11/11/2025

Tourisme des champs de bataille 3 - Premières excursions et premiers problèmes

Visite du Bois-le-Prêtre

L’est républicain du 22 juillet 1920.
Ligue de l’enseignement.
Excursion du dimanche 25 juillet : Norroy Bois le Prêtre, Pont-à-Mousson, sous la conduite de Monsieur Denis.
Départ de Nancy 6h24, arrivée à Vandières à 7h34. Visite de Norroy : les carrières, les postes de commandement et autres ouvrages militaires construits par les Allemands durant l’occupation.
Déjeuner tiré des sacs à Norroy. On trouvera de la boisson sur place. 
Dans l’après-midi : le Bois le Prêtre, Croix des Carmes, fontaine maison forestière du père Hilarion, cimetière militaire. Pont-à-Mousson.
Départ de Pont-à-Mousson à 17h46, arrivée à Nancy à 18h40. 
Prendre au départ billet aller retour pour Pont-à-Mousson prix 4 fr. 10. 

Publicité pour les excursions aux champs de bataille

Le Lorrain du 28 août 1920.
Excursions sur le front pendant le séjour à Metz.
Nul touriste ne doit quitter Metz sans profiter de l’occasion qui lui est offert de visiter les points les plus importants du front :
Verdun, les forts de Douaumont et de Vaux, la tranchée des ensevelis, le ravin de la mort, le Bois le Prêtre, Pont-à-Mousson, Nomeny, etc.
À cet effet le garage Autavia à organisé un service d’auto-cars et omnibus très confortables avec départs réguliers les mercredis et dimanche (départ à 7h15 du matin et retour le même jour à 7 h30 du soir).
Tous les jours, départ à volonté avec car spéciaux sur pneumatiques pour 10 à 12 personnes.
Excursions particulières sur tous les points du front et jusqu’au bord du Rhin avec guide.
Conditions modérées. Arrangements spéciaux pour les sociétés.
S’adresser au garage Autavia, 1, rue de l’esplanade à Metz. Téléphone 152.


L’arrivée de touristes dans les zones de front a engendré de nombreux problèmes : 

Les premiers visiteurs des champs de bataille souvent taxés de curiosité morbide se sont retrouvés parmi des pèlerins venus honorer la mémoire d’un parent mort pour la France et des vétérans venus rendre un dernier hommage à leurs camarades de combat. 

Certains n’ont malheureusement pas toujours un comportement respectueux. 


Tous se déplacent dans des villages dévastés où les habitants après leur retour survivent parfois dans des abris de fortune, en attendant la construction de baraques Adrian et la reconstruction de leurs maisons.


Les infrastructures d’accueil sont rares au début même si les sociétés d’excursion et le Touring Club de France multiplient les efforts pour réparer les routes et la signalisation. Ils informent les touristes des services qui leurs sont proposés. 

Les premières agences de tourisme proposent leur aide aux personnes désirant visiter les lieux de mémoire. Le bureau de tourisme Michelin propose des guides et Thomas Cook agence Anglaise prépare l’arrivée massive de ressortissants anglais et américains. 

La compagnie française de tourisme qui regroupe plusieurs acteurs du secteur (compagnies de chemin de fer, agences de tourisme, représentants du thermalisme…) étudie les trajets et vends les billets à prix attractifs. 

 

Malgré le danger, toutes ces personnes circulent au milieu des champs de bataille suivant des sentiers à peine balisés. Ils risquent d’ajouter leur nom à la longue liste des morts de cette guerre à peine terminée. 


Au milieu de ces paysages bouleversés, des démineurs font exploser les munitions trouvées sur les champs de bataille et des prisonniers allemands déblaient les décombres.  



De nombreux corps de soldats disparus restent dans les sols retournés. Il a fallu plusieurs années pour rassembler ces corps dans des nécropoles nationales, facilitant ainsi le recueillement des familles et sécurisant les pèlerinages. 






