l’itinéraire de Pont-à-Mousson à Metz {pages 104 à 106).




Les combats du Bois le Prêtre.
Le Bois le Prêtre, situé à 372 m. d’altitude, domine tout le sud de la plaine de la Woëvre.
Il fut, d’octobre 1914 à mai 1915, le théâtre d’une lutte sans arrêt, à la suite de laquelle le bois resta aux mains des Français.
C’est en septembre 1914 que les Allemands s’étaient installés dans le Bois le Prêtre, qu’ils avaient aussitôt organisé avec fils de fer, chevaux de frise, etc., etc.
Le 30 septembre 1914, les Français prenaient pied aux lisières sud-ouest de la forêt. Un mois plus tard, le 29 octobre, ils enlevaient un poste allemand au saillant sud-est. Puis leur effort se concentra sur le ravin du Père Hilarion que lentement ils occupèrent après maints combats sous la pluie de novembre et la neige de décembre.
Leurs troupes allèrent par bonds jusqu’à la ligne principale qu’il fallait enlever de vive force. On amena d’abord, de nuit, les canons pour préparer l’attaque; les sapeurs, par de longs et patients travaux de sape, firent sauter les défenses accessoires et entamèrent les blockhaus. Les combattants étaient parfois à moins de 100 m. les uns des autres.
A partir de janvier 1915 l’effort des Français se porte vers la partie ouest, vers le Quart en Réserve et la hauteur de la Croix des Carmes : quatre lignes de tranchées hérissées de mitrailleuses et de défenses arrêtent tout élan. Il faut prendre le terrain lambeau par lambeau, 100 m. par 100 m. et souvent une contre-attaque fait reperdre le soir le gain de plusieurs jours de travail.
La première ligne est enlevée le 17 janvier, la seconde, le 16 février. Mais alors les torpilles aériennes et les grenades à main interviennent et ralentissent les progrès. La troisième ligne est prise le 30 mars. Attaques et contre-attaques se succèdent. On se bat dans les boyaux, derrière les barrages, à coups de grenades, et les deux artilleries couvrent cet étroit espace de terrain de projectiles qui ébrèchent les parapets et comblent les boyaux. Les Allemands qui ont subi des pertes élevées amènent sans cesse des troupes de renfort, environ seize bataillons, montrant ainsi le prix qu’ils attachent à cette position.

Bois-le-Prêtre  un cimetière

Enfin la dernière attaque se déclenche le 12 mai. Elle livre les blockhaus et, au delà de la crête, les pentes nord. Les Allemands restent encore accrochés sur les pentes est et ouest. Mais le bois est conquis et l’observatoire merveilleux que constitue cette hauteur appartient désormais aux Français.
Au petit cimetière que l’on a établi sur les pentes du coteau, des centaines de héros dorment leur dernier sommeil.
Les pentes de toute la région près de la route ne sont plus que des cimetières et le bois lui-même cache dans son sol des centaines de morts ensevelis par une explosion de mine ou enfoncés dans une tranchée.
Ce bois tragique avait été baptisé par les Allemands «Bois de la mort » ou «Bois des veuves ».
Sortir de Pont-à-Mousson par l’avenue du Président Carnot, traverser le passage à niveau, laisser à gauche la N. 57 qui se dirige vers Nancy en longeant la voie ferrée et continuer par la N. 58 jusqu’à Montauville à 2 km de Pont-à-Mousson. 
Ce village n’a pas été trop endommagé. A l’entrée on aperçoit, à droite, plusieurs grands blockhaus de mitrailleuses en béton.
A Montauville se trouvait le poste de secours le plus proche, installé dans la cave d’une maison démolie. Le premier pansement sommaire se faisait dans la tranchée ou dans la petite cabane du Gros-Chêne. De Montauville, le blessé était transporté en automobile à Pont-à-Mousson. C’était sur la route un continuel défilé d’ambulances, de brancards et d’infirmiers.
Après un tertre, face à l’église de Montauville, descendre à droite une route à angle aigu qui conduit au cimetière du village. Là se trouve une bifurcation. Prendre la route de gauche qui descend pour remonter un peu plus loin dans la direction du Bois le Prêtre. Cette route est mal entretenue; cependant on pourra aller en auto jusqu’à l’entrée du bois, à condition que le sol soit sec.

l'entrée du Bois-le-Prêtre


A 800 m. environ du cimetière, on rencontre une fourche. La route de gauche va vers Fey-en-Haye, prendre celle de droite qui pénètre bientôt dans le Bois le Prêtre (Photo p. 98).
A 1.200 m. environ de la fourche, au bord de la route, à droite, deux tombes : l’une d’un soldat américain, l’autre d’un Français (Photo ci-dessus).
A 300 m. plus loin, dans un ravin à droite de la route, on aperçoit la fontaine et la maison du Père Hilarion. Tout autour sont de nombreuses tranchées, des abris, des organisations variées (Photos ci-dessous et p. 100).
Pendant quelque temps la fontaine du Père Hilarion se trouva comprise entre les deux lignes adverses. Allemands et Français devaient venir y puiser l’eau chaque jour et par une entente tacite chaque belligérant venait à une heure choisie faire sa provision d’eau et, pendant ce temps de répit,
aucun coup de feu ne partait des tranchées.

Maison forestière du Père Hilarion


Continuer la route (en laissant à droite, à 150 m. de la fontaine du Père Hilarion, un chemin qui monte fortement) et pendant 800 m., dans une pente douce, on traverse le secteur du Mouchoir et le secteur de la Croix des Carmes qui formaient les premières lignes franco-allemandes.
Le spectacle est émouvant : arbres détruits, sol retourné par les obus, tranchées effondrées, abris disloqués.
Lorsque la route atteint la crête, se retourner; le spectacle est encore plus tragique; on aperçoit au loin la crête de Mousson qui se détache au-dessus des arbres du Bois le Prêtre, et, à droite, sur un mamelon à 100 m. de la route, l'emplacement de la fameuse Croix des Carmes.

Croix des carmes 


Quand la position fut prise par les Français, des sapeurs du génie arrachèrent pieusement la croix du sol et la transportèrent sur leurs épaules jusqu’au cimetière où reposent dans la vallée les héros de ces combats. Ils la plantèrent et l’entourèrent d’un fragment du fil de fer barbelé qui défendait les tranchées allemandes.

Vue sur la tranchée du Mouchoir

Revenir à Montauville, puis à Pont-à-Mousson par le même chemin.


Le général Lebocq dans le secteur du mouchoir