Le télégramme des Vosges du 9 juillet 1920. 
Une odieuse profanation 

Extrait d’une visite aux champs de bataille de Verdun, par M. Paul Casson dans le « Temps. » : 
« On organise des excursions pour ces champs de bataille. Cela est très bien. Mais les visiteurs ne devraient pas oublier, en parcourant, ces ruines et ce désert, qu’ils se trouvent dans un vaste cimetière, et que les morts qui dorment ont droit au respect et au silence. Non loin du fort de Douaumont, se trouve un endroit qu’on appelle « la Tranchée des Baïonnettes ». C’est un carré d’une vingtaine de mètres de côté, entouré par un réseau de fil de fer rouillé par le temps. Vous voyez là, émergeant du sol bouleversé, des canons de fusil au bout desquels se trouvaient des baïonnette françaises. 
L'histoire vous dira que dans cette tranchée, une trentaine de soldats français luttèrent en désespérés contre des forces considérables allemandes, sans aucun espoir de vaincre, mais résolus à mourir. Ces Français, voyant arriver les ennemis, avaient mis « -baïonnette au canon » pour repousser l’assaut, quand soudain des obus de gros calibre soulevèrent la terre de la tranchée et ensevelirent vivants et debout, les héroïques défenseurs. Mais les fusils et les baïonnettes qu’avant de mourir les défenseur levèrent au-dessus de leur tête étaient les témoins irrécusables de cet acte sublime. Qu’est-il arrivé ? Des excursionnistes, des visiteurs ont enlevé et emporté les baïonnettes. Il ne reste plus que le bout des canons de fusil. Un pareil acte, qui déshonore ceux qui l’on accompli, devrait être sévèrement puni. 
Il n’y a pas longtemps encore, le jour de la commémoration des combats de Verdun, le 23 juin dernier, un Péruvien, faisant partie d’un groupe d’excursionnistes, fumait un gros cigare devant la « Tranchée des Baïonnettes », et une femme demandait à être photographiée au milieu de ces ruines. Un écriteau ne devrait-il pas être placé devant la « Tranchée des Baïonnettes» portant ces mots : 
« Ici, on se découvre et on parle bas ? » 




Tourisme des champs de bataille 2 - Guide Michelin - Le saillant de Saint Mihiel 1914-1918

Bois-le-Prêtre 1919


Guide Michelin - Le saillant de Saint Mihiel 1914-1918 
La visite du champs de bataille en 3 jours.
2ème journée : de Commercy à Metz par Pont-à-Mousson.

VISITE DU BOIS LE PRÊTRE de PONT-A-MOUSSON à la CROIX DES CARMES par MONTAUVILLE, et retour à PONT-A-MOUSSON.
Cette visite conduit le touriste dans les lignes françaises du Bois le Prêtre.
Il en verra le côté allemand au cours de l’itinéraire de Pont-à-Mousson à Metz {pages 104 à 106).




Les combats du Bois le Prêtre.
Le Bois le Prêtre, situé à 372 m. d’altitude, domine tout le sud de la plaine de la Woëvre.
Il fut, d’octobre 1914 à mai 1915, le théâtre d’une lutte sans arrêt, à la suite de laquelle le bois resta aux mains des Français.
C’est en septembre 1914 que les Allemands s’étaient installés dans le Bois le Prêtre, qu’ils avaient aussitôt organisé avec fils de fer, chevaux de frise, etc., etc.
Le 30 septembre 1914, les Français prenaient pied aux lisières sud-ouest de la forêt. Un mois plus tard, le 29 octobre, ils enlevaient un poste allemand au saillant sud-est. Puis leur effort se concentra sur le ravin du Père Hilarion que lentement ils occupèrent après maints combats sous la pluie de novembre et la neige de décembre.
Leurs troupes allèrent par bonds jusqu’à la ligne principale qu’il fallait enlever de vive force. On amena d’abord, de nuit, les canons pour préparer l’attaque; les sapeurs, par de longs et patients travaux de sape, firent sauter les défenses accessoires et entamèrent les blockhaus. Les combattants étaient parfois à moins de 100 m. les uns des autres.
A partir de janvier 1915 l’effort des Français se porte vers la partie ouest, vers le Quart en Réserve et la hauteur de la Croix des Carmes : quatre lignes de tranchées hérissées de mitrailleuses et de défenses arrêtent tout élan. Il faut prendre le terrain lambeau par lambeau, 100 m. par 100 m. et souvent une contre-attaque fait reperdre le soir le gain de plusieurs jours de travail.
La première ligne est enlevée le 17 janvier, la seconde, le 16 février. Mais alors les torpilles aériennes et les grenades à main interviennent et ralentissent les progrès. La troisième ligne est prise le 30 mars. Attaques et contre-attaques se succèdent. On se bat dans les boyaux, derrière les barrages, à coups de grenades, et les deux artilleries couvrent cet étroit espace de terrain de projectiles qui ébrèchent les parapets et comblent les boyaux. Les Allemands qui ont subi des pertes élevées amènent sans cesse des troupes de renfort, environ seize bataillons, montrant ainsi le prix qu’ils attachent à cette position.

Bois-le-Prêtre  un cimetière

Enfin la dernière attaque se déclenche le 12 mai. Elle livre les blockhaus et, au delà de la crête, les pentes nord. Les Allemands restent encore accrochés sur les pentes est et ouest. Mais le bois est conquis et l’observatoire merveilleux que constitue cette hauteur appartient désormais aux Français.
Au petit cimetière que l’on a établi sur les pentes du coteau, des centaines de héros dorment leur dernier sommeil.
Les pentes de toute la région près de la route ne sont plus que des cimetières et le bois lui-même cache dans son sol des centaines de morts ensevelis par une explosion de mine ou enfoncés dans une tranchée.
Ce bois tragique avait été baptisé par les Allemands «Bois de la mort » ou «Bois des veuves ».
Sortir de Pont-à-Mousson par l’avenue du Président Carnot, traverser le passage à niveau, laisser à gauche la N. 57 qui se dirige vers Nancy en longeant la voie ferrée et continuer par la N. 58 jusqu’à Montauville à 2 km de Pont-à-Mousson. 
Ce village n’a pas été trop endommagé. A l’entrée on aperçoit, à droite, plusieurs grands blockhaus de mitrailleuses en béton.
A Montauville se trouvait le poste de secours le plus proche, installé dans la cave d’une maison démolie. Le premier pansement sommaire se faisait dans la tranchée ou dans la petite cabane du Gros-Chêne. De Montauville, le blessé était transporté en automobile à Pont-à-Mousson. C’était sur la route un continuel défilé d’ambulances, de brancards et d’infirmiers.
Après un tertre, face à l’église de Montauville, descendre à droite une route à angle aigu qui conduit au cimetière du village. Là se trouve une bifurcation. Prendre la route de gauche qui descend pour remonter un peu plus loin dans la direction du Bois le Prêtre. Cette route est mal entretenue; cependant on pourra aller en auto jusqu’à l’entrée du bois, à condition que le sol soit sec.

l'entrée du Bois-le-Prêtre


A 800 m. environ du cimetière, on rencontre une fourche. La route de gauche va vers Fey-en-Haye, prendre celle de droite qui pénètre bientôt dans le Bois le Prêtre (Photo p. 98).
A 1.200 m. environ de la fourche, au bord de la route, à droite, deux tombes : l’une d’un soldat américain, l’autre d’un Français (Photo ci-dessus).
A 300 m. plus loin, dans un ravin à droite de la route, on aperçoit la fontaine et la maison du Père Hilarion. Tout autour sont de nombreuses tranchées, des abris, des organisations variées (Photos ci-dessous et p. 100).
Pendant quelque temps la fontaine du Père Hilarion se trouva comprise entre les deux lignes adverses. Allemands et Français devaient venir y puiser l’eau chaque jour et par une entente tacite chaque belligérant venait à une heure choisie faire sa provision d’eau et, pendant ce temps de répit,
aucun coup de feu ne partait des tranchées.

Maison forestière du Père Hilarion


Continuer la route (en laissant à droite, à 150 m. de la fontaine du Père Hilarion, un chemin qui monte fortement) et pendant 800 m., dans une pente douce, on traverse le secteur du Mouchoir et le secteur de la Croix des Carmes qui formaient les premières lignes franco-allemandes.
Le spectacle est émouvant : arbres détruits, sol retourné par les obus, tranchées effondrées, abris disloqués.
Lorsque la route atteint la crête, se retourner; le spectacle est encore plus tragique; on aperçoit au loin la crête de Mousson qui se détache au-dessus des arbres du Bois le Prêtre, et, à droite, sur un mamelon à 100 m. de la route, l'emplacement de la fameuse Croix des Carmes.

Croix des carmes 


Quand la position fut prise par les Français, des sapeurs du génie arrachèrent pieusement la croix du sol et la transportèrent sur leurs épaules jusqu’au cimetière où reposent dans la vallée les héros de ces combats. Ils la plantèrent et l’entourèrent d’un fragment du fil de fer barbelé qui défendait les tranchées allemandes.

Vue sur la tranchée du Mouchoir

Revenir à Montauville, puis à Pont-à-Mousson par le même chemin.


Le général Lebocq dans le secteur du mouchoir











Tourisme des champs de bataille 1 - Guide Michelin - Le saillant de Saint Mihiel 1914-1918


Bois-le-Prêtre 2éme ligne "boche"

Guide Michelin - Le saillant de Saint Mihiel 1914-1918 
La visite du champs de bataille en 3 jours.
2ème journée : de Commercy à Metz par Pont-à-Mousson.




Thiaucourt est situé dans un amphithéâtre à 215 m. d’altitude au cœur d’une boucle que dessine le Rupt-de-Mad. Un grand nombre de maisons sont détruites, particulièrement au bord du Rupt de Mad.

Thiaucourt un pont sur le Rupt de Mad


Thiaucourt fut un centre de repos à l’arrière des lignes allemandes. De nombreux baraquements furent édifiés au bord du Rupt-de-Mad, il en reste de nombreux vestiges.
Après avoir traversé le Rupt-de-Mad clans Thiaucourt, continuer la rue qui fait suite au pont et qui monte jusqu’au bout de la ville ; on prendra, à droite, vers les dernières maisons, la route de Jaulny (I. C. 13).
Traverser de nouveau le Rupt-de-Mad à l’entrée de Jaulny. Prendre à gauche, le long de la rivière, la route qui traverse le village dont nombre de maisons ont été détériorées par les obus.
A la sortie, à droite, est un important cimetière allemand.
La route, dans une jolie vallée, longe le Rupt-de-Mad, passe près de la gare ; puis, en raison de l’état de la route bouleversée par l’incendie d’un train allemand de munitions, une route nouvelle permet, en traversant la rivière, d’aller rejoindre sur la rive gauche le village de Rembercourt (pont sauté, nombreuses maisons détruites).
On rejoint alors l’I. C. 13 qui longera jusqu’à la Moselle le Rupt-De-Mad. Cette route est extrêmement pittoresque. On laisse à droite Villecey-Sur-Mad, qui a reçu quelques obus, pour se diriger vers Onville. A 300 m. avant ce village, à gauche de l’I. C. 13, est un important cimetière allemand. Le village, qui a reçu quelques obus, possède une belle église.
Vandelainville, qui fait suite à Onville, a quelques maisons atteintes par les bombardements.
Puis, par les villages de Bayonville et d’Arnaville, on arrive à la N. 52 bis, qui longe la rive gauche de la Moselle et que l’on prend à droite, dans la direction de Pagny-sur-Moselle.

Pagny-sur-Moselle dont la gare était avant guerre la dernière station sur la ligne de Metz

Ce village, appelé aussi Pagny-sous-Prény, du nom du hameau et du château qui dominent la localité, a été pendant quarante-huit ans la dernière gare française avant la frontière et le poste de douane.
Le château de Prény, dont on aperçoit les ruines, était l’un des plus célèbres châteaux du moyen âge. Bâti par les ducs de Lorraine, il avait été démantelé par Richelieu. Il se composait d’un carré flanqué de hautes et fortes tours, liées entre elles par des murailles et des galeries souterraines creusées dans le roc. À l’une des extrémités s’élevait un second édifice, lui aussi entouré de fossés et flanqué de tours, dans l’une desquelles se trouvait la fameuse cloche Mande-Guerre.Là se dressait le donjon avec la chapelle et les appartements.
Pagny a beaucoup souffert, la plupart des maisons sont détruites.
La route fait dans la vallée un crochet à gauche, puis, après l’église, que l’on laisse à droite, tourne à droite.
A la sortie de Pagny-sur-Moselle, les Allemands avaient construit un barrage en béton sur la route, destiné à arrêter les tanks.
A 500 m. environ de Pagny, près du pont sur le ruisseau du Moulon, à droite se dresse un blockhaus de mitrailleuses, en béton.
La N. 52 bis passe ensuite à Vandières, qui fut incendié par les Allemands dans leur retraite du 16 septembre. Toutes les maisons qui bordent la route, et en particulier celles de gauche, sont détruites.

Vandières rue de Pagny-sur-Moselle

Et enfin, 5 km. plus loin, après avoir traversé la voie ferrée, on pénètre dans Pont-à-Mousson par la rue du Port, la rue Saint-Laurent et l’on arrive à la grand’place ou place Duroc. 



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Ce jour là, Il y a 107 ans

Monument aux morts de Vandières 



Nos ancêtres honoraient celles et ceux qui, pendant 4 ans ont donné leur jeunesse, leur courage et leur vie pour défendre notre pays. 
En ce 11 novembre, jour de mémoire et de souvenir,  j’ai voulu rappeler leurs noms en détaillant  sur une carte les lieux de décès des combattants figurant sur le monument aux morts. 


La Grande Guerre a marqué nos terres et nos familles de blessures profondes, mais aussi d’un héritage de bravoure et de solidarité. Derrière chaque nom gravé sur un monument, il y a une histoire, une vie interrompue, un sacrifice qui nous oblige à ne jamais oublier.

Leur mémoire vit à travers nous, et leur message résonne encore : la paix est précieuse, et elle se construit chaque jour.

En nous souvenant, nous affirmons notre volonté de transmettre aux générations futures le respect de la liberté, de la fraternité et de la dignité humaine.

J’ai compilé toutes les informations concernant les combattants morts pour la France dans un tableau que je mets à la disposition de tous. 

Les deux premiers sont tombés lors de la bataille de Morhange, le 19 août 1914. ( voir les disparus de Morhange publié le 1er novembre 2024 sur ce blog)

Le troisième est Alfred Auguste Ardaillon, sergent du 2ème régiment de tirailleurs algériens, parti d’Oran le 5 août et tué a l’ennemi le 24 août 1914 à Florennes ( Belgique). Je suis en relation avec un descendant de la famille Ardaillon en vue de l’écriture d’un article pour Nos Villages Lorrains. 

Le quatrième est Marie Lucien Fernand Belin, chef de bataillon, est tué le 25 août 1914 à la tête de ses hommes dans le bois de Crévic (Voir NVL Nº167).


42 autres combattants tomberont sur les champs de bataille ou dans les hôpitaux, victimes de ces orages de métaux ou de gaz.

N’oublions pas ceux qui sont venus de toute la France pour défendre notre village lors des premiers jours du conflit et les centaines de soldats de l’American Expeditionary Force qui ont dévalé la côte de Norroy sous le feu de l’ennemi le 15 septembre 1918.














08/11/2025

Foudre au château





Le Messin du 11 août 1899. 

Lundi, vers sept heures du soir, après quelques gouttes d’eau, un orage éclata.
Au premier coup de tonnerre, la foudre tomba dans la cour de M. Fisher, cultivateur, sans faire de dégâts. Le fils de la maison et un domestique, qui se trouvaient dans l’écurie des chevaux, furent projetés à terre. Puis le fluide pénétra chez le voisin, au château de M. Morel, par la cuisine, où se trouvaient deux bonnes.
Celles-ci ont ressenti de fortes commotion sans conséquence, mais la vaisselle a été complètement brisée. Enfin l’immeuble a été lézardé en plusieurs endroits.
Un commencement d’incendie, dû à la foudre, s’est même déclaré sous un hangar où avait été déposé du fourrage. Grâce au secours immédiatement portés, il a été rapidement éteint.
Les dégâts sont insignifiants. Ceux constatés dans l’immeuble sont plus sérieux.



Jean Nicolas Fischer est né le 29 janvier 1848 à Contern, province néerlandaise (aujourd’hui Grand Duché du Luxembourg). 

Il se marie le 24 mai 1871 à Vandières avec Marie Guichard, née à Vandières en 1846. 


La famille habite la ferme à l’entrée du château, rue Magot, depuis leur mariage. 

Le couple a quatre enfants :

-Albert (1872 à Vandières -1945 à Jaulny)

Cultivateur. Maire de Jaulny. 


-Adolphe (1874 à Vandières -1939 au Mans) 

Militaire de carrière. Chevalier de la légion d’honneur. 


-Jeanne Marie Catherine (1881 à Vandières -1948 à Escaudoeuvres)

Mariée en 1903 avec François Auguste Lalfer, employé à la compagnie de chemin de fer de l’est. 


-Lucien (1883 à Vandières -1916 à Estrées-Deniécourt) 

Sous lieutenant au 319ème régiment d’infanterie, mort pour la France lors de la bataille de la Somme. 


Jean Nicolas meurt à Vandières le 9 février 1908 à l’âge de 60 ans. 

Il était veuf depuis 1906. 











01/11/2025

Escarmouche au bord de la moselle



Dans le journal de l’abbé Mamias, prêtre de Vandières en date du dimanche 16 août 1914, on peut lire : "Encore une victime ! Un réserviste nommé Bach de Pont à Mousson a été probablement tué dans une reconnaissance près de la Moselle, un autre chasseur à pied aurait été blessé.

À cette date, les allemands n’occupent pas encore le village et ce sont les chasseurs du 26ème bataillon de chasseurs à pied de Pont-à-Mousson qui défendent le secteur.


Le futur abbé Fernand Camille Pinot, né en 1897 à Vandières (Ordonné en 1924), nous donne quelques renseignements supplémentaires : " Voulant se distinguer par un exploit, des chasseurs à pied s'embarquent dans les roseaux de la moselle et canardent les allemands qui viennent faire boire leurs chevaux. La réplique ne se fait pas attendre et un des nôtres fut tué et l'autre blessé.


Dans le journal des marches et opérations du 26ème BCP pour le dimanche 16 août 1914, on peut lire :

Dernier jour de la mobilisation.  

Tué un chasseur, blessé un caporal et un chasseur.

Une patrouille de la 4ème compagnie, envoyée à Vandières sur la Moselle par le Ravin de Trem, a reçu des coups de fusil partis de l’autre rive. Le chasseur BACH a été tué, le caporal LUTZ blessé légèrement, une autre patrouille dans les mêmes conditions a eu un chasseur blessé sans gravité (CHARDIN). 

Cette patrouille a ouvert le feu sur un groupe d’une dizaine d’allemand où se trouvaient deux officiers. L’un d’eux tomba avec trois ou quatre hommes. L’ennemi occupa par ses avant-postes la croupe au sud d’Arnaville, Champey, le bois de la Côte, Bouxières et Longeville les Cheminot.

La position signal de Vittonville, bois de la Côte est fortifié.



Chasseurs du 26ème BCP en aôut 1914

La première victime est le chasseur Jules BACH né le 11/02/1885 à Morsbach (Moselle), mort pour la France le 16/08/1914 sous Vittonville à l’âge de 29 ans. Son corps repose au carré militaire du cimetière de Pont-à-Mousson. 

La seconde victime est le caporal Lucien Joseph LUTZ né le 19 avril 1889 à Pont-à-Mousson.
Il est marié depuis 1912 avec Anna Pauline Godfroid. 
Cette blessure par balle à la cuisse l’éloigne du champ de bataille jusqu’au 17 septembre 1914.
En  janvier 1915,  il attrape la typhoïde alors qu’il est en voir dans la boue des tranchées du bois Bouchot dans le secteur de Verdun. 
En mai 1916, il échappe de peu à la mort lorsqu’un éclat d’obus déchire sa capote alors qu’il est en première ligne en Champagne lui valant une citation.
En septembre 1916, il est blessé par un éclat d’obus lors des combats de la ferme du bois l’abbé près de Bouchavesnes (Somme)
Il passe au 59 BCP en juin 1918. En août 1918, le régiment est installé à Mont-Notre-Dame (Aisne) le long de la voie ferrée Soissons-Reims. 
Il est évacue le 16 août 1918, intoxiqué par les gaz de combats, 4 ans jour pour jour après sa première blessure. 
Après la victoire, il se retire à Gennevilliers puis à Asnières. Il meurt à Evreux (Eure) en 1957. 

La troisième victime est Émile Joseph François CHARDIN né le 19 mai 1893 à Landremont.
Après cette blessure qui lui vaut trois mois de repos, il rejoint le front où il tombe malade en août 1915 alors que le bataillon se trouve dans la Marne. 
Il est blessé une deuxième fois par balle le 16 avril 1916 lors de la défense de Verdun.  
Il reçoit une citation en janvier 1918 pour sa bravoure et ses 31 mois de présence au front. 
Il est déclaré disparu le 30 mars 1918  lors des combats autour d’Aubvillers (Somme). 
Il a été ramassé sur le champ de bataille par les allemands et meurt de ses blessures le 6 avril à Ham (Somme). Son corps repose à la nécropole nationale d’Hattencourt. 










25/10/2025

La grande inondation de 1947

 

Nancy gare Saint Georges inondée 

L'éclair de l'est du 5 janvier 1948.

Certains voyageurs se sont ému, à tort, semble-t-il des perturbations apportées dans le trafic 

ferroviaire par les inondations. Quand on sait les magnifiques efforts du personnel de la S.N.C.F., 

après la libération, la rénovation presque complète, des réseaux, le rétablissement rapide des ouvrages 

d’art, on est enclin à ne pas porter trop rapidement de critiques. 

C’est pourquoi nous avons demandé à M, l'inspecteur principal du 3ème arrondissement de vouloir bien 

mettre la question au point à l’intention de nos lecteurs. 


Incidence générale 


Les voies ferrées traversant Nancy ou y trouvant leur origine ont toutes été plus ou moins touchées par la crue. Mais les premiers effets de l’inondation se firent sentir sur le parcours Nancy-Mirecourt, aux environs de Ceintrey, Clérey, puis Pierreville et Xeuilley, par suite de la proximité du Madon. 

Néanmoins, la circulation fut maintenue entre Nancy et Neuves-Maisons d’une part et Vézelise et Mirecourt d'autre part. 

La ligne Paris-Strasbourg, baptisée autrefois ligne P-A. subit, elle aussi, des interruptions. A Frouard, l’eau atteignait 1m50 au-dessus des rails. Le 30 décembre, les voies principales étaient submergées entre Toul et Frouard, à proximité de Fontenoy. 

Sur le parcours Nancy-Metz, les voies étaient coupées sur une longueur de 300 mètres, entre Marbache et Belleville. La gare de Pont- à-Mousson était atteinte également et la voie était interrompue à plusieurs endroits aux environs de Vandières. 

Soulignons enfin des coupures sur les parcours Nancy-Nomeny et Champigneulles - Château-Salins.


A la gare de Nancy-Saint-Georges 


La gare de marchandises de Nancy-Saint-Georges fut évidemment recouverte assez longtemps. Ici, le problème prenait une tournure plus critique, en raison des nombreux wagons de marchandises garés sur les voies, ou en attente de déchargement. Dès le début de la crue, la S.N.C.F. prit ses dispositions pour évacuer son matériel et les marchandises sur Nancy-Ville. L’opération réussit, non sans quelques difficultés. 

Dans l’après-midi du 20 décembre, l’évacuation était réalisée et le trafic des marchandises s’opérait presque normalement a Nancy-Saint-Jean. Mais les voies ont subi des dommages assez conséquents. Elles sont sauvent encombrées par des grumes ou des matériaux divers et à l'heure où nous écrivons ces lignes, la liaison n’est pas encore assurée vers Jarville et Champigneulles. 



Les cheminots à l’ouvrage 


Dès que l’eau se fut retirée, dégageant tes voies, le personnel de la S.N.C.F. se mit à l’ouvrage. Il s'agissait de déblayer le ballast, de le consolider aux endroits dangereux. Il fallait également réparer et vérifier complètement l’installation électrique des appareils de signalisation qui ont subi des dommages fort importants. 

Et la S.N.C.F. peut se vanter d’avoir à la date d’aujourd’hui, rétabli le trafic, dans des conditions à peu près normales. 

Enumérons succinctement les parcours remis en service : 


Ligne Nancy - Paris : Trafic rétabli complètement après avoir emprunte une déviation sur Sarrebourg, Metz et Lérouville.  

Ligne Nancy - Metz : trafic complètement assuré. A subi la même déviation que le précédent. 

Ligne Nancy - Mirecourt . le trafic a été rétabli normalement dès le 30 décembre. 

Les lignes secondaires vers Nomeny et Château-Salins seront remises en service aujourd’hui. 


En terminant, M. l’inspecteur principal a bien voulu nous faire part de la satisfaction qu’il a éprouvée à constater combien le personnel de la S.N.C.F. avait pris sa tâche à coeur. 

Partout, dans toutes les circonstances, gradés et employés ont donné le meilleur d’eux mêmes, parfois au prix de lourds sacrifices. Cette abnégation, cet esprit du devoir nous l’attendions des cheminots ! 

Qu’il soient remerciés